Stuart Murdoch à la croisée des chemins. Il est un peu triste de voir un groupe grandir avec les années, mais c'est la vie, et il faut que je me rende compte que moi aussi je grandis peu à peu... Il est fini le doux temps de lycéen où je rêvais mélancoliquement dans le car en écoutant Like Dylan in the Movie en boucle. Fini également ces soirées où je combattais la solitude en grattant quelques accords et en chantant avec plus ou moins de succès n'importe quel machin venant principalement des Kinks mais surtout de Belle And Sebastian. Ahlala, j'aimais ces histoires remplies de petits personnages excentriques qui retrouvent le sourire en écrivant de jolies chansons. Oui, en y repensant, c'était peut-être un poil naïf... Mais dites ce que vous voudrez de B&S, rabaissez-les, rendez-les insignifiants, il me parait absolument inhumain d'en dire du mal. C'est un peu comme si vous donniez un violent coup de pied dans un petit chaton qui vous caresse amoureusement le genou.

Enfin, de toute manière, leur formule a payé et tout le monde les a aimé. C'est ça qui est beau avec les chatons, ça met tout le monde d'accord et ça engrange des milliers de vues sur Youtube. Mais ce temps est aujourd'hui révolu, Murdoch veut un peu de de changement ! Il se retrouve un peu dans la situation du début des années 2000 avec Dear Catastrophe Waitress, mais avec une petite différence : il est totalement paumé... Que doit-on faire ? Est-on sur la bonne voie en foutant des synthétiseurs ? Devrait-on virer dance-pop comme Arcade Fire ? On a composé des trucs bien dans les années 90, on ne devrait pas s'en inspirer ? Je ne sais plus, peut-être ne rien faire de tout ça et tenter quelque chose de minimaliste, de l'ambient ? Ou tout à la fois, allez. Bon.

Suis alors l'album le plus divers de B&S, celui dont vous avez toujours rêvé. Cependant à la question «Est-il consistent ?», ma raison a déjà déclaré forfait. Elle s'est un peu démenée, il est vrai, et a bien essayé de me prévenir de quelques trucs : la mélodie éculée de Nobody's Empire, la dance fade de The Party Line, l'air chiant de Cat with the Cream, l'horreur absolu de l'intro de Enter Sylvia Path... Mais seules deux écoutes ont suffi pour trouver Nobody's Empire absolument touchant, The Party Line séduisant, Cat with the cream beau... Mais Enter Sylvia Path par contre, faut pas déconner, je suis peut-être totalement con, mais pas sourd. Même si passé l'intro, la chanson n'est pas si mauvaise.

Murdoch tente des choses et les rate peut-être, mais avec grâce et de la plus belle des manières. Peut-être que le titre de la chanson «Ever had a little faith ?» où ils reviennent au style des années 90 est en fait un message pour tous les sceptiques face au changement... J'arrêterais donc de m'inquiéter et continuerais à rêver mélancoliquement sur le chemin de la fac en écoutant Nobody's Empire en boucle.
Erw
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le 23 janv. 2015

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