Love Songs
6.5
Love Songs

Album de Vanessa Paradis (2013)

Réglons tout d’abord son compte au single : comme « Commando » du temps de Bliss, « Love Song » est un bien joli mensonge, la promesse d’un changement de direction radical, d’un album musicalement intrigant et aux sonorités inhabituelles. Rien de tout cela au final. L’ensemble est bien propret, calme, classique, et l’on s’étonne qu’une si grande variété de nouvelles plumes ne donne pas lieu à des revirements et surprises plus importants. Un mal pour un bien, sans doute, et le signe d’une véritable maturité musicale. Vanessa Paradis cesse définitivement d’emprunter le style de ses auteurs mais les plie à son univers. Sur "Love Songs", des artistes aussi divers que Matthieu Boogaerts, François Villevieille (du groupe Eléphant), Mickaël Furnon (de Mickey 3D) ou encore Johnny Depp (du groupe Disney) sonnent « paradisiaques » et l’on se retrouve avec un bien curieux paradoxe : Vanessa Paradis n’a jamais offert autant de chansons d’un coup, d’autant d’auteurs différents, et n’a pourtant jamais semblé tourner autant en rond. Rares sont en effet les titres qui se distinguent lors d’une première écoute, mais nombreux sont ceux dont on se serait bien passé, tant ils évoquent d’autres chansons sur les disques précédant, voire sur celui du jour. On pense également à Carla Bruni, pour ce côté tranquilou-snobinard-posé-vous-reprendrez-bien-du-thé (et cette improbable chanson en italien qui n’a rien à faire là, « Tu si na cosa grande »).

Cependant, comme perdues au milieu de cet album trop long, surnagent quelques perles. Si l’on devait n’en garder qu’une, le diamant, la chanson capable de justifier à elle seule l’existence de ce disque : « Station Quatre Septembre ». Elle vous paraîtra banale à la première écoute, puis vous ne penserez qu’à elle et la fredonnerez toute la journée, pour enfin vous rendre compte en la réécoutant que vous en êtes éperdument amoureux. Il y a aussi la chanson géniale mais qui correspond peu au ton général de l’album : « Mi amor », signée par le superactif Adrien Gallo, qui risque fort de se rendre incontournable s’il continue à pondre des tubes pour tout le monde, comme il le fait actuellement. Pop, sixties, et addictive après dix petites secondes d’écoute, sa participation est le seul véritable up-tempo de la galette. Les amateurs de mélancolie se tourneront plutôt vers la jolie « Les remparts », « La Chanson des vieux cons » (sœur cachée de « Junior Suite » qui fait son petit effet en live) ou « L’Au-delà », qui alterne subtilement entre douceur et envolées.

En conclusion, un album à l’image de sa pochette, légèrement surchargé, en demi-teinte, avec quelques perles de couleurs par-ci par-là. L’avantage : il est fort possible d’élaguer la chose pour finir avec un très solide album de 10-12 titres. C’est l’heure du tri !
CLaze
5
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le 28 mai 2014

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