Descendre
7.8
Descendre

Album de Terje Rypdal (1980)

Comment définir le style de Terje Rypdal ? Premier indice, je vous ai indiqué qu’il était signé chez ECM. De manière caricaturale, ou en usant de quelques raccourcis faciles, le style Rypdalien se rapproche de celui de son compatriote Garbarek, à savoir un savant mélange entre le jazz et une musique minimaliste (les méchants et autres mauvaises langues pourront taxer cette musique de new-age). Autre point commun, les deux messieurs ont collaboré à leurs débuts. Je ne saurai vous conseiller l'écoute d'Afric Pepperbird de Jan Garbarek avec Terje comme sideman pour vous convaincre de leurs jeunes années teintées de free jazz. Différence notable cependant, le guitariste Rydpal y incorpore des influences rock (peu surprenant compte de la génération du garçon), tandis que Garbarek est plus sensible aux musiques du monde.


En 1980, Rypdal sort Descendre, album nous présentant une configuration rare dans le jazz, à savoir un trio composé d’un guitariste, d’un trompettiste (Palle Mikkelborg) et d’un batteur (Jon Christensen) (ces derniers n’hésitent pas à tâter d’autres instruments : claviers (Rypdal/ Mikkelborg), flute (Rypdal) ou basse (Christensen)). Au passage, les admirateurs de Miles Davis remarqueront la présence de Palle Mikkelborg, trompettiste à qui l’on doit la composition du méconnu Aura, dernier disque de Davis pour la Columbia (et aussi une des raisons de la brouille entre le sanguin souffleur et son label historique). Finalement, comme souvent chez le label munichois ECM, la pochette synthétise assez bien l’ambiance du disque : froide, grave et contemplative. Pour la dernière définition, difficile de prétendre le contraire, tant cette musique invite au voyage l’auditeur. Pour la froidure, vous noterez par ci par là, quelques couleurs chaudes sur la dite pochette, et bien ces dernières sont bien présentes sur Descendre, du moins par touche. Maintenant, il ne s’agit certes pas du disque le plus facile d’écoute de Rypdal (comparativement aux extraits issus de la BO de Heat par exemple), certains titres ayant un niveau d’abstraction suffisamment élevé (le morceau Circles) pour décontenancer l’auditeur novice (sans compter les interventions de Christensen à la batterie). Néanmoins, la ligne mélodique apportée par la paire Rypdal/Mikkelborg (comme sur Speil qui clôt le LP) devrait permettre aux plus curieux de s’accrocher un minimum, l’exploration de ce disque offrant de multiples facettes, annonçant à l’occasion l’électro-jazz norvégien des 90’s.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2008/11/terje-rypdal-ou-le-trio-atypique.html

Claire-Magenta
8
Écrit par

Créée

le 10 mars 2014

Critique lue 240 fois

2 j'aime

Claire Magenta

Écrit par

Critique lue 240 fois

2

Du même critique

Low
Claire-Magenta
10

En direct de RCA

— Si nous sommes réunis aujourd’hui messieurs, c’est pour répondre à une question, non moins cruciale, tout du moins déterminante quant à la crédibilité de notre établissement: comment va -t-on...

le 7 mai 2014

20 j'aime

8

Sextant
Claire-Magenta
9

Critique de Sextant par Claire Magenta

La règle générale voudrait qu'un artiste nouvellement signé sur un label, une major qui plus est, n'enregistre pas en guise de premier disque contractuel son album le plus expérimental. C'est...

le 28 juil. 2014

18 j'aime

Y aura t-il de la neige à Noël ?
Claire-Magenta
8

Critique de Y aura t-il de la neige à Noël ? par Claire Magenta

Prix Louis Delluc 1996, le premier film de Sandrine Veysset, Y'aura t'il de la neige à Noël ?, fit figure d'OFNI lors de sa sortie en décembre de la même année. Produit par Humbert Balsan, ce long...

le 19 déc. 2015

16 j'aime

1