Commençons par afficher un sentiment à l'emporte-pièce : ce deuxième album d'Avril est hallucinant ! Etonnant de donner un avis épidermique pour un artiste aussi cérébral. On avait appris à connaître ce génie torturé et complexe avec That horse must be starving mais on ne l'imaginait pas sur ce terrain. Il est vrai que l'on retrouve intact l'univers spécifique de l'artiste avec des instrumentaux toujours aussi riches : des symphonies sombres crées par un seul homme sans néoclassicisme aucun et avec des recherches sonores inédites (Urban serenade, Eve, Roofless). Mais que dire du reste !!! Ce sera-t-il rappelé à quel point il était fan de Depeche Mode et de rock ? Aurait-il eu plus des envies de titres organiques et immédiats ? Est-ce le fruit de son travail avec un vrai groupe, lui le solitaire ? Ou Avril a-t-il pris plus confiance en lui, chantant sur la plupart des titres ? Quoiqu'il en soit, certains titres déménagent totalement à commencer par le single Be yourself qui évoquerait Programme après un stage prolongé chez Laurent Garnier. Avril se transforme littéralement en cyber-punk, en démon cathodique nous surexposant au pouvoir des marques. On le savait friand de sons dissonants et industriels, de collisions sonores mais ici, il redistribue les cartes, se repositionnant plus dans un schéma chanson : dès lors, Room ou Power évoque purement et simplement Trent Reznor. La filiation ne fait plus aucun doute. De même, avec le binaire Can't stand your ex-rock band où Avril se joue des clichés du genre. L'artiste a des envies de crédibilité : tout le monde avait reconnu son génie technique mais derrière se cache un vrai songwriting : d'où cette chanson à la guitare folk avec crépitements de feu de bois (As the music stops). Ou ce titre en français presque Alain Chamfort (avec des chœurs Morricone…il faut quand même pas déconner !). Sur l'étendue de son talent, Avril est au final aussi important que le Gainsbourg de Melody Nelson