Aeronautics
6.7
Aeronautics

Album de Masterplan (2005)

Masterplan confirme son envol et nous fait à nouveau voyager en ses terres Heavy Metal mélodique

Deux années à quelques jours près, séparent le premier album éponyme de son successeur. La tournée promouvant Masterplan (plus de 50 concerts) est passée un peu partout, y compris au Japon et en Amérique du sud, sans compter les festivals et shows acoustiques. Même si Jorn était mécontent de faire des premières parties malgré la notoriété du combo, cette tournée a permis aux membres de mieux se connaître.

L'enjeu de la sortie de ce second album fût délicat pour une raison principale: à la surprise du groupe, la presse avait excellemment acceuilli, à juste titre, son grand frère. M.Weikath en personne avait fait savoir que c'était un bon album. Et cet engouement fût accompagné par un fait peu commun pour un premier essai: MASTERPLAN avait reçu au salon du MIDEM à Cannes, le trophée "European Border Breakers Award" décerné aux nouveaux groupes ayant eu un nombre important de ventes, hors pays d'origine (THE DARKNESS et LAST KETCHUP ayant reçu la même récompense).

Après tant de bonheur, MASTERPLAN allait-il continuer à voler vers de nouveaux horizons ou pris de panique allait-il s'écraser en pleine ascension?

Le EP sorti presque deux mois avant Aeronautics, hormis le fait qu'il contenait deux titres inédits ("Love is rock", "Killing in time"), laissait présager à travers le single "Back for my life", une orientation calibrée rock, de sorte à passer sur les ondes, du propre aveu de R.Grapow. Et de toucher un plus large public.

Et si ce nouvel envol pouvait embarquer des nouveaux voyageurs vers des terres heavy qui leur sont étrangéres?

Il faut rappeler que Jorn lui-même ne connaîssait pas grand-chose au départ à ce genre et c'est l'ami R.Grapow qui l'éclaira et le persuada de participer à sa nouvelle aventure post-HELLOWEEN. Ainsi le pari mérite d'être relevé à l'écoute de ce nouvel album un peu moins heavy, mais toujours terriblement accrocheur.

Et cette fois le travail de composition fût une affaire commune, à contrario de Masterplan composé par Roland et Uli Kusch. Ces derniers ayant écrit cinq titres, le reste étant l'oeuvre de la participation active des trois autres membres.

Les textes quant-à eux furent écrits à une exception près, par Jorn.

Roland a toujours été fasciné par les avions. Sans parler de concept, Aeronautics traîte donc du thème principal du pouvoir de voler.

Thème positif que le heavy rock mélodique de MASTERPLAN sert au mieux, par l'intermédiaire de dix morceaux qui donnent la pêche, à l'instar des titres comme "Enlighten me", "Spirit never die", présents sur le premier opus.

Cependant il ne faut pas s'y méprendre: "Crimson rider", relatif au Baron Rouge (comme l'a déjà traîté ICED EARTH sur The Glorius Burden), fait décoller l'album tel une fusée. Le single "Back for my life" au refrain imparable (dont un clip a été réalisé), prend le relais mais se veut plus léger. Un trio de tête gagnant, qui se termine par "Wounds", morceau qui n'aurait pas démérité sa place sur un (bon) album d'HELLOWEEN.

Malgré cette accroche irrésistible présentant de la maturité, on regrette presque la spontanéité des deux premiers titres de l'oeuvre précédente. On a l'impression que Jorn chante de manière plus décontractée et s'égosille moins. Du coup, il dirige son style vers un répertoire hard rock. Ce qui ne veut pas dire pour autant que son chant est moins captivant. Simplement, la démonstration purement technique n'est pas de mise.

La suite du voyage s'apprivoise au fil des écoutes pour révéler toutes les saveurs de ses compositions. Les titres sonnent évidemment heavy même si quelques touches speed, voire progressives, colorent le tout. Cela grâce en partie à des solos bien sentis, pas trop démonstratifs mais qui font mouche à chaque coup, des claviers présents mais qui se cantonnent à appuyer les ambiances atmosphériques(intros et outros, lors des breaks). Et surtout ce diamant caché dans la gorge de Jorn: toute l'énergie enivrante qui s'en dégage donne une autre dimension aux chansons. D'ailleurs, Jorn se lâche plus qu'au début de l'album et transcende les fins de "After this war", "Into the arena", ou bien encore de "Dark from the dying".

Les montures de ce diamant sont donc toutes étincelantes. Débutant par un énorme riff, la conviviale "Headbanger's ballroom", car dédicassée à tous les clubs (et tout particulièrement à celui d'Hambourg) où les fans de metal se retrouvent pour partager leur passion autour d'une bière, possède de sublimes couplets oppressants. Tout comme l'ensorcelante "Dark from the dying" ou la mid tempo "I'm not afraid" (chanson favorite de Roland et Jorn). Ecrite et réarrangée par Jan en collaboration avec Piet Sieck (IRON SAVIOR), la ballade "After this war" brille de mille éclats. Ou encore dernier exemple avec l'épique "Black in the burn" qui reprend un peu de tous les styles distillés tout au long de notre survol au dessus du plancher des vaches. En priorité celui speed avec des chorus rappelant le groupe des citrouilles et quelques solos qui font honneur au genre.

Essayant donc de se détacher des étiquettes que l'on voulait bien lui apposer dès son premier opus, MASTERPLAN prend un envol plus personnalisé mais pas forcément meilleur. Le chef-d'oeuvre, insonsciemment souhaité, est tout proche. Reste à corriger des parties de batterie quelque peu linéaires (le jeu d'Uli Kusch était plus varié sur certains albums de son ancienne formation), ajouter un soupçon d'originalité et le tour sera joué pour la troisième oeuvre, qui espérons le, sera une nouvelle fois produite de main de maître par Andy Sneap (le Enemy of God de KREATOR c'est lui aussi).

8,5/10

(La bonus track "Treasure world" est aussi remarquable que ses petites soeurs, et il est à noter qu'elle est réservée exclusivement au marché européen.)

Renaud-Strato
8
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le 15 oct. 2022

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