It's So Izzy

12h05 Nikki vous conseille l'album Izzy Stradlin And The Ju Ju Hounds.

T'es mignon Nikki mais comment oses-tu penser un seul putain d'instant que je ne connais pas cet album ?!...Non mais ! P'tit con va !
En '92, j'étais parmi 300 gunners pour son tout premier concert en solo à l'espace Ornano, quelques jours avant sa sortie ! Non mais !...
Ah bah...foutre alors ! Je ne l'ai jamais noté celui-là ?! Je suis même le premier à le faire ?! Izzy Stradlin serait relégué aux oubliettes ?!
Grâce à toi Nikki et ta clairvoyance, je me sens investi d'une mission : rendre grâce à l'une de mes idoles !

Jeff Isabelle alias Izzy Stradlin, fut probablement le compositeur le plus talentueux de Guns n' Roses mais aussi son membre le plus effacé, celui qui quitta le radeau alors qu'il se métamorphosait en paquebot, celui auquel on pouvait le plus s'identifier, comme un frangin ou le fils de Keith Richards.
Comme un grand champion, il est parti au sommet de ses illusions un soir de 1991 en triomphant une fois de plus avec ses coéquipiers sur la scène de Wembley, au royaume des dieux du Rock. Depuis l'apogée d''Appetite'', la gloire soufflait en Guns pour l'enfler comme un zeppelin, comprimant de plus en plus Izzy jusqu'à l'asphyxier. Dans un éclair de lucidité Stradlin maintint sa tête sur ses épaules et refusa de perdre pied avec la réalité.

Du jour au lendemain, baluchon sur l'épaule, Izzy lâcha ses frangins et tout le barnum. De retour au pays, il chevaucha son cheval de fer direction le milieu du désert pour planter sa tente et jouir d'une solitude luxueuse et salvatrice. Reclus tel un agoraphobe pour se ressourcer et faire le vide, guidé par son calumet de la paix. Retrouver goût à une vie palpable et des plaisirs simples : fouler la poussière plutôt que les tapis rouges, fréquenter de véritables amis, préférer l'éclat naturel du soleil ou de la lune aux scintillements des paillettes, les sons au bruit...
Et surtout préserver sa foi en ce Rock n' Roll qui circule dans son sang et l'alimente depuis qu'il est né Izzy. Se recharger en blues, cette délicate et sensible mélancolie qui pense les douleurs et embellie la peine. Puis une fois sevré de créativité, ressentir ce besoin pressant de s'épancher et de la partager...

''Izzy Stradlin & The Ju Ju Hounds'' est donc son premier opus solo. Un album qui gomme tout de Guns, de ses membres absents du générique jusqu’à la production "hardrockeuse" millimétrée des ‘’UYI’’. Son rock n' roll est plus chaud, plus brut, plus instantané, souvent acoustique et organique. Désormais, Izzy délaisse souvent sa Gibson pour une Gretsch et étale allègrement ses influences.
Bien avant Johnny Depp, il singe papa Keith en tutoyant allègrement les Stones ("Somebody Knockin’", "Shuffle It All", “Cuttin’ The Rug”) jusqu'à incorporer dans son groupe, un Richards prénommé Rick, ex-soliste virtuose des Georgia Satellites, présent à chaque seconde sur l'album.
Ex-membre des Faces, Ronnie Wood intronise officiellement Izzy au rang de chevalier vagabond en un duel de grattes et de voix éraillées sur “Take A Look At The Guy”.
Aerosmith, l’autre groupe à grande bouche est également honoré avec "Train Tracks" et ses salves de slide.
On traverse des balades redneck aux accents country ("How Will It Go" & “Come On Now Inside”), un blues "Diddleyien" (“Time Gone By”), des éclairs punk ("Bucket O’ Trouble" et “Pressure Drop” *, cover punk du groupe de reggae Toot & The Maytals **, premier single à gicler de la galette. Izzy désormais coiffé de dreads mi-longues se réapproprie cette ritournelle tel un rasta sous cocaïne !).

"Ju Ju Hounds" n'est pas un album qui bouleversa le Rock mais qui l'honore avec classe et humilité. Encore maintenant, Stradlin tel un Lorant Deutsch du Rock, continue régulièrement à le débroussailler et proposer des relectures de certaines de ses facettes comme le Surf, le rock 50's de papy...sans jamais l'honorer sur scène au grand dam de ses aficionados et de milliers de Nikki laissés sur le bord de sa route...


* https://www.youtube.com/watch?v=_YdaHHtg6aE (version Izzy)
** https://www.youtube.com/watch?v=6rb13ksYO0s (version Toot & the Maytals)