Mais comment ? COMMENT ai-je pu passer à côté de ces deux folkeux, sages mais pas trop, qui se sont un jour psychés d'élique ? (1)


Je ne me souviens même plus de quand c'était, la dernière fois où j'ai pris une claque musicale pareille. J'ai beau me raccrocher pitoyablement au tambourin de "I'll get around to it", calqué sur celui de "I've got to hide your love away", rien, RIEN de ce que j'entends dans ce CD ne me rappelle de près ou de loin un autre groupe ou une autre production de l'époque, et j'en connais quelques-unes.


J'ai beau concéder que le long collage expérimental "Fall" peut être considéré comme du grand n'importe quoi et aurait avantageusement été remplacé par cet adorable "Cautionary tale" d'1'36 qui figure dans les bonus, je ne peux rien au fait que "Rest in peace", le premier morceau, vaut à lui seul l'achat de l'album et déploie une telle dentellière complexité qu'il ne livrera pas tous ses secrets à la vingtième, trentième écoute, même sous la torture.


Oui, j'ai été ensorcelé au dépourvu par ces harmonies lisses et aériennes flottant sur ces mélodies à la fois fortes et ouvragées, mariant l'acidité du sitar à la douceur de la flûte, par ces arrangements sages et symphoniques (ou antiphoniques) sur une base qui reste pourtant lointainement folk. J'ai été soufflé par l'audace de cette suite presque entièrement instrumentale, déjà une suite c'était pas courant à l'époque, et par ces chansons qui sont toutes des tubes en puissance mais ont volontairement sabordé leur évidence par pure exigence de beauté.


Good morning little schoolboys, je ne comprends que trop bien pourquoi vous n'avez pas été compris, même en 1967. Heureusement que vous avez malgré tout pu persévérer avec "The Ark" (que je n'ose qualifier de follow-up, mais c'en est un). Hélas, si j'en crois votre discographie, vous n'avez guère pu aller plus loin. Mais il se trouvera longtemps des gens pour chanter vos louanges, and guys, I know I'm one.


Critique écrite dans la fièvre d'un samedi soir qui ne doit rien à John Travolta, et donc susceptible d'être éditée pour mieux transmettre à quel point "Of Cabbages and Kings" et "The Ark" méritent d'être écoutés et peut-être découverts.


(1) EDIT : En tout cas je sais COMMENT cette monstrueuse omission a été réparée. Par Saint-John Poivrot d'Arvor, un de ces chevaliers de Tastevin au palais infaillible. Vous n'aimerez peut-être pas les mêmes crus que lui, mais vous ne pourrez jamais le contourner en matière d'oenologie. Ecoutez Saint-John Poivrot d'Arvor, bande de misérables, et tremblez car la fin de vos certitudes est proche !


EDIT 2 : Elle commence vraiment à ressembler au collage de Chad & Jeremy cette critique....

OrangeApple
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le 29 oct. 2016

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