Il y a quelques années, au détour d'un documentaire qui leur était consacré, Rammstein expliquait que la martialité de leur musique était dû à leur origine germanique et leur tradition musicale n'était pas la soul mais la marche militaire. Certains ont (encore) manqué une occasion de se taire. Boney M ne sont-ils pas allemands ? Et Lou Bega ? Et Patrice ? A cette liste - où il n'y a pas que du bon, c'est le moins que l'on puisse dire - pourrait s'ajouter Mardi Gras BB qui depuis de nombreux albums, démontre que le rythm'n blues et la soul peuvent venir d'Allemagne sans appauvrir le genre. En écoutant, le nouvel opus My Private hadron, on a souvent l'impression de tomber sur un album de l'époque dorée de la Tamla Motown jouée par une fanfare dans un esprit rock. Le raccourci est forcément réducteur mais le groupe de Mainheim, comme une fusée à plusieurs étages, fait une musique qui découle de la découverte du punk, de l'apport plus tardif des cuivres et in fine, de la découverte que la Black music américaine était pour eux la culture essentielle pour toucher les coeurs. Les cuivres ne sont plus seulement là pour donner du coffre aux mélodies mais se retrouvent au centre de la composition, sans que pourtant le bordel soit de mise (message pour toutes les tenants de l'esprit fanfare rock français : "prenez en de la graine").
Aussi efficaces que les ritournelles rythm' n blues pop de la Tamla Motown, aussi touchant que la soul de Stax (Otis Redding), les Allemands réconcilient les deux labels. Ils s'essayent avec d'autres bonheur nous invitant à suivre la cortège d'un enterrement black de la Nouvelle-Orléans (The Hunchback ). Mardi Gras BB est aussi un groupe Specials aussi, intégrant facilement - et c'est là une nouveauté dans la musique des Allemands - dans une touche reggae/Ska comme le groupe de Terry Hall en son temps (Cold Messiah). Quand à The Bleeder, il rend encore plus bluesy un titre californien à la Randy Newman. Sur tout son album qu'elle que soit l'humeur distillée, Mardi Grass BB ajoute toujours une autre touche personnelle de bateleurs un peu anars qui en fera un groupe aussi OVNI que dEUS. D'ailleurs comme pour mieux nous prouver qu'ils ont quelques soucoupes volantes dans la tête, ils utilisent avec plaisir ce que l'on croirait être des claviers ectoplasmiques et un theremin qui fait des "yous yous SF" derrière les cuivres ; renseignement pris, ces sons bizarres sont bel et bien joués par des instruments à vents preuve ultime que ces Teutons là sont aussi inventifs qu'amateurs de plaisirs naturels. My private Hadron est sans doute moins abouti que le précédent The exile itch mais mérite déjà qu'on s'y attarde. Histoire de faire mentir ces baudruches de Rammstein.