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6.7
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Album de Black Sabbath (2013)

Il faut dire que je n'attendais pas grand chose de ce nouvel opus des Black Sabbath reformés (comprendre avec le chanteur Ozzy Osbourne, qui n'avait pas participé aux albums studios depuis 1980) : si on commence à parler de groupes des années 1980 comme des dinosaures, alors Black Sabbath sortent tout droit du précambrien. Ils sont crédités pour la paternité du metal, avec notamment ces deux tueries que sont Black Sabbath et Paranoid, sortis en 1970. Et autant dire que chacun des quatre membres ont dépassé la soixantaine. Et donc, que vaut ce 13 ?


À la première écoute, certainement pas 13/10, mais plus 13/20. C'est pas désagréable, mais bon, on a l'impression que le groupe n'a pas changé en 40 ans, à l'exception de la voix d'Ozzy. Restent tout de même quelques coups d'éclats qui donnent envie de réécouter : God is dead, ou Age of Reason. Et puis on écoute une deuxième fois, et une troisième, et on se dit que c'est quand-même foutrement bon, du bon gros metal sabbathien comme on n'en fait plus.


On entend beaucoup d'influences dans cet album, à la production excellente au passage. Certains morceaux comme End of the Beginning rappellent incontestablement les grandes heures de Sabbath ; des morceaux sombres comme la nuit, une nuit alourdie par le brouillard, et sans lune. Trop peut-être : les cloches et coups de tonnerres à la fin de Dear Father nous rappellent l'introduction de Black Sabbath, Zeitgest elle a une ambiance et des percussions identiques à Planet Caravan. Le tempo lent, se pose là lui aussi.


Par moment, comme sur l'hypnotique God is dead, il semblerait qu'ils soient allés plus loin que dans leurs premiers albums dans la direction du Doom Metal (sous-genre qu'ils ont très fortement inspiré) ; toutefois, de nombreux groupes sont déjà passé par là et sont allés bien plus loin...


La voix d'Ozzy a changé, il a vieilli le bougre. Elle est plus proche de ses albums solos (Bark at the Moon par exemple) que de sa jeune voix, celle de Paranoid. C'est pas forcément un mal selon moi, elle est toujours reconnaissable entre mille, et peut-être mieux maîtrisée et mieux adaptée à l'atmosphère si particulière que crée Black Sabbath.


Enfin, certains morceaux ne sont pas sans rappeler l'époque Dio (marquée par l'excellentissime Heaven and Hell), qui avait suivie le départ d'Ozzy. On pense notamment aux guitares qui ont une couleur différente, dans Loner, Age of Reason ou encore Dear Father. Cette époque avait permis à Tony Iommi de se tourner vers des compositions un peu différentes, plus lumineuses notamment grâce à l'incroyable voix de Ronnie James Dio. Toutefois la voix d'Ozzy ne permet pas à cette lumière de revenir ; c'est (je me répète) un album sombre.


Une autre peur qui s'échappe : les musiciens ont toujours la pêche. J'ai déjà parlé d'Ozzy, mais le batteur notamment fait ici un superbe boulot. Du côté de la basse, je confesse regretter les riffs groovy à la Fairies Wear Boots, mais le tout est efficace. Le guitariste Tony Iommi, le véritable dieu dans le groupe, nous a concocté encore quelques riffs mémorables (Methademic), mais peut-être pas encore du niveau des grands succès de l'époque, ceux qui faisaient dire à certains guitaristes metal que quoiqu'ils essayent, Black Sabbath