Francis Cabrel, in extremis mais réinventé et intimement touchant

Critique et extraits: https://branchesculture.com/2016/11/28/francis-cabrel-album-live-in-extremis-tour/


On espère que vous avez un salon cosy à souhait car vous allez y camper quelques heures bien au chaud, bien au creux de votre chaîne Hifi. Lui, ça fait longtemps qu'il est sorti du bois, de la cabane du pêcheur même. Plus besoin des arènes et des corridas, Francis Cabrel est assis depuis un bon (sacrément bon) moment dans une place à part de la chanson française. Laissant la jeunesse pressée (et sentant que le temps est compté avant de se faire oublier) passer et publier des nouveaux albums tous les ans, le sage d'Astaffort a toujours pris son temps. Le temps de mûrir un peu plus ses chansons, ses notes, ses arpèges et ses mots. Si importants, ces mots. Puis, il y a les albums live, et quel régal.


Sans doute plus bluesy que certains concerts qu'il a pu faire par le passer, le cru 2016, l'In Extremis Tour rassemble quelque 27 chansons choisies dans ce que Cabrel fait de mieux: conter la magie des différences, l'état d'un monde plus toujours très rond et l'amour, toujours. Faisant la part belle aux chansons de son dernier album (il commence d'ailleurs sur La voix du crooner, une chanson taillée pour le début de tour de chant), Cabrel parcourt ainsi près de quatre décennies de répertoire, la guitare toujours aussi bien affûtée, mais pas que.


Quelques arrangements (de cordes, notamment) au-dessus du lot donnent encore une autre dimension à quelques chansons de plus en plus parfaites, refusant la politesse des années pour continuer de faire échos. C'est le cas des Gens absents imparables; C'est écrit un peu plus tropical, plus salsa; des chœurs du plus bel effet sur Petite sirène ou L'encre de tes yeux; le solo bien placé sur Cent ans de plus; Hors-Saison, que dire sauf que c'est le gros coup de coeur de ce live enregistré à Forest National à Bruxelles. Partout, la perfection ne se crie pas, elle est discrète mais si intense, elle monte en puissance au fil des deux disques. Sans besoin d'artifice, sans jeu voulu complice mais mécanique que beaucoup utilisent pourtant avec le public. Ici, tout coule de source et d'essentiel, d'essence-même.


Cabrel n'a pas besoin de faire grand-chose et il le fait bien, appliqué, sensoriel, humain, simplement. Et la simplicité lui réussit infiniment. Le film a beau passer, il n'est jamais le même, encore et encore. Et c'est ainsi que le temps passe pour le commun des mortels dans son divan, "l'horloge est hors de portée, Et ce n'est pas là l'essentiel... Cabrel peut continuer de tourner et peut (toujours) tout emporter." Il est plus que bien parti pour rester, encore une éternité, s'il vous plaît. Car ce live-là a toute sa place, loin d'être alimentaire, il fait lumière et grandit un peu plus Cabrel, cet artiste positif, de ceux dont on a besoin en ces temps troubles.

Créée

le 28 nov. 2016

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