Comme son nom l'indique, Girl Band est un groupe de quatre mecs originaires de Dublin actif depuis 2011.


A première vue, ils pourraient facilement passer pour le genre de groupes dont raffolent les adolescentes avec notamment la belle gueule du chanteur, Dara Kiely, mais dans les faits, c'est plutôt l'inverse avec un mélange de noise rock et de punk sans concessions.


Récemment signés sur le label londonien Rough Trade Records, leur carrière et leur popularité ont pris une direction assez impressionnante depuis quelques mois. Que ce soit au regard du public, des même des tournées et de la presse spécialisée qui salue unanimement ce premier album.


Ce qui est plutôt fort pour un groupe qui jusque là n'avait sorti qu'un mini album de 6 titres du doux nom de France 98 et des singles en 7 pouces, toujours en édition très limitées. Les meilleurs étant rassemblés dans leur excellente compile, The Early Years.


Mais dès France 98, Girl Band montrait déjà un style et une manière d'envisager la musique assez intéressante et particulière.


Avec des morceaux comme "You're a dog" et ce riff répétitif et entraînant, ou encore le plus pop "Busy at maths" ou le tranquille "Second one", le quatuor montrait un goût pour le bruit, les larsens et les ambiances lourdes.


Certains pourraient comparer Girl Band avec le groupe canadien METZ, à cause de leurs influences qui penchent plus du côté du noise rock. Surtout que METZ a émergé presque en même temps que nos quatre irlandais.


Même si METZ reste plus mélodique et moins stressant et obsessionnel que GIRL BAND, surtout au niveau du chant. Car Dara Kiely est vraiment ce qui permet au groupe de se différencier des autres avec sa manière caractéristique de déblatérer ses paroles.


Mais pour moi c'est un morceau comme "Lawman", qui permet de saisir leur style : avec cet effet de guitare malicieux, sournois, qui semble nous tourbillonner autour. Déjà on voyait que Girl Band était attaché à la répétition, aux changement successifs des sons, pour que le bruit devienne musique et inversement au fur et à mesure. Et que dire de leur reprise étouffante de "Why they hide their bodies under my garage" de Blawan qui montre également une approche pas si éloignée de l'électro d'un groupe comme les Chemical Brothers.


Car écouter un album de Girl Band c'est se laisser happer par ce côté répétitif, jusqu'à parfois l’obscénité, et la folie, quitte à perdre nos repères.


Holding Hands With Jamie, leur premier album, ne déroge alors pas à la règle, et repousse encore plus les limites déjà bien borderlines du groupe.


Car sur cet album, plus de traces de véritables mélodies pop ou d'envie de faire plaisir à l'auditeur, on est plongé dans un univers un peu dérangé, voire dans le psyché du chanteur, en proie à ses doutes, ses peurs et ses dégoûts.


Comme dans l'un des meilleurs morceaux de l'album, "Pears for lunch" qui commence sur un son aigu de guitare répété à l'infini, puis arrive la grosse basse qui donne du rythme et installe une ambiance. Tandis que la voix lancinante de Dara accompagne l'auditeur à tendance que le rythme s'accélère.


Le clip est d'ailleurs très intéressant sur son avis de la société et des relations entre les gens. Surtout avec cette critique contre la TV, symbolisée par le personnage principal qui à la place de la tête... a une TV avec plusieurs programmes qui passent selon son humeur, jusqu'à l'explosion. Une impression que l'on retrouve tout au long du morceau au fur et à mesure.


On retrouve cet avis contre la Télé et les masques que chacun porteraient dans la vie avec le clip de "Paul". Et son personnage principal qui pète un plomb alors qu'il est dans un show pour enfants. Des enfants qui semblent d'ailleurs hypnotisés par ce programme et cette violence à l'écran.


Encore une fois, cet effet est également procuré par la musique : quand la basse fait comme un bourdonnement et que la batterie la rejoint. Ce qui installe une ambiance pas très sereine.


Alors que Dara semble débiter des paroles faites de tristesse et de dégoût. Le morceau prend de plus en plus d'ampleur jusqu'à devenir folle en plein milieu pour ressembler à une descente aux enfers, un peu comme le personnage du clip.


