"Si The Lion And The Cobra témoigne d’un tempérament coriace, son album suivant, celui du succès planétaire, sera davantage marqué par une troublante sérénité. I Do Not Want What I Haven’t Got est une œuvre plus mature où la chanteuse prend ses distances avec ses ténèbres intimes. Sa voix a quasiment abandonné ses inflexions narquoises et agressives, désormais plus posée et appliquée. Pourtant, l’album est parfois encore plus déchirant que le précédant.(...)


I Do Not Want What I Havent Got sortit au mois de mars et son succès critique et public fut instantané. Comme pour souligner l’incongruité de son clip à l’impact planétaire, le disque s’ouvrait sur Feel So Different, balade d’ambiance au calme olympien qui fait penser à un mantra zen. L’irlandaise tire les leçons de ses blessures passées et observe désormais sa tristesse de loin, avec une poignante dignité. Son écriture est d’une simplicité presqu’enfantine, dépourvue d’effets de style, récit d’une introspection très littérale qui préfère la transparence à la licence poétique. Volontairement peu sophistiquées, les paroles reflètent son jeune âge tout en dégageant une certaine sagesse, une humilité que l’on prête généralement aux ainés. Outre les complaintes sentimentales que sont Nothing Compares 2 U et This Is The Last Day Of Our Acquaintace, les chansons de ce deuxième album ne craignent pas les sujets difficiles, évoqués avec une fausse naïveté qui lui permet une approche assez frontale, à la manière d’un gosse curieux qui poserait des questions sensibles sans se soucier des tabous. Ainsi Three Babies est l’un des rares morceaux pop à oser parler de mort prénatale, You Cause As Much Sorrow est une lettre ouverte d’une honnêteté choquante à sa mère disparue, Jump In The River le portrait dérangeant d’une relation abusive dans laquelle la chanteuse semble se complaire. Sur Black Boys On Moped, sans se départir d’un ton étrangement apaisé, elle dépeint l’Angleterre comme un état totalitaire bien dissimulé derrière ses apparentes bonnes manières."


Extrait du podcast Graine de Violence - Sinéad O'Connor (Magda Davitt), la version complète dispo ici : http://www.chicane-magazine.com/2018/08/30/graine-de-violence-sinead-oconnor-magda-davitt/

GrainedeViolence
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Albums

Créée

le 2 sept. 2018

Critique lue 198 fois

5 j'aime

Critique lue 198 fois

5

D'autres avis sur I Do Not Want What I Haven’t Got

I Do Not Want What I Haven’t Got
EricDebarnot
7

N'est-ce pas un peu trop ?

Faut-il croire, voire même désirer, la perfection ? Cette voix impudiquement céleste, ce visage illuminé sous ce crâne rasé, ces larmes qui semblent prêtes à couler (trop facilment ?), cette...

le 18 juil. 2014

1 j'aime

Du même critique

Da Capo
GrainedeViolence
9

Pop progressive et teigneuse

Ce disque méconnu est pourtant l’un des plus atypiques de la période. Dès le premier titre, c’est du jamais entendu : Stephanie Knows Who est une sorte de proto-punk loufoque en mode ternaire, avec...

le 31 déc. 2017

8 j'aime

Starship Troopers
GrainedeViolence
9

Critique de Starship Troopers par GrainedeViolence

Starship Troopers est un cas atypique, un truc insensé, une œuvre que personne n’a essayé d’égaler ou même d’imiter. Le film est tiré d’un roman Robert A. Heilein, Etoiles, garde à vous !, succès...

le 4 févr. 2014

7 j'aime

Tonight’s the Night
GrainedeViolence
10

Douloureuse communion

Tonight’s The Night arriva finalement dans les bacs en 1975 et c’est certainement le diamant noir de la discographie de Young. C’est une compilation turbulente d’odes funèbres exécutées par des...

le 31 déc. 2017

6 j'aime