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Long Way Home
6.7
Long Way Home

Album de Låpsley (2016)

A seulement 19 ans, la chanteuse et productrice britannique Lapsley peut se venter d'avoir un début de carrière plus que prometteur et ce premier album Long Way Home n'en est que la preuve la plus probante et la preuve de l'évolution d'une artiste qui au fil de ses différents projets a su y insuffler des idées nouvelles tout en gardant sa patte caractéristique.


Une carrière qui on peut dire a commencé en 2014 lorsqu'elle remporte le prix 'One to Watch' aux GIT Awards, qui récompense et soutient des artistes de moins de 18 ans. C'est alors que dans la foulée on la retrouvait sur la scène des artistes émergents sélectionnés par la BBC au Glastonbury Festival, pendant que Monday, son premier EP auto­produit et enregistré dans sa chambre d'étudiante, était écouté plus de 500 000 fois sur Soundcloud.


Et pour finir l'année 2014 en beauté, Lapsley signera avec l'excellent label britannique XL Recordings en octobre, de quoi accélérer sa carrière et lui permettre d'être dans la même maison de disque que des artistes exceptionnels comme Radiohead, M.I.A, Jamie XX, FKA Twigs ou même Sigur Ros. Et c'est sous l'étiquette XL qu'elle sortira son deuxième EP, le bien nommé Understudy, début 2015 et l'album qui nous intéresse aujourd'hui, Long Way Home.


Il est d'ailleurs intéressant de voir que Lapsley, âgée de seulement 19 ans, fait penser à une autre artiste du label XL, elle aussi britannique, et aujourd'hui une des plus grandes vendeuses de disques au monde, qui avait aussi commencé à cet âge avec son premier album appelé tout simplement 19 ; je veux bien sûr parler d'Adele.


Et ce n'est pas tant par leur physique, mais plus par la voix à la fois puissante et grave de Lapsley, semblable aux intonations d'Adele, et aussi par leur force de caractère dans la manière qu'elles ont d'aborder les différents sujets de leurs chansons.


Car à première vue, en voyant la pochette de l'album, on pourrait penser de Lapsley qu'elle est une autre chanteuse pop propre sur elle, alors que Long Way Home est, au contraire, parcouru de chansons sur les déceptions amoureuses, la souffrance, la tristesse, et les relations qui finissent mal.


Lapsley va prendre à bras le corps ces histoires sentimentales, et ne jamais vraiment tomber dans le pathos. Comme dans le très bon titre « Hurt Me » où elle va demander à son homme de la faire souffrir encore plus si c'est vraiment ce qu'il souhaite faire afin qu'il n'y est plus de doutes sur leur situation. Ou encore avec « Heartless » où elle dit carrément que voir son copain avec une autre lui fait du mal mais la rend aussi sans cœur, au lieu de se lamenter sur son sort.


Il y a donc une certaine maturité dans les chansons de Lapsley, à la fois dans l'écriture, et la façon dont elle va chanter sa peine, sans que cela ne devienne trop pesant ou ennuyeux. Grâce aussi à des arrangements musicaux qui certes expriment bien la solitude et la douleur de Lapsley, mais qui arrivent bien à épouser son chant et ses paroles, ce qui crée des moments beaux et touchants plutôt que larmoyants.


Composée majoritairement de pianos et de synthés, avec un certain goût pour l'électro, la musique de Lapsley fait parfois penser à une version féminine de James Blake, avec cette manière de jouer avec les intonations, et de mélanger des sonorités plus cristallines avec d'autres plus électroniques.


L'écoute des deux premiers EPs de Lapsley est intéressante car elle permet de déceler les affinités et les influences de ses débuts jusqu'à sa signature avec XL Recordings. Ainsi, Monday, était très porté sur l'ambient et la house, avec un morceau comme « Pick Me Up » par exemple. Tandis que Understudy a vu Lapsley commencer à véritablement chanter et à proposer des arrangements au piano avec un morceau comme « Falling Short », tout en gardant une influence de l'électro.


Long Way Home est à cette frontière entre l'amour de Lapsley pour l'électro, la house, l'ambient, et entre son chant avec les harmonies du piano et des cordes. Ce qui donne 12 morceaux puissants et dansants, et d'autres plus calmes et lents, comme avec « Falling Short », « Painter » ou « Station » qui étaient déjà sortis il y a quelques années.


Long Way Home a alors permis à Lapsley de proposer ses morceaux les plus puissants, à commencer par « Love Is Blind » qui même s'il porte un nom assez cliché, est un morceau qui permet de vérifier la portée de la voix de Lapsley et l'harmonie entre sonorités électro, synthé, piano et même les cordes avec une harpe. Tout comme un morceau comme « Hurt Me » permet de profiter de la voix claire et assurée de Lapsley, accompagnée de puissantes mélodies.


On y retrouve aussi des voix pitchées et modifiées, une chose qu'elle utilise depuis ses débuts, et superbement utilisé sur le génial « Tell Me the Truth », assurément le meilleur morceau de l'album avec un refrain très efficace et addictif. Et surtout où Lapsley sample sa voix, et l'arrange jusqu'à ce qu'elle se transforme en voix d'homme, et qui couplée à sa voix normale, donne l'impression qu'elle se répond à elle­même ou plutôt à un alter­égo.


Le morceau « Cliff » permet lui aussi de voir les variations que Lapsley aime opérer sur sa voix, qui, mélangées aux sonorités house et électro du morceau, et aux paroles répétées en boucle, servent à réellement montrer la patte de Lapsley et à se différencier encore plus.


Surtout qu'elle sait aussi sortir un temps de ces influences pour piocher dans d'autres références, comme avec « Operator (He Doesn't Call Me) », où elle flirte très bien avec la disco, le gospel, voire la soul, pour un résultat dansant, groovy et très efficace ; avec ces choeurs, et la ligne de basse généreuse et les pianos chaleureux.


On se retrouve donc avec des morceaux puissants et maîtrisés, mais qui du coup marquent un peu l'écart avec les autres titres plus tranquilles, qui même s'ils ne sont pas mauvais comme « Seven Months » avec ses percussions et sa guitare électrique discrète, ou « Silverlake » avec son atmosphère mélancolique et sa ligne de basse, paraissent un peu en deçà du reste de la tracklist.


Un effet qu'on avait pu retrouvé durant l'écoute de Be Sensational, l'album de Jeanne Added, où elle semblait meilleure dans ses morceaux punchys plutôt que lorsqu'elle s'essayait à des titres plus calmes.


Mais à part ça, Long Way Home est un album prometteur pour une artiste avec un univers bourré de références qui n'est pas juste de l'opportunisme. A un temps où l'électro est partout, Lapsley a su se l'approprier et utilise vraiment ce potentiel pour créer des musiques puissantes mais personnelles, et dansantes mais remplies d'émotions. Un album qui montre que Lapsley est à surveiller de près et qu'elle a les cartes en main pour devenir une grande.


Salut et merci d'avoir lu cette critique ! Je suis aussi sur Youtube pour donner mon avis sur des albums et si l'envie te dit, tu peux aller voir la vidéo que j'ai tourné sur cet album ici.
Merci et à la prochaine !

Stijl
7
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Deux mille seize en musique et Les meilleurs albums de 2016

Créée

le 24 avr. 2016

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Stijl

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