Chinese Fountain
7.4
Chinese Fountain

Album de The Growlers (2014)

Le meilleur comme le pire du rock a fleuri le long de la West Coast américaine. Cet album des Growlers apparaît comme un échantillon inespéré du « meilleur » au cœur d’une discographie plutôt fade dans l’ensemble. Le groupe montre qu’il sait s’y prendre pour manier la complémentarité entre langue anglaise et lignes mélodiques – c’est la première chose qui accroche – mais aussi les pédales et le rythme.


En bons Californiens, leur musique un peu roots a hérité d'un je-ne-sais-quoi de la surf music ainsi qu’une part de l’esprit garage. Cependant, elle ne rentre stricto sensu dans aucune de ces deux catégories. Son essence est à rechercher dans ses morceaux les plus caractéristiques, une série de pièces pop rock légèrement blasées mais pas moins entraînantes dont la poésie psychologique fait mouche sur les refrains : « Where are you going / Come back with my heart / Sure as the wind keeps blowing / Nothing's gonna heal these scars » sur « Black Memories » ; « The city's shrinking down / I think it's time to leave this town » sur « Dull Boy » ; « When my friends are no longer around / Reality won't hold me / All of my buddies feel run down / I'm not the man I used to be » sur « Not the Man ».


Ces morceaux sont agrémentés de judicieux effets donnant à chacun sa propre texture sonore. Par ailleurs, d’autres titres dans le tas ont un style un peu plus surprenant, comme le funky « Going Gets Tuff » et ses rimes en « i » », le vaporeux « Good Advice » et son sentiment d’urgence contenue, ou encore le dansant « Chinese Fountain » avec ses sonorités de synthé et son côté science-fiction. Quant au crépusculaire « Purgatory Drive », il clôt magnifiquement l’album sur des superpositions de guitare soyeuses, transportant en elles toute la mélancolie latente de l’album, façon Lucky Luke repartant à l’issue d’une aventure. Ce titre produit un peu le même effet que « Road Trippin’ » sur Californication des Red Hot Chili Peppers. Comme eux, les Growlers réussissent à donner une certaine image de l’Etat qui symbolise le « rêve américain », alliant le fantasme à la désillusion dans un esprit de conquête.

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