« It’s hard to help yourself when you don’t know where to begin ».
Le clavier, la batterie, guitare et basse, Alela Diane passe à la formation pop-rock. C’est plus riche, évidemment plus pop, beaucoup moins intimiste, dans la mélodie aussi. Loin des complaintes en arpèges de ses débuts, elle nous invite à la fête de sa voix toujours suave. C’est neuf, surprenant, mais dans la continuité lumineuse de To Be Still. Elijah revient un peu vers les incantations. On y retrouve le banjo, et ce qu’elle fait de mieux est bien là, revêtu peut-être d’un habit un peu large pour la finesse, pour l’intimité, la proximité de la confidence.

Avec une introduction western, typique du pop-folk, et une voix d’homme pour la soutenir, Long Way Down a un air de June Carter et Johnny Cash, des accents country dans la structure et dans la mélodie. Malheureusement le solo de guitare, trop rock, n’a pas sa place. Pire, dérange. Suzanne revient alors aux douceurs arrangées pour entrer dans la danse, mais bientôt la batterie, puis la guitare supplémentaire envahissent l’espace d’Alela Diane. Suzanne, si l’hommage se voulait à Leonard Cohen, la chanson se devait d’être aussi dénudée que sur les albums précédents. Il y a quelque chose dans les mots, dans la mélancolie du chant, mais encore une fois, la richesse instrumentale éparpille l’unité essentielle des chansons d’Alela. On se laisse porter malgré tout quand la chanson prend une dimension épique, et se rapproche de Dylan. On se dit que finalement, Alela fait le lien. Dans un long souffle, The Wind, la chanteuse déploie pleinement sa voix claire : « i’m on a wind, i can’t go back, i am a dream on a wind ». Et malgré les notes étirées mais discrètes, de la seconde guitare, la berceuse est magnifique, pleine de l’art simple et humble d’Alela.
Sur un rythme appuyé, Of Many Colors est une chanson de l’ouest, qu’Alela pourrait chanter dans les saloons les plus mal famés. « There is dust in every heart » dit-elle sans illusion, en faisant sonner la virtuosité de sa guitare et la ferme justesse de ses mélodies. Desire renoue avec la puissance de ses comptines légères par sa concision. Les cuivres étouffés, la construction complexe et inégale d’Heartless Highway, ne lui donnent pas le souffle nécessaire des longues ballades folk. La chanson ralentit l’album et l’on y entend plus vraiment Alela Diane. Le passage désertique final de White Horse en est le seul intérêt. La chanteuse donne de l’intensité dans la voix, mais le pont déconstruit ne lui correspond pas. L’album se perd à l’ouest.

Heureusement Alela sait toujours nous quitter. « At the end of the day, the song that i sing is a saying ». L’envolée finale est solaire, bref instant, avant de redescendre sous la clarté bienveillante de la lune. Dans un univers de douceur qui lui est propre, Alela récupère l’auditeur. La grande ballade folk de l’album est là. Mélancolique et aérienne, elle est là.
La voix nue sur la guitare, Alela mène à l’âme : « There is good ».

Matthieu Marsan-Bacheré

Créée

le 4 mars 2015

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