Cinquante
7
Cinquante

Album de CheYenne 40 (2014)

Sur la trace (bruyante) de Monsieur Trololo

A quoi ça sert d'avoir des paroles ? Franchement, à qui ça a rendu service d'avoir du texte dans ses chansons ? Je vais vous dire à qui ça n'a pas fait du bien : Eduard Khil. Eduard voyez-vous, avait une très belle chanson à offrir à ses compatriotes russes, mais il fut paralysé un jour en réalisant comme ses paroles étaient pauvres. C'est ainsi qu'une des plus célèbres ritournelles modernes a failli ne pas voir le jour. Heureusement, la lumière ne tarda pas à se faire chez Eduard, lorsqu'il réalisa qu'il n'avait pas besoin de chanter quoi que ce soit pour sa chanson... Pourquoi ne pas simplement vocaliser ? Grâce à ce coup de génie, monsieur Khil s'assura une place éternelle dans l'histoire et acquit un nouveau surnom sur le tard : celui de " Trololo ". Sèche tes larmes émues, lecteur, car il est temps de te parler un peu d'un groupe qui a su retenir la leçon : Che¥enne 40.

D'où ça sort, Che¥enne 40 ? Je pourrais vous dire de mon cul, mais cette vanne devient éculée depuis que je me suis mis en tête de rendre frénétiquement hommage à ce label. En tout cas ça sort de Lille, si vous ne l'aviez pas déjà pigé au vu des titres de pistes ("Wambrechies", "Wattignies", "interluude why Touquet"...). Enfin peut-être que vous n'en avez rien à foutre du nom des pistes et je ne vous donnerai pas tort puisqu'il n'y a pas de paroles – vous me suivez toujours ? Ces lillois là en tout cas font un sacré boucan. Du rock bruitiste à fond les ballons, du genre dont on se demande s'il savent à l'avance quel sera le prochain accord ou s'il se contentent de jouer quelque chose le plus fort et le plus frénétiquement possible. Et puis ça crie... C'est d'ailleurs ce qui fait leur originalité, cette façon de crier, en essayant de nous faire croire qu'ils ont quelque chose qui ressemble à des textes. Le pire c'est qu'ils en ont sûrement au fond, mais la façon de "chanter" (une petite médaille à ce timbré de chanteur et son beau timbre qui se prête à merveille aux convulsions no-wave qui l'entourent) efface toute possibilité de compréhension, jusqu'à ce qu'il ne reste que de glorieux gargouillis. Comme si l'espèce humaine avait suivi le plan de dévolution prévu 35 ans auparavant par Jocko Homo.

Le plus curieux dans tout ça, c'est qu'en dépit du boucan Cinquante reste attractif tout au long du disque et ne nous laisse pas un instant pour divaguer. En même temps, pas de texte pas de paroles, pas de paroles pas de message, pas de message pas de distraction. Pas de distraction pas de palais. Pas de palais... pas de palais.
TWazoo
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Je t'ai donné la vie... mais on ne m'a pas donné le droit de te la reprendre

Créée

le 24 mars 2015

Critique lue 200 fois

T. Wazoo

Écrit par

Critique lue 200 fois

Du même critique

One-Punch Man
TWazoo
4

"Well that was lame... I kinda had my hopes up too."

Cette citation n'est pas de moi, c'est Saitama lui-même, principal protagoniste et « héros » de One-Punch Man, qui la prononce après un énième gros vilain dûment tabassé d'un seul coup...

le 5 janv. 2016

67 j'aime

38

Jackson C. Frank
TWazoo
9

Milk & Honey

"Le plus connu des musiciens folk sixties dont personne n'aie jamais entendu parler." Ainsi s'exprime très justement un journaliste dans un article dédié à la mémoire de Jackson C. Frank, mort en...

le 16 oct. 2013

66 j'aime

4

Murmuüre
TWazoo
9

Murmures du 3ème type

On pourrait être tenté, à l'approche de la musique de Murmuüre, de ne parler que de Black Metal. On pourrait amener, à la simple écoute des guitares poisseuses et saturées ou bien des - rares -...

le 30 sept. 2014

54 j'aime

5