Le morceau "Fucking Butter", situé vers la fin de l'album montre également la rejection de Dara pour la société de consommation de masse avec la critique de bouffe mais aussi des marques avec Nike ou encore Reebok.


Mais là où ce discours aurait pu paraître stéréotypé, vu et revu, la nonchalance de Dara Kiely donne une tout autre image aux chansons du groupe.


Dara ne crie vraiment qu'à de rares occasions et chante le plus souvent avec un mélange d'ennui, de je m'en foutisme et de dégoût. A la manière du Comédien de Watchmen, il semble être le seul lucide dans un monde de fou et semble à la fois s'en moquer, et à la fois être scandalisé par ce qu'il arrive.


Ces répétitions, ces saturations des guitares, ces larsens ne serviraient alors qu'à camoufler ses maux en attendant que le monde n'explose. D'ailleurs avec plus de 7mn, "Fucking butter" est un vrai mauvais trip où seule la basse rebondissante semble nous garder en vie.


Tel un fou dans un monde où tout brûle autour de lui, Dara décrit une situation où il fait face à un Docteur qui semble vouloir l'interroger. Alors que la batterie file à mile à l'heure et qu'il se met à crier sans qu'on y comprenne quelque chose.


L'humour n'est pas non plus absent de cet album, comme sur "Baloo" où la première phrase est « You just shit in my neighbor's garden », ce qui est une manière comme une autre de commencer un titre.


Ou encore "Texting an alien", qui rien que pour son titre vaut le détour, alors qu'il se révèle être un titre assez pessimiste sur l'image que Dara semble avoir de lui et des relations avec les femmes. Même s'il représente une pause bienvenue avec son rythme et ses mélodies plus claires entre tous ces morceaux bruyants et oppressants.


Holding Hands With Jamie ne porte pas très bien son nom, car ne vous attendez pas à être tenu par la main lors de son écoute. Au contraire, la musique de Girl Band est faite pour déranger, interroger, et aller plus loin que la simple écoute basée sur le divertissement.


Difficilement recommandable à tous, certains n'y trouveront jamais leur compte, ce qui est compréhensif tellement l'album peut créer des impressions de malaise. Mais son écoute ne peut que provoquer une réaction et permettre de réfléchir sur ses propres goûts. Il est d'ailleurs recommandé d'essayer plutôt France 98 avant, qui est plus abordable et téléchargeable sur leur Bandcamp.


Hey merci d'avoir lu cette critique ! Je suis sur Youtube depuis peu pour faire des critiques d'albums. Si ça te dit, voilà le lien vers la vidéo où je parle de cet album
A la prochaine !

Créée

le 23 oct. 2015

Critique lue 243 fois

5 j'aime

2 commentaires

Stijl

Écrit par

Critique lue 243 fois

5
2

D'autres avis sur Holding Hands With Jamie

Holding Hands With Jamie
Kerven
8

Mon côté Pixies

Cela fait un moment que je ne m'étais pas régalé sur un son noise-rock. Bon c'est sûr, difficile d'écouter tout en boucle, mais quand ça déboule au hasard d'un shuffle, ça réveille grave ! Je vous...

le 19 déc. 2015

Du même critique

All Eyez on Me
Stijl
8

Westside story

La sortie de All Eyez On Me le 13 février 1996 est le fruit de la réunion de deux personnes qui auraient mieux fait de ne jamais se rencontrer. Pourtant, ce n'est pas comme si l'album avait marqué...

le 8 sept. 2013

92 j'aime

14

The Low End Theory
Stijl
10

The Loud Bass Theory

Il y a des signes qui ne trompent pas. Ou du moins qui vous convainquent immédiatement de la direction prise par les artistes d'un projet à l'autre. Pour le difficile passage au deuxième album, A...

le 26 juil. 2013

71 j'aime

17

The College Dropout
Stijl
9

De fil en aiguilles

Immense succès commercial, critique et riche en récompenses, The College Dropout de Kanye West est le fruit de plusieurs années de labeur. Le résultat d'un parcours artistique semé d'embûches pour...

le 24 juil. 2014

56 j'aime

10