L’introduction n’y va pas par quatre chemins pour faire plonger l’auditeur dans l’excitation d’un concert de The Clash : Kosmo Vinyl clamant « Rain is a lot of rubbish, don’t worry about the rain! » sous les vivats de la foule, cela suffit à lancer le spectacle sans détour et à créer l’atmosphère idéale, et la suite est à la hauteur de l’entame. Limité par le temps, le groupe enchaîne les chansons sur un rythme surexcité, sous la forme d’un medley laissant à peine le temps aux spectateurs d’applaudir, de façon à ce qu’on oublie presque leur existence. Toute la discographie est abordée, mais seuls les titres les plus rock sont retenus, formant un ensemble parfaitement jouissif d’où ressort avant tout le côté punk du groupe. Les excentricités studio de la fin de carrière interviennent néanmoins sur l’un des passages les plus mémorables de l’album, la transition entre « The Magnificent Seven » et « Armagideon Time », la voix de Joe Strummer transportant le public d’un New York underground à une Jamaïque aux accents reggae, avant de faire le voyage retour. Le tout est jubilatoire bien qu’un peu usant sur la longueur, tant l’urgence semble être de mise. Est mise en avant la puissance d’un groupe alors au sommet et se préparant pourtant à se séparer, déjà amputé de son batteur Topper Headon. Sans ce dernier, Live At Shea Stadium manque peut-être d’être le testament de The Clash, mais les trois membres restants, accompagnés de Terry Chimes, batteur officiant sur leur premier album, parviennent à ressusciter l’âme punk des débuts et livrent une performance électrisante, libérant tout leur talent sur chaque chanson pendant la petite heure que dure leur première partie, jusqu’à la parfaite conclusion que constitue « I Fought The Law », où chacun semble utiliser ses dernières forces pour achever le concert.