"A man is lying on the street, some punk has chopped off his head
And I'm the only one who stops to see if he's dead, aaoohhh
Turns out he's dead
That's why I'm singing, Aaaaoooh what is wrong with the world today?
What's wrong with the world today,
Uooo, what is wrong with the world today?
Think about it, think about it, think, think about it "

("Un homme gît dans la rue, un voyou lui a coupé la tête
Je suis le seul qui s'arrête pour voir s'il est mort
Il s'avère qu'il est mort
Et c'est pour ça qu'aujourd'hui je chante : qu'est ce qui ne va pas dans le monde aujourd'hui?
Qu'est ce qui ne va pas dans le monde aujourd'hui?
Uoooo Qu'est ce qui ne va pas dans le monde aujourd'hui?
Voux devez réfléchir à ça, réfléchir à ça, réfléchir, réfléchir à ça.")

Flight Of The Conchords, ce n'est pas uniquement un duo néo-zélandais politisé à l'extrême. Ces paroles, qui en auront sans doute choqué plus d'un, sont tirées de "Think About It", une des nombreuses parodies musicales jalonnant leur série télévisée éponyme, que les adorateurs du dépitant phénomène auto-tuné Glee se devraient d'adopter. Le feuilleton s'attarde sur les personnalités de Bret et Jermaine, un duo de ratés néo-zélandais qui montent un groupe à New-York. Deux ou trois chansons composées spécialement pour l'histoire agrémentent chaque épisode : ainsi, quand les deux musiciens, aussi colocataires, rencontrent des problèmes financiers, ils chantent "Think About It". Quand Jermaine tombe sous le charme d'une jeune femme lors d'une soirée, il entonne "The Most Beautiful Girl (In The Room)" :

"Looking round room,
I can tell that you
Are the most beautiful girl in the...room.
In the whole wide room
Oooh.
[...]
Cause you're so beautiful
Like a, tree
Or a high-class prostitute
You're so beautiful
Mmm, you could be a part-time model"

("En regardant dans la pièce
Je peux dire que toi
Tu es vraiment la plus belle fille de la... pièce
Dans toute la pièce
Oooh.
[...]
Parce que tu es si belle
Comme un arbre
Ou une call-girl de luxe
Tu es si belle
Mmm, tu pourrais être une mannequin à mi-temps")

Hilarant car absurde tout en étant attachant, le show reçut à sa sortie un accueil dithyrambique, couronné par dix nominations aux grammy awards. Dotés d'une force comique indéniable, les deux compères peuvent également se glorifier d'un talent musical qu'ils adaptent parfaitement aux paroles de leurs parodies. Une prise de LSD inopinée ? Une mélodie psychédélico-acoustique délurée se met en place sur "The Prince Of Parties". Des problèmes conjugaux ? La guitare folk de Bret lance des accords sexy et funky sur lesquels Jermaine pose sa voix la plus grave, "It's Business Time" :

"Making love
Making love for
Making love for two
Making love for two minutes
When it's with me you only need two minutes,
Because I'm so intense
Two minutes in heaven is better than one minute in heaven"

("Faire l'amour
Faire l'amour pour
Faire l'amour pour deux
Faire l'amour pour deux minutes
Quand tu es avec moi tu n'as besoin que de deux minutes,
Parce que je suis si intense
Deux minutes au paradis, c'est mieux qu'une minute au paradis")

Indépendamment des paroles, les compositions sont efficaces et la sortie d'un album se justifie complètement car l'ensemble est joyeux, amusant et il est secondaire d'être bilingue pour apprécier la fraîcheur des morceaux. L'auto-dérision omniprésente se ressent musicalement, d'abord grâce à l'immense variété des morceaux : Bret McKenzie et Jermaine Clement (leur vrai nom dans la vie) n'ont pas la prétention de maîtriser chacun des genres qu'ils parodient, pourtant leur savoir-faire est impressionnant. Des genres antagonistes s'entremêlent pour un ensemble dont l'homogénéité réside dans cette guitare acoustique qui accompagne chaque morceau : que ce soit dans le Rap ("Hiphopopotamus Vs. Rhymenocerous (Featuring Rhymenocerous And The Hiphopapoatumus)"), le Ragga ("Boom"), le psychédélique (The Prince Of Parties"), le folk ("A Kiss Is Not A Contract"), ou encore le R'N'B ("Ladies Of The World"), elle s'accorde parfaitement avec chaque ode humoristique. Contrairement aux autres parodistes musicaux (les Inconnus, Mickael Youn pour ne citer qu'eux), les Flight Of The Conchords ont une réelle science mélodique et musicale, des influences qu'ils savent savourer pour mieux s'en moquer. L'exemple le plus frappant reste à ce sujet "Bowie", qui relève presque de l'imitation : la voix, l'ambiance, tout rappelle le grand vairon.
Nous, mangeurs de grenouilles, avons même le droit à notre propre parodie :

"Je voudrais une croissant
Je suis enchanté
Ou est le bibliotheque?
Voila mon passport
Ah, Gerard Depardieu
Un baguette, ah ha ha, oh oh oh oh

Foux Du Fafa

Et maintenant le voyage a la supermarche!
Le pamplemousse
Ananas
Jus d'orange
Boeuf
Soup du jour
Le camembert
Jacque Cousteau
Baguettte
Mais oui
Bon jour
Bon jour
Bon jour
Bon jour, monsieur
Bonjour mon petit bureau de change
Ca va?
Ca va.
Ca va?
Ca va."

Quelques pépites ne nécéssitent quant à elles que vos oreilles de mélomanes pour être appréciées : le flow vocal d' "Inner City Pressure" sur un fond synthétisé ravit, la ballade funk "Think About It" apaise et "Business Time", la meilleure des compositions du duo, provoque chez l'auditeur un étrange mélange de pulsions vénériennes et d'excitation drolatique.
En bref, cet éponyme tiré de la saison un de la série Flight Of The Conchords est un manifeste hilarant de parodies toutes plus absurdes et déjantées les unes que les autres. Evidemment, l'effet des chansons ne sera maximal que pour l'amateur d'humour frais qui s'attaquera au show TV. Les compositions plairont au néophyte, mais quelques notions d'anglais sont fortement recommandées car l'aspect musical seul reste tout de même limité.
BenoitBayl
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le 7 déc. 2013

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