Tu sais, j'adore John Cazale et John Cazale, c'est le mec qui joue Frédo dans les deux premiers Parrain, le frangin de Michael Corleone, pas le frisé qui Caan, l'autre, celui qui aime bien faire de la barque et qui cane aussi, t'as vu.
John Cazale, t'as eu tout le loisir d'admirer son boulevard de calvitie et sa présence spectrale dans plein d'excellents films, de «Voyage au bout de l'enfer» à «Un après-midi de chien» ou dans l'extraordinaire «Conversation Secrète» et puis c'est à peu près tout. Le mec a tourné que dans des putains de chefs d’œuvre, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Tu vas me dire que c'est parce qu'il est mort qu'il n'a pas eu le temps de faire quelques bouses malodorantes. On ne saura jamais, mais je trouve que t'as bien une langue de pute tout à coup. C'est moche.


Laisse tomber, je vais te causer d'autre chose, du meilleur, du mec qui m'a fait croire en Dieu, ça te fera la fermer parce que là, t'es devenu fou.


De John Cazale à Cazoul, il n'y a qu'une syllabe, un petit pas, quoi. C'est fou, non ?
Cazoul est mort aussi, même s'ils sont nombreux, ces quelques graines de terroristes, à essayer de nous faire croire le contraire, entretenant ce petit feu qui brûle en nous et qui explose en feux d'artifice lorsqu'un fou ose prononcer son patronyme, doucereux comme la piquette de son coin, attisant l'espoir d'entendre à nouveau ce filet de voix que Dieu n'aura donné qu'à ce petit bout d'homme, devenu légende.
Le Dieu cité plus haut lui aurait d'ailleurs susurré à cette occasion «Chante, Cazoul. Chante et fais mon bonheur», ce que le languedocien n'aura eu de cesse de faire sa trop courte vie durant.


Cazoul, s'il n'est pas une ébauche de paradis, en prend souvent les contours, nonobstant ses turpitudes que ma décence de Parisien m'empêche de répandre comme un bruit sourd car je ne suis pas une petite pute.


Personne, toi-même tu sais, ne pourra jamais lui ravir le titre de Roi de la Cover.
Personne n'atteindra jamais ce niveau de perfection dans la réappropriation d'un titre en réussissant à en préserver l'essence. Et parvenir à ça, à cette ultime gageure, c'est ce qu'on appelle le génie, vois-tu, et c'est bien de s'en rendre compte parce que se branler sur les génies qu'on nous sert d'habitude, c'est passer à côté de ce bouquet de joie et d'amour réunis.
Mozart, c'était un tocard, Kubrick, une crotte de bique et Guyness, de la peau d' fesses.
Je veux dire, les génies sont légion, je respecte les sbires sus-cités, mais ils ne feront jamais d'ombre à Cazoul.
Cazoul, c'est le soleil. Il irradie pour qu'on se réchauffe.
Ça devrait changer la moitié de mes éclaireurs, c'est free.
Cazoul, c'est la vie.
Cazoul, c'est l'amour, gratuit.


J'ai fait le vœu de faire vivre sa mémoire, avec quelques potes esthètes aux portugaises si joliment ajourées qu'elles savent capter ce qu'il y a de plus essentiel, alors que toi, pauvre mortel, ça te dépasse.
On est là pour ça, t'inquiète.
On est des guides en quelque sorte, des phares pour ne pas que tu te perdes et pour révéler l'odieux prodige qui fait qu'à l'heure qu'il est, le tout-venant n'en a rien à foutre du Cazoul, voire ne sait même pas que la personne a existé.
Ils l'ont enterré vivant, tremblant de toutes leurs carcasses devant le nuage Cazoulien approchant.
Imagine le Johnny lorsqu'il a entendu la version de malade de son «Allumer le feu» par l'ami aux chaussures innommables. Et la tronche de Gainsbourg découvrant qu'un homme savait faire des cavalcades de ses mots imbitables sans ressembler à un simple alcoolo sans chaussettes empestant l'anis, mais à un alcoolo croisé avec un oiseau.
Un oiseau, mon ami, pour caresser les nuages.


C'est là, précisément à cet instant, que l'homme Cazoul, qu'on appelait Armand, jura de ne jamais composer le moindre titre et de, toujours, je dis bien toujours, se servir dans le répertoire des plus grands (Cabrel, Bauer) pour leur montrer, à ces cons, comment qu'on chante quand on est un homme.


On pourrait facilement se laisser aller à la jalousie pourtant, tant l'homme, en plus d'avoir cette facilité dans l'élocution qui rendrait jaloux François Bayrou, était beau comme un languedocien. Un corps de lâche qu'il sublimait par des goûts vestimentaires si sûrs que l'expression «t'es sapé comme un Cazoul» est entrée dans le langage populaire.


Que Dieu te garde, Cazoul.
Tu vis en nous comme un rêve inaccessible qui n'a de cesse de nous tourmenter, ces chansons-fleurs que tu nous laisses, si elles aident à combler ton absence, peinent à nous consoler vraiment, tant tu manques, minute après minute, et c'est la marque des géants.


Allez, je te laisse avec ces quelques liens indispensables à la vie, ni plus, ni moins.
Putain, ça m'a foutu les larmes.


La bise.


Version funky sévère de Cargo de nuit. https://www.youtube.com/watch?v=bPEELqGh5gE
La puissance selon Cazoul. https://www.youtube.com/watch?v=AmmSHUpQzYA
Et là, parce que t'es quand même sympa, le clip, carrément. https://www.youtube.com/watch?v=4y6FbX3NTUM
La mélancolie selon Cazoul. https://www.youtube.com/watch?v=u3tJvRhNXnQ
Attention, changement de slip en perspective, la nuit selon Cazoul. https://www.youtube.com/watch?v=0KxsotMDSFk

DjeeVanCleef
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le 13 nov. 2015

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