Wahou !


Coffret de 4 disques regroupant des concerts d'Eric Clapton dans les années 1970, Crossroads 2: Live in the Seventies est immense, un témoignage (un de plus, certes) du génie scénique du slowhand.


Comme souvent lorsqu'il est en concert, il ne joue pas vraiment ses chansons ou des reprises mais se les réapproprie, on redécouvre des titres que l'on a pourtant écoutés des milliers de fois, à l'image de cette version de Cocaïne jouée à Santa Monica avec l'apport exceptionnel de l'harmonica. Il laisse parler son génie et ses inspirations, surtout qu'ici il est très bien accompagné, ses musiciens se collent à son tempo et ses improvisations, c'est juste parfait, à l'image d'un clavier très présent et en osmose avec le guitariste, ajoutant une nouvelle touche à chaque chanson, et il en est de même pour les choristes.


Durant ces années-là, Clapton n'était pas au top, sa carrière solo n'a pas la même estime que ses expériences passées avec Cream ou derrière le pseudonyme de Derek, alors que sa vie privée est une plongée dans l'enfer de la drogue et de la boisson. Il n'a pourtant jamais perdu sa créativité et son talent pour la musique, sachant toujours se lancer dans de longs solos, comme de nombreuses fois ici, à l'image de Driftin' Blues ou créer des chansons qui resteront dans les mémoires, comme sa reprise de Cocaine ou Wonderful Tonight.


Si le premier Crossroad était une anthologie, celui-ci est vraiment consacré aux concerts de Clapton dans les années 1970, à l'exception de quatre titres en studio, Walkin' Down The Road en ouverture du premier disque puis To Make Somebody Happy, Cryin' et Water On The Ground pour terminer le quatrième. On retrouve un groupe similaire sur ces différentes tournées, avec George Terry pour l'accompagner à la guitare, Dicks Sims derrière les claviers, Carl Radle portant la basse, Jamie Oldaker pour frapper la batterie ainsi que Sergio Pastora Rodriguez aux percussions et le duo Yvonne Elliman / Marcy Levy pour les chœurs ou totalement accompagner Clapton sur certains titres.


Le premier disque est surtout axé blues, où il sublime notamment Robert Johnson avec l'habituel (et deux fois !) Rambling On My Mind et Elmore James, mais aussi Jimi Hendrix avec la reprise de Little Wing, mais c'est, là aussi, une habitude qui tient toujours aujourd'hui. Il ressuscite aussi merveilleusement Blind Faith avec deux très jolies versions de Can't Find My Way Home et Presence Of The Lord où, la première citée brille par l'apport de la voix féminine et la seconde par un orgue s'ajustant à merveille avec la guitare de Clapton. Enfin, comment ne pas tomber sous le charme du medley Willie and the Hand Jive/Get Ready, avec la superbe voix d'Yvonne Elliman.


On retrouve surtout des standards de Clapton sur le second disque à l'image des très électriques Layla et Further on Up the Road ou des deux rallongés I Shot the Sheriff et Badge, à nouveau sublimé par son jeu de guitare atypique et virtuose. Pourtant, c'est Eyesight to the Blind/Why Does Love Got to Be So Sad? qui domine ce disque, et pour cause, on a droit à 24 minutes de bonheur où Carlos Santana rejoint Clapton pour un jam tout droit sorti de l'enfer. De toute façon, aucun titre n'est à jeter, c'est le blues / rock de Clapton, celui électrique (sauf rares exceptions) et sublimé par sa voix de velours et ses longs solos.


Le troisième disque ne perd pas en énergie communicative, avec un répertoire axé sur le Clapton des années 1970, dont on retiendra donc un dément Cocaine mais aussi le medley blues Goin' Down Slow/Ramblin' On My Mind ainsi que Tell the Truth, l'électrique The Core avec les choristes répondant parfaitement au guitariste, ou Lay Down Sally. Il nous fait redécouvrir Crossroads dans le quatrième disque, avec une version basée sur un tempo bien plus lent que celle qu'il rendra populaire avec Cream. Ce disque est axé sur des concerts européens, entre l'Angleterre et l'Ecosse, et il conclut en apothéose de coffret, à l'image de Tulsa Time ou de la magistrale Double Trouble.


Stratocaster en main, Eric Clapton se ressource dans les années 1970 avec de longues tournées où il fait parler sa technique, sa virtuosité et son authenticité, au sein d'un groupe remarquable et jouant en osmose pour lui, utilisant parfaitement l'orgue ou les choristes pour mieux réinventer une partie de son répertoire. Crossroads 2: Live in the Seventies est un modèle de l'enregistrement en concert, tant pour la production que la façon de jouer de Clapton et de son groupe, c'est immense.


Tracklist :


Disque 1 :


Walkin' Down the Road (Studio outtake)
Have You Ever Loved a Woman
Willie and the Hand Jive/Get Ready
Can't Find My Way Home
Driftin' Blues/Ramblin' On My Mind
Presence of the Lord
Rambling On My Mind/Have You Ever Loved a Woman
Little Wing
The Sky Is Crying/Have You Ever Loved a Woman/Rambling on My Mind


Disque 2 :


Layla
Further on Up the Road
I Shot the Sheriff
Badge
Driftin' Blues
Eyesight to the Blind/Why Does Love Got to Be So Sad? (with Carlos Santana)


Disque 3 :


Tell the Truth
Knockin' on Heaven's Door
Stormy Monday
Lay Down Sally
The Core
We're All the Way
Cocaine
Goin' Down Slow/Ramblin' On My Mind
Mean Old Frisco


Disque 4 :


Loving You Is Sweeter Than Ever
Worried Life Blues
Tulsa Time
Early in the Morning
Wonderful Tonight
Kind Hearted Woman
Double Trouble
Crossroads
To Make Somebody Happy (Studio outtake)
Cryin' (Studio outtake)
Water on the Ground (Studio outtake)

Docteur_Jivago
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ma discothèque idéale, It's only rock'n roll... (but I like it !), 111 pour l'éternité (côté musique), Les meilleurs albums Live et 2020 en Musique

Créée

le 13 janv. 2021

Critique lue 172 fois

12 j'aime

2 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 172 fois

12
2

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34