Il voulait nous faire un cadeau, Puff Daddy. Nous montrer aussi que derrière le businessman sans pitié, il y a un artiste, qui en son temps était une petite référence. Voilà donc un MMM gratuit à l’occasion des 46 ans de Sean Combs.
Mesdames, messieurs, Diddy a 46 ans en 2015. Voilà pour le coup de vieux. Celui qui a toujours clamé que le Hip Hop n’était pour lui qu’un vecteur économique a mis de l’eau dans son vin. Comme inspiré par le temps qui passe, Mister Combs a décidé de revenir à ses premiers amours. Nous voilà avec un MMM inspiré de l’aveu même de son producteur et interprète par le film Paid In Full, lui aussi plus tout jeune – millésime 2002, tout de même – et prélude au vrai bonbon, No Way Out 2, prévu pour le début de l’année prochaine, si tout se passe bien.
Alors, quand la mixtape se lance, que « Facts » est en pôle position de cette course à la nostalgie, on ne peut qu’admirer. Admirer la proportion de Puff Daddy à faire de la vraie prod’, de la grande, de l’universelle, du bon gros son, dans tout ce que cette association de mot signifie. Une fois la larme à l’œil essuyée, Puff nous emmène façon Atmosphere Airlines à bord d’une croisière qui aura quelques secousses, mais qui sera stable dans son ensemble.
Les jeunes artistes du Hip Hop actuellement surfent souvent sur une vague expérimentale, à la limite de l’ambiant, ou sur des copies certes chaleureuses mais finalement revues du sampling à la sauce 90’s. Mais combien d’entre eux savent créer LE bon son, le grand son, celui qui glisse de la radio à l’iPod ? Finalement peu. Voilà ici l’art des vieux briscards. Sur cette base d’expérience, Sean place quelques inspirations italo-filmiques sur « Harlem », quelques envolées de synthé à la Moroder dans « Help Me ». « Don’t Bother Me, I’m Working » envoie-t-il sur « Workin' » à l’envolée vocale maîtrisée et aux guests intelligents – ici, Travis Scott et Big Sean. Et quand il a fini de travailler, il envoie un bon vieux break old school sur « Uptown ». Roulez jeunesse.
DE L’ART DU LEURRE
Il y aurait vraiment de quoi faire un album studio de MMM qui sonne comme un triple A. De ce « Everyday » chauffé par Jadakiss, Pusha T et Styles P sur fond d’un sample tout droit sortis de Lawrence d’Arabie à « Auction », morceau destiné au lowriders, bain de charisme teintées de cuivres de Big Bang, il y a de quoi se faire plaisir. Pour autant, MMM n’est pas exempt de fausses notes.
Ainsi, le morceau-titre éponyme de l’album est bien décevant alors qu’il aurait du être le porte-étendard de la tape. Il faut dire qu’en invitant Future sur « MMM », Diddy s’attache davantage le marché jeune et Trap du natif d’Atlanta qu’un apporte artistique. Pour un résultat facile et qualitativement douteux, largement en-deçà des capacités de Puff Daddy. Même constat avec « All Or Nothing », qui prend la direction de la seconde option. En même temps, avec French Montana et Wiz Khalifa en sidekick, pas grand chose à attendre.
D’autres morceaux, enfin, sont plus banals. A l’image de « You Could Be My Lover », dont le son passe mal l’épreuve du temps. Au final, c’est presque la présence de Ty Dolla $ign qui sauve le tout. Dans la même veine, « Blow A Check » s’étire en longueur jusqu’aux bâillements, sans être sauvé par l’apport insipide de French Montana. Pire : Harry Fraud confirme sa mauvaise passe avec un « Money Ain’t A Problem » foutoir, peu inspiré et à la production paresseuse. Il n’empêche que malgré quelques titres caduques, MMM reste une production de qualité supérieure, qui prouve que Diddy en a encore sous le pied. Et qu’il pourrait, qui sait, faire exploser les scores pour son prochain No Way Out 2.
COEFFICIENT HYPE : BON
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