Laurel
7.7
Laurel

Album de Brighter (1991)

Cette critique s'adresse à tous les "Sens-critiquiens".


Chers amis, nous avons fait fausse route.


En cette époque extrêmement prolifique pour la musique, à cette heure où les artistes se doivent de trouver sans cesse des concepts innovants pour pouvoir espérer recevoir un peu d'attention sur des sites comme notre cher SC, nous devons nous remettre en question.


Avons-nous perdu le goût de la beauté simple, pure ?
Par beauté simple, je veux parler d'une oeuvre qui n'a pas à exposer sa signification, son idée, sa genèse, son époque, son contexte pour être appréciée à sa juste valeur. Et je pense que nous, les mélomanes, avons à notre insu adopté une politique trop élitiste au fil des années.


Moi aussi je considère comme mes albums préférés des classiques comme In the Court of the Crimson King ou The Dark Side of the Moon.
Moi aussi je plane totalement sur Loveless.
Moi aussi je perd le contrôle en écoutant Unknown Pleasures.
Moi aussi The Queen Is Dead me fait vibrer par son charme tellement anglais.
Moi aussi je prend mon pied sur In the Aeroplane Over the Sea et ses guitares lo-fi.
Moi aussi j'adore la puissance esthétique et sonore de Kid A.
Moi aussi j'ai le CD de The Velvet Underground & Nico et mon lecteur s'en souvient.


Mais je pense que l'on fait trop peu souvent l'éloge d'albums simplement beaux.
Des albums qui n'ont pas besoin d'un son particulier, d'un vocaliste à la personnalité exubérante, d'un nombre incalculable de changements de signature rythmique, d'une voix dédoublée par des polyphonies, d'une pochette originale ou provocante, d'un titre à rallonge ou encore d'un contexte historique pour justifier le plaisir qu'ils peuvent procurer.


Et l'album Laurel de Brighter en fait définitivement partie.


Brighter est un groupe anglais de Twee Pop qui fait partie de la nébuleuse Sarah Records, label reconnu dans l'underground pour sa politique DIY et sa volonté de produire de la beauté pure (on y revient). Et même s'ils sont quelques peu restés dans l'ombre de plus gros groupes comme The Field Mice ou Another Sunny Day, les gars de Brighter ont beaucoup de talent et ils le montrent sur ce Laurel, qui est accessoirement leur meilleure oeuvre.


La première réaction de l'auditeur sera de dire que sur cet album, tous les morceaux se ressemblent. C'est vrai : on a l'impression d'écouter la même chanson pendant 28 minutes, et c'est ça qui est génial. On ne se lasse pas une seule seconde car la douceur de ces accords est infinie. Le chanteur, pas toujours très juste, délivre une superbe performance pleine de fragilité adolescente. Les paroles se fredonnent très facilement, et même si l'album n'est pas inoubliable lors des premières écoutes, il reste des plus agréables.


Si vous rentrez du boulot et que vous êtes un peu fatigué des albums un peu trop lourds (mais géniaux) qui sont adulés ici et ailleurs, tentez quelque chose de différent et optez pour la simplicité. C'est souvent ce qu'il y a de meilleur…

toothless
8
Écrit par

Créée

le 11 mars 2016

Critique lue 203 fois

6 j'aime

toothless

Écrit par

Critique lue 203 fois

6

Du même critique

L'ordure à l'état pur
toothless
10

Quêtant ma juste destinée, j’avais d’un coup rêvé du Nord

Voici le quatrième album du KPN. Sorti quasiment de façon confidentielle (aucune promotion, aucune annonce) chez La Mesnie Herlequin, label/revue de Famine déjà culte (d'éjaculte, hahaha), L'ordure à...

le 11 août 2014

26 j'aime

The Mantle
toothless
9

Forget about useless fucking hope...

Année 2002. 3 ans après la bourrasque qu'était Pale Folklore, il est à nouveau temps pour Agalloch de faire jouir nos oreilles avec leurs mélodies boisées entrecoupées de passages Black Metal...

le 6 sept. 2014

25 j'aime

3

Individual Thought Patterns
toothless
9

La Mort - Chapitre 5 - Modes de pensée individuelle

L'éternel rituel du changement de line-up se produit : Gene Hoglan (parfois surnommé "gêne au gland" par quelques imprudents) arrive à la batterie et Andy LaRocque (qui a notamment joué avec King...

le 25 avr. 2014

19 j'aime