Tellement de choses en France ne valent pas un clou. Mais il y a Michel...

"Une histoire, mon histoire, universelle banale. Mon histoire, notre histoire, dans le creux de ton oreille, ce n'est pas rien."

Plus le temps passe et plus je suis persuadé que Diabologum restera à tout jamais le plus grand groupe de l'histoire du rock hexagonal et que ses deux leaders étaient et restent de purs génies.

Arnaud Michniak, et sa folie Programme, a selon moi signé avec "Mon cerveau dans ma bouche" (1) un des albums les plus incroyables et majeurs de l'histoire de la musique française.

Un peu moins enragé et engagé, à peine plus sage et moins dépressif, Michel Cloup a lui poursuivi sa route avec le si bien-nommé collectif Expérience, avec à la clé quelques productions formidables, en particulier le grandiose "Aujourd'hui, maintenant" (2).

Depuis 2011, il se décline en duo, avec le batteur Patrice Cartier, et continue à explorer des paysages musicaux inconnus et fascinants. Au même titre que son copain Michniak, Michel Cloup va à la rencontre de genres ignorés par les frenchies, probablement parce qu'ils représentent ce qu'il y a de plus redoutable à aborder.

En effet le slow-core, sorte de sous-genre du post-rock, mélangé à un blues électrisé, réclame de la part de son auteur, et de l'auditeur (mais j'y reviendrai un peu plus tard) un sans-faute pour ne pas sombrer dans la fumisterie. Ici on touche justement ce qui se fait de plus fort dans le genre : des textes d'une puissance phénoménale, une voix sans artifice, et deux instruments dans leur jus, la batterie de Cartier et la guitare électrique de Cloup. Parlons-en de cette guitare : si votre cœur n'a pas explosé sous les coups de boutoir de la poésie des mots, les cordes, véritables cris de douleur au milieu d'une nuit d'orage, s'en chargeront.

D'où l'importance accordée ici à la durée, deux morceaux dépassant les 11 minutes, afin de travailler en profondeur l'oreille mais surtout le cerveau et l'organe censé battre en chacun d'entre nous de celui qui reçoit la gifle musicale.

Venons-en donc à vous, à nous, les réceptacles. Tout comme avec Diabologum, Programme et Expérience, le travail de Cloup oblige l'auditeur à ne pas se poser en simple consommateur distrait mais en acteur, ou plutôt devrais-je dire en humain, avec toute sa sensibilité. "Notre silence" ne se picore pas, il se vit dans sa durée. Pour en ressentir la puissance, il convient de s'y donner pleinement pendant un peu plus de 40 minutes, sans interruption. Et point essentiel : n'écoutez pas Cloup en MP3 pourri * sur votre ordi. Casque sur les oreilles, potard joliment tourné vers la droite, et c'est parti pour un voyage dont vous ne sortirez pas indemnes.

Sublime, puissant, bouleversant...

"Je ne sais plus si c'est toi qui es partie ou si c'est moi qui suis resté."

(1) http://www.senscritique.com/album/Mon_cerveau_dans_ma_bouche/critique/12180033

(2) http://www.senscritique.com/album/Aujourd_hui_maintenant_LP/6131920

* C'est pour cette raison qu'exceptionnellement je ne donne aucun lien YouTube ou autres. Sauf celui-ci, afin de rencontrer le personnage : http://youtu.be/lyyQGfo6nr8

A noter qu'en juin dernier, un nouveau single, renversant, est sorti : http://www.senscritique.com/album/J_ai_peur_de_nous_Single/10453882
takeshi29

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