Un retour (pas) attendu

Areno Jaz, n'était peut-être pas le rappeur que l'on attendait voir revenir sur la scène rap cette année ; l'absence a été plus que longue contrairement à ses camarades de 1995 qui ont assez vite entamé une carrière solo après que le groupe se soit séparé.
Pourtant, il était l'un des meilleurs kickeurs de son groupe.

Il est important de noter, au travers de Chillalephia, plusieurs changements qui rendent le rappeur et son travail méconnaissables.

• Tout d'abord l'écriture à laquelle il nous a habitués lors des précédents albums ou EP (en groupe, avec 1995, ou avec les projets Areno Jaz Alias Darryl Zeuja (2012) mais encore Innercity (2014)).
  Si l'on prend pour exemple l'extrait de Comme d'habitude de Chilladelphia, qui est à mon sens l'un des pires morceaux de l'album tant il est pauvre d'un point de vue textuel, cela donne ça à la retranscription:

J'écris des ra-a-a-ps, c'est de la fra-a-a-ppe
Que tous les rapaces et les rats passent à la tra-a-a-ppe
Si je t'attra-a-a-pe, ça part en cou-ou-ouilles
J'ai pas la trouille, j'ai pris un schlass en cas d'embrou-ou-ouille

Une diction qui commence à devenir assez indigeste au premier couplet, et qui donne envie de passer la suite du morceau très vite.
On est très loin des premiers morceaux d'Areno, comme Vision de Vie (2012);

J’rappe, car quand j’parle on m’calcule pas
Comme une pute de Calcutta qu’a l’cul bas
Alors mes cicatrices j’les panse et pense en rimes
Et celui qu’apprécie s’dépense et danse en rythme

• Par ailleurs, la plupart des prods sont signées Vaati (vous l'avez peut-être connu en duo avec Nusky) ainsi que 8SHO (on lui doit la prod de Jeunes Entrepreneurs de l'Entourage, entre autres).
  Exit Hologram Lo', avec qui Areno Jaz avait longtemps collaboré; ce qui efface (d'un point de vue subjectif) le côté "old school" qui apportait tant de charme aux morceaux de Zeuja.
  On se rapproche plus d'instrus électro voire pop, et la voix de Darryl Zeuja a progressivement changé pour être sous autotune: ce qui est assez dommage en somme, car Zeuja ne chante pas plus que ça dans l'album. Cela rajoute même une certaine monotonie.

Le seul morceau qui a retenu mon attention: La Guerre Du Feu ; il s'agit d'une référence directe aux débuts d'Areno Jaz dans le rap, avec son groupe alors émergent, 1995.
Moins creux que les autres, il y a un semblant de récit, un semblant d'histoire, une pointe de nostalgie au travers de ce morceau.

Le reste est faiblard et manque cruellement d'inspiration.
Si vous voulez apprécier la plume d'Areno Jaz (ou Darryl Zeuja), prenez donc le temps d'écouter les projets Areno Jaz Alias Darryl Zeuja (2012) et Innercity (2014).