Bad Penny
6.7
Bad Penny

Album de Spectrals (2011)

Spectrals est tellement productif qu'il est assez difficile d'imaginer qu'il s'agît seulement ici du premier album du one man band aux cheveux de bronze. Le jeune homme peut pourtant déjà présenter un CV bien rempli avec des singles remarquables et un sensationnel EP sorti l'année dernière ou des signatures sur les meilleurs labels du monde (Captured Tracks, Slumberland, Wichita...). A seulement 21 ans, le timide gamin qui enregistrait des chansons dans son coin pour ses amis a déjà parcouru un long chemin.

Les histoires d'amours difficiles sont un sujet universel et forcément inépuisables tant ces sentiments sont parmi les plus puissants, parfois les plus durs, souvent les plus beaux que l'être humain puissent ressentir. Ce Bad Penny, écrit au sujet d'une fille qu'il aime, résonnera d'une façon bien particulière pour ceux qui, comme Louis Jones, vivent ce spleen d'une relation tumultueuse. Dans ce cas, nous ne pouvons qu'avoir tendresse et sympathie pour ces chansons nonchalantes et candides, chantant le désenchantement, l'espoir ou les douces mélancolies du cœur.

Pourtant, cet album manque un peu de consistance, de titres forts surtout, car exception faite du sublime Get A Grip, rien n'émerge vraiment de ce disque. Bien sûr, nous retrouvons toujours avec un plaisir non dissimulé les mélodies gentiment rock'n'roll, les accents Doo Wop et cette passion, bien que moins prononcée qu'à l'accoutumé, pour Phil Spector, mais aussi, ce qui est plus surprenant, de petites inclinaisons vers le travail d'Alex Turner sans ses singes (The Last Shadow Puppets, Submarine OST). Bien heureusement, le jeune songwriter n'a pas non plus perdu la main, Bad Penny pèche plus par son homogénéité, notamment dans la production, assurée par Richard Formby, qui se permet bien moins d'extravagances que ne pouvait le faire Spectrals seul (finies les tentations noise par exemple). Le son est désormais très (trop) identifiable, un chant de crooner trainant, des guitares jangly, une reverb légère et une propreté surprenante qui ne pardonnent pas la quasi absence de gimmick remarquable.

Si Bad Penny manque cruellement de chansons fortes, le disque n'en demeure pas moins plaisant. Difficile d'en vouloir à Spectrals tant ce musicien peut être très doué et doté d'une vraie sensibilité. En bons popeux, nous aussi avons le cœur sur la main, or c'est un album touchant, troublant parfois même, autant qu'il est décevant et profondément imparfait.
Hybu
6
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le 26 févr. 2012

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Hybu

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