Heart of Oak par eukaryot
Mazette, mazette.
Sortis d'un peu nul part, ce groupe de Vancouver a de quoi en remontrer à des groupes bien plus vieux qu'eux. Signés chez l'excellent Seasons of Mist (Cynic, Kylesa, Saint Vitus, entre autres.), Anciients est de ces groupes qu'il va être intéressant de suivre au long de leur évolution musicale.
S'il est difficile de classer leur musique, il est assez aisé de détacher leurs influences : Opeth (plutôt Watershed) et Mastodon (Période Blood Mountain) en tête. Cette proximité pourra le leur être reprochés, mais il faudrait pinailler tant ce qu'Anciients fait, ils le font bien....
Ils vont en fait bien plus loin, et puisent dans l'ensemble de ce que le rock et metal moderne oht pu produire, du prog au stoner, en passant par le death, très présent. Ils s'autorisent également des sections bien heavy, voire carrément 'n'roll jusqu'à des passages black emplis de double pédale et de lignes de grattes malsaines.
Le chant assure sa part sans faillir non plus, tout aussi versatile.
Kenny Cook passe du growl profond au cri black à vriller les esgourdes comme par magie, et si son chant clair est presque anodin, l'éventail de ses compétences a quand même de quoi laisser songeur.
Les zicos du groupe savent de quoi ils parlent, et maîtrisent les codes et langages de ces courants sans avoir à rendre de compte à personne.
Là où ils sont malins, c'est dans leur façon de brasser et trier, et arranger ces influences : ils parviennent à créer la surprise, à faire dresser l'oreille par un son soudain plus black, puis envoient littéralement l'auditeur s'encastrer dans le mur avec des riffs colossaux et une rythmique piétinante.
Ce sens de la surprise, du contre-pied, montre que le groupe a effectué un boulot colossal sur les compositions. Chaque morceau est aussi fun qu'un bon vieux Maiden, et ces pistes labyrinthes (Mastodon, donc) se parcourent avec délectation.
Pour enfoncer encore le clou dans les tympans, Anciients sont bénis d'un sens inné du groove qui vient rajouter ce qu'il faut de chaloupé et d'entraînants au morceau. Les morceaux, de 6 à 9 minutes, passent sans qu'aucun temps mort ne rappelle à l'auditeur la notion du temps.
Tout juste commence-t-on à ressentir une légère crampe au cou. C'est normal, tu headbangues depuis vingt minutes, comme un gosse.
Parce qu'en cerise saignante sur le gâteau d'hématomes, comme tout bon canadien qui se respecte, Anciients sait envoyer du bois, dans des passages furieux à péter la nuque, situés avec malice et sagesse entrecoupés de providentiels moments d'accalmies et de breaks salvateurs.
Et là, un solo bien Sabbathien te cueille, léger, léger.
Et à regarder l'album dans son ensemble, chaque morceau succède parfaitement à l'autre, de façon fluide et sans heurts, malgré des morceaux très différents entre eux. On retrouve cette intelligence, donc, dans le choix des pistes, et leur place au sein de l'album.
Le disque dégage ainsi une curieuse impression d'accessibilité, malgré la complexité des compos.
Même la petite interlude One foot in the Light, similaire à celle de Baroness "Cochroaches en Fleur", ne semble pas hors de propos, et joue du coup un rôle pivot sur l'album, une respiration avant la plongée sur la seconde moitié de l'album.
Au final, même si leurs influences principales sont effectivement bien visibles, Anciients possèdent un son qui leur est propre, aidés par une production à toute épreuve, où chaque engin a la place pour envoyer les bastos et le souffle pour le faire sans étouffer l'autre.
Puissant, intelligent et majestueux, Heart of Oak est un album passionnant, de bout en bout, qui ne rougit pas des réécoutes, une jolie démonstration d'élégance, et un sacré premier coup.
Classe.
Groupe à surveiller de près...
