Six longues années se sont écoulées sans avoir de nouvelles de mes ménestrels favoris. C'est alors qu'ils vinrent un soir sans crier gare, frapper à ma chaumière et m'inviter à les rejoindre pour une nouvelle festoierie sylvestre. Les 2 compères n'étaient cependant plus seuls mais entourés des cornemuses d'amis Italiens, le "Barbarian Pipe Band". Alors que nous nous dirigeons vers les bois et que la joyeuse compagnie fait résonner ses premières notes, je remarque que leurs orchestrations n'avaient jamais été aussi riches et fouillées. Le son qui me parvient est de plus vraiment limpide, clair et chaleureux. Ils ont une multitude d'instruments mais chacun trouve sa place. Guimbarde, bouzouki, flûtes, mandolines, vielles et autres tissent des mélodies entêtantes et d'un autre temps. L'ambiance est festive et nous dansons sur les paroles nous enjoignant à boire et festoyer. Les préparatifs du banquet se mettent en place, la voix des troubadours est puissante et assurée, bien plus que par le passé, et nous plonge encore d'avantage dans leur univers magique. Le banquet est enfin prêt. Le vin coule à flot, les plats dansent. "Buvons!" nous crie la troupe, ce que je fais de bon cœur. "In Taberna" résonne et je remarque que l'atmosphère se fait plus solennelle mais comme je pénètre à leur suite plus profond dans cette "forêt d'outre tombe", tout se fait bien plus sombre. Les chants se transforment en incantations, appelant les esprits magiques des bois à se mêler à la fête. L'ivresse nous rend quelque peu mélancolique et les ménestrels jouent alors une ode intimiste aux muses de la nuit. Il leur faut cependant peu de temps avant de reprendre le chemin de la festoierie, aux sons de "Mascaria", chanson qui élève les menhirs autour de nous. La nuit est déjà bien avancée et tout est prêt pour accueillir les dieux Bacchus et Pan. Sorcières, vierges, satyres et autres compagnons de sabbat se réunissent autour de la table pour boire à leur gloire, faisant émaner de tout ce monde une force sombre poussant à la débauche orgiaque. Toute la faune magique de la forêt s'invite à faire bombance. Des femmes sacrifient leur virginité aux Chèvre-Pieds sur un autel de pierre tandis que d'autres dansent une ronde avec le petit peuple autour d'un feu de joie, toujours portés dans les effluves de la boisson des dieux. Alors que l'aube se lève et que le banquet a pris fin depuis bien longtemps sur des chœurs flous et tristes, je me réveille au milieu d'une clairière. Les stèles de pierre ont disparues ainsi que les musiciens et tout le bestiaire surnaturel. Avais-je rêvé tout cela à cause de mon ivresse ? Une chose est sûre, je n'oublierai pas cette nuit de sabbat.
nokturnus
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le 25 déc. 2011

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