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7.9
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Album de Gâtechien (2010)

Que de chemin parcouru ! Parti comme une blague de potache avec un nom un peu plouc qui sent bon le terroir, Gâtechien est désormais un groupe incontournable qui s'internationalise. Le duo, partant d'un projet minimaliste (une basse et une batterie et un credo simple : ne pas se prendre la tête), a finalement construit ce qu'on est obligé d'appeler une oeuvre. Quatre albums pas moins et une évolution permanente avec une montée vers plus d'ambition et de qualité et un style qui s'affine tout en restant brut de decoffrage. Après un Trois produit par Michel Toledo, notre Steve Albini à nous, 4 frappe encore plus fort : l'album est produit par Ted Niceley (Fugazi, Girls against boys, Noir Désir...) et mixé par Eli Janney, le second bassiste de Girls against Boys, celui qui a toujours empêché de tourner parfaitement rond le groupe américain (et donnant toute leur valeur et leur son spécifique). A bien y réfléchir, la rencontre était évidente, des francs-tireurs n'ayant pas peur d'avoir leur propre son et ayant ce même amour pour la noise heurtée et retors. Les Américains se sont donc déplacés à la Nef, le fief des Gâtechien, dans leur cher Angoulême et ensembles, ils ont donné un nouveau souffle à leur musique incendiaire.


Là encore, Gâtechien évolue, n'ayant plus peur notamment de se confronter à des moments calmes (C'est la vie), faisant ressortir toute la finesse du jeu de batterie (notamment son jeu de cymbales) de Florian et la toujours haute technicité de Laurent à la basse (qui nous donne toujours l'impression qu'une guitare se cache quelque part). L'ensemble est plus mélodique qu'à l'accoutumée tout en gardant son côté groovy et barré (Bonjour Mademoiselle) et sa puissance de feu tordue. Au chant, Laurent affiche par moments, une sensibilité presque féminine qu'on ne lui connaissait pas (à la Kurt Cobain sur Cliché, à la Mick Jagger tendance Miss you sur Ménage à trois). Le reste du temps, c'est une vrai folie qui décoiffe car ne croyez pas que les deux Gâtechien ont mis de l'eau dans leur vin ou qu'ils sont devenus "respectables", ça attaque grave en bon disciple de Fugazi, Shellac et Jesus Lizard. Chaque nom de chanson reprend une expression française utilisée comme tel dans la langue anglaise : deux franchouillards revendiquant leur identité dans une filiation anglo-saxonne. C'est bel et bien ça. Gâtechien de vie !!!

denizor
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le 30 sept. 2015

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