Cocoon
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Album de Tiger Moth Tales (2014)

Are you sitting comfortably?

Tiger Moth Tales, c'est avant tout le projet solo d'un artiste : Pete Jones. Une particularité qui risque de vous sauter aux yeux (pun intended) si vous allez voir quelques photos de lui : Pete Jones est aveugle. A l'âge de 15 mois seulement, il perdit la vue à cause d'une rétinoblastome.


En plus d'avoir une fabuleuse voix qui n'a rien à envier à celle de Peter Gabriel, Pete Jones est aussi multi-instrumentaliste. En effet, déjà dès l'âge de quatre ans, Pete touchait un peu à tout. Il commence une formation musicale et se spécialise dans le piano et la flûte à bec, mais il joue aussi de la guitare, de la basse du saxophone, et différentes percussions. Jeune, il a aussi joué dans de nombreux groupes, alliant le jazz, le swing, le rock, forcément, mais aussi de la musique classique.


En 2010, Pete entreprend un projet solo, et publie son premier album Look at me Now dans un style assez pop, avec pas mal de sonorités rock, jazz ou classique. Il cherche à se faire produire à maintes reprises, mais en vain. De son propre aveu, la plupart des producteurs avec lesquels il s'entretenait voulaient le cantonner à un seul style musique, ce dont Pete n'était guère friand. Pete, il préférait varier les styles. Malgré son envie de sortir un second album solo en 2012, il rencontra donc de nombreuses difficultés, ce qui ne l'aida clairement pas à trouver de l'inspiration.


C'est alors en 2013 que monsieur Jones commence à travailler sur un tout nouveau projet. Son ambition était d'écrire un album concept sur le thème de l'enfance, sur la liberté qu'il ressentait lorsqu'il écrivait de la musique à l'époque. Un album qui serait très intimiste donc, avec une forte dose de nostalgie. D'après lui, un tel projet aurait pu lui permettre de regagner l'envie d'écrire et d'enfin pouvoir terminer le second album solo qu'il voulait à la base composer, dans un mélange des styles comme il l'aimait. Sauf que petit à petit, notre ami Pete se rendit vite compte qu'au fur et à mesure de la composition... C'est du rock progressif qu'il faisait.


Il décide alors de publier son nouvel album sous un tout nouveau nom, "Tiger Moth Tales", afin de différencier son côté rock progressif du côté pop qu'il entretenait sous son vrai nom. Le nom du groupe, d'ailleurs, est une référence à la musique "Tigermoth" de Steve Hackett, un de ses artistes préférés et l'une de ses plus grosses influences dans le rock progressif. Ainsi peut enfin naître le projet solo dont il rêvait tant : Cocoon.


Ce qui frappe dès les premières écoutes de l'album, c'est toute la passion qui se dégage de la musique de Pete Jones. On ne peut qu'être subjugué par l'émotion qui se dégage de chacune de ses musiques. On sent clairement l'influence des groupes préférés de Jones, Genesis en tête (et cela lui est parfois reproché).


L'album semble être la réminiscence d'une année de l'enfance de Jones, comme l'attestent les quatre morceaux de transition, chacun représentant une nouvelle saison passée.


C'est un album qui s'apprécie davantage encore les yeux fermés, dans le plus grand des calmes. Pour pleinement l'apprécier, il faut tenter de s'imaginer l'univers de Pete Jones : dans un monde où les images n'ont plus aucun sens et où les gagnent une importance toute particulière. De ceci naît cette impression presque absconse d'une histoire qu'on nous raconte. Cette impression est particulièrement renforcée par la musique "The Isle of Witches", où Jones se mue en narrateur d'une histoire fantastique remplie de sorcières.


Les paroles se veulent à la limite de l'absurde mais elles font aussi réfléchir ; en atteste ce passage tiré de la musique "Tigers in the Butter" : We live our lives in fantasy. Un autre exemple est la musique "The Merry Vicar" qui conte l'histoire d'un vicaire utilisant la musique et l'absurdité afin de faire valoir les intérêts de sa religion. La musique est très théâtrale et prête à sourire, avec qui plus est des influences très folk.


L'album se termine par la musique "Don't Let Go, Feels Alright", qui représente l'apothéose de cette ode à l'enfance. Cette musique à elle toute seule résume toute l'enfance de Pete Jones, qui tente de rattraper son passé perdu et qui se rend compte que ça "feels alright". On comprend la mélancolie qu'il ressent, de cette époque révolue, d'une enfance oubliée qu'il ne pourra plus jamais retrouver.


Cet album est comme un exutoire pour lui. Pete Jones semble être un grand rêveur, et un éternel nostalgique. Il ne s'arrêtera d'ailleurs pas là ; son deuxième album, même si moins notoire, se nomme Story Tellers. Le thème de l'enfance est donc encore bien présent.


En résumé : Cocoon est un album intimiste, nostalgique, une véritable ode à l'enfance avec une vraie ambiance qui ne peut que faire voyager. Ses influences sont parfois un peu trop manifestes, mais on sent que c'est fait avec le cœur. Alors asseyez-vous, fermez les yeux, et laissez-vous emporter. Vous ne regretterez pas le voyage.

Yosuke
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Rock/metal progressif, je te kiffe (ça c'est pour la rime)

Créée

le 1 mars 2017

Critique lue 77 fois

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Yosuke

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