La critique de Tintamarre Wazoo est très juste et bien plus technique, je vous invite à la lire : http://www.senscritique.com/album/Apothecary_Rx/critique/23343601

Très cher lecteur, je t'informe que cette critique est fondée sur des impressions et interprétations brouillonnes, qu'elle comporte de très nombreuses et longues digressions et qu' elle ne mérite de ce fait pas le nom de critique. Elle est plutôt un commentaire. Te voilà prévenu, tu es libre de t'enfuir ou de commencer à lire.

J'aime particulièrement cet album que j'ai découvert il y a peu grâce à SC. Je l'aime parce qu' il est la parfaite illustration de l'image que je me fais de la musique et plus particulièrement du hip-hop. Je m'explique.

Cet album a des rythmes compressés caractéristiques de la musique hip-hop, un son urbain sur certaines chansons, Carl Hancock Rx y rappe même bien que le chant soit plus présent. Cependant, ce n'est pas un album seulement de hip-hop, c'est un album aux multiples influences. C'est aussi un album militant, c'est le bilan et le manifeste des noirs américains. C'est la mémoire de la diaspora et c'est aussi le quotidien des noirs aux Etats-Unis. C'est combatif, c'est contemplatif, c'est mélancolique. En somme, cet album est beaucoup de choses.

Alors, comment se fait-il qu'à chaque fois que je l'écoute, je pense instantanément à la musique hip-hop ? J'y viens.

La musique hip-hop est née du blues, du rythme and blues, de la soul et du funk dans la fin des années 1970. Elle se construit autour d'un contexte sociale difficile pour les noirs et de la nécessité de l'expression des laissés pour compte. Elle véhicule un message politique, de lutte, elle se rappelle ses origines africaines, elle expérimente. Cela se passe dans les années 1980. Elle construit ses propres codes, ses caractéristiques et commence à se populariser fin des années 1980 avec des groupes comme Public Enemy. Vint ensuite ce que les experts appellent l'âge d'or du hip-hop, ce sont les années 1990. Pour ma part, je rejette l'expression d' "Age d'or" du hip-hop non pas que les années 1990 n'aient pas été prolifique pour le hip-hop et que la production n'ait pas été de qualité. Je la rejette parce que "ces experts" associent généralement cet âge d'or au meilleur et à la mort du hip-hop. Vous savez tous ses préjugés qui haranguent que "c'était mieux avant" alors que, comme toute culture, le culture hip-hop est dynamique, elle évolue, elle échange avec les autres genres( soul, funk, jazz, rock, métal, r'n'b ...), elle expérimente, elle déconstruit et reconstruit ses codes (le rap, le djing), elle est diverse et multiples. Elle n'est pas seulement ce que reflète le mainstream très souvent corrompu par l'argent et un discours réactionnaire et nauséabond.

(Je dis très souvent et pas toujours et puis parfois on a des productions extrêmement commerciales qui sont techniquement de grande qualité et plaisantes. L' exemple de Kanye West parle de lui-même. Un jour, j' écrirais peut-être une critique d'un de ses albums.)

De ce fait, le discours du "mieux avant" est une prénotion dénuée de réelle pertinence. Elle n'est pas factuelle. Oui, mais et Carl Hancock Rux ?

Et bien, pour moi, Apothecary Rx est l'exemple parfait de cette évolution, de ce dynamisme musical. Il représente, à mes yeux, et sans doute de manière erronée d' ailleurs, un ensemble divers et riche de ce qui a participé à l' évolution d'un genre que j'affectionne particulièrement. Cet album n"est pas un album qu'on peut étiqueter, il est aux confins de plusieurs cultures, il est la Musique. Avec un grand M.

Il est hommage. Un hommage, un cri et un clin d'oeil à la lutte des afro-américains, un hommage à ce qui fait l' identité des noirs américains. Une identité entière et pleine, celle des ancêtres africains, celle des américains de couleurs aujourd'hui. Un hommage donc à cette culture américaine qui s' est construite musicalement des Cotton Songs au hip-hop passant par le blues, le rock, le r'n'b etc. Et il est de 2004. Comme quoi, la qualité ne s'est pas envolée à l'arrivée du nouveau millénaire.

Carl Hancock Rx n'invente rien mais il se réapproprie avec brio ces cultures et propose un charmant melting pot. Tout cela accentué par sa tonalité de voix très grave et sa manière de chanter si posément qui invite instantanément à la plus vive attention. En résumé, ce sont le rayonnement des tubes cathodiques et le son des tam-tams de l' Afrique.

R'n'B, électronique et hip-hop (tout ça saupoudré de références au Delta Blues, à la pop, à l'avant garde rock).

I Got a Name (remarquable nuance l'utilisation de to get et non de to have)
Eleven More Days
Disrupted Dreams
Protean Character
Trouble of this World
SarahEissner
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le 22 févr. 2015

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Sarah Eissner

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