Le premier album de DEP est une une véritable perle à la violence exacerbée. Un flot d'énergie déversé au service de l'aggressivité.
Quintessence du hard-core destructuré, il est aussi un tour de force de maîtrise technique et d'inventivité.
En grand précurseur d'un style qui a immédiatement connu la saturation par la multiplication des groupes lui ressemblant, The Dillinger Escape Plan a posé avec Calculating infinity les bases d'un genre nouveau, repoussant les limites dans une logique jusqu’au-boutiste et créant de véritables morceaux de bravoure d'une rapidité époustouflante (Sugar coated sour), empruntant à la fantaisie du jazz ses aspects les plus techniques (avalanches de notes en sweeping et en taping dans 43% burnt) et insufflant le souffle épique du metal hard-core dans des parties déraisonnablement sauvages (The running board).

Mais il serait vain de compiler les saticfecits de la sorte sans parler de ce qui révéla DEP au public, à savoir des prestations sur scène proprement époustouflantes, illustrant à merveille le nihilisme musical exprimé dans cet album.
Car à ce déferlement impétueux de discrépances et de hurlements rageurs viennent s'ajouter l'exécution épiléptique des morceaux, (parfois à la limite de l'audible, certes), les bonds hystériques des musiciens dans le public et les quelques moments de folies auxquelles un groupe culte s'adonne parfois (comme le fait de mettre le feu à la batterie ou de finir le concert avec une guitare à l'état de petit bois), conférant à leurs prestations une ambiance d'apocalypse qui sied à merveille à leur musique. Les guitares semblent jouer toutes seules, simplement reliées aux amplis par l'entremise de musiciens possédés, et la batterie, ordinairement confinée dans le style au seul soutien rythmique, s'évade à travers d'audacieuses mises en places, mesures composées ingénieuses et signatures fantaisistes. Le touché et l'ingéniosité de Chris Pennie, batteur originel depuis plusieurs fois remplacé, contribuent pour beaucoup au son charactéristique du groupe.

La suite est du même tenant, même si l'effet de surprise digéré, il est difficile d'autant apprécier les albums publiés après coup.
T_wallace
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le 2 sept. 2012

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T_wallace

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