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Antony Hegarty est un paradoxe comme il en existe peu dans le monde.


On a l'impression qu'elle est au-dessus de nous tous. Antony est une déesse, un être parfait, pur, grandiose, là pour nous délivrer un message d'amour infini et inconditionnel. Elle n'est pas vraiment humaine, elle est un peu plus que ça. Mais Antony est aussi définitivement une humaine, comme nous. La plus sensible, la plus forte, la plus simple, la plus complexe, la plus souffrante, la plus heureuse, la plus humaine de tous les humains.


Je suis tombé amoureux d'Antony and The Johnsons, et Cut The World est la plus belle déclaration d'amour qu'elle m'ait faite depuis.


Cet album représente beaucoup de choses. De la sensibilité, de la force, de la simplicité, de la complexité, de la souffrance et du bonheur, et tout se chevauche encore dans ma tête aujourd'hui. Pourtant, je l'écoute chaque soir avant de m'endormir depuis un certain nombre de jours, comme une prière, comme si j'étais sûr d'une seule chose à chaque fois que je me lève, c'est que cette journée se terminera par ce rituel magique qu'est la voix d'Antony dans mes oreilles, dans ma tête et dans mon cœur.


Cut The World est trop puissant pour pouvoir le décortiquer chanson par chanson, objectivement, note après note, mot après mot. Ce n'est pas un album, c'est un cri, ou bien un murmure, il a envie d'exploser, et pourtant il est parfaitement calme. Il parle de tout, il englobe tout, il est tout. Il est empli de lumière et de joie, mais a perdu tout espoir et n'est qu'obscurité. Et la messagère de cet univers, c'est Antony, le canal, c'est sa voix. Sa voix qui exprime toujours une émotion, toujours, ou plutôt une centaine d'émotions qui se croisent. D'abord sa voix sourit, et on a plus peur de rien, alors on a les larmes aux yeux car des étoiles apparaissent devant nous, à l'intérieur de nous. Puis l'écoute suivante, sa voix pleure, et on se surprend à ressentir toute cette souffrance emmagasinée en elle depuis si longtemps, alors on a les larmes aux yeux car toutes les étoiles ont disparu pour laisser place au vide intersidéral.


Cut The World est libre. Il ne s'appuie pas sur une mécanique parfaitement huilée nous dictant comment doit fonctionner objectivement une chanson, mais sur des émotions. Les siennes, les nôtres. A un moment de l'album, Antony raconte une histoire d'amour : la rencontre, l'histoire, les souvenirs. Et même si l'on s'attend à des superbes violons une fois la partie de la rencontre terminée, elle choisit plutôt de raconter son histoire sur... du silence. L'instant le plus puissant de Cut The World. Entre les phrases "I just lay down beside you and held your hand" et "I fell in love with you", il y a du silence. Les images défilent dans notre tête, on la voit tomber amoureuse, là, nue, face à nous, et lorsque le piano revient pour parler des souvenirs, on comprend que l'on vient d'être spectateur d'une vie entière. Cut The World est libre, il se permet tout. La musique ne limite pas, la musique libère, elle est le support de la tornade Antony, et elle en fait ce qu'elle veut, voire l'enlever lorsqu'elle sait que le public sera encore plus touché sans elle.


La tornade Antony, elle est inarrêtable. Elle monte en puissance à chaque chanson qui commence, elle nous touche au début car elle est simple et légère, elle nous touche à la fin car elle est forte et immortelle, elle nous touche à chaque fois car elle est sincère et humaine. Elle nous parle de la plus intime des façons, on est son confident, on se sent compris, et on comprend tout. On comprend Antony, on comprend l'humain, on comprend l'univers, on n'a plus peur de la mort. On comprend qu'on n'a pas à avoir honte, on se sent accepté, on sait qu'il est normal d'aimer, et de souffrir. On a envie de vivre, une journée de plus, pour écouter l'album une nouvelle fois.


"I am very very happy, so please hurt me."
Antony Hegarty est un paradoxe. On ne comprend pas pourquoi, mais on sait qu'on la comprend, et on sait qu'elle nous a compris. Et ce n'est rien d'autre que ça, l'amour.


PS : Petit bonus, si vous avez une heure à perdre, ou une heure devant vous tout simplement (car on ne perd jamais son temps lorsqu'on écoute Antony And The Johnsons) : https://www.youtube.com/watch?v=7sjO0w2LRWc.

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le 11 août 2014

Modifiée

le 12 août 2014

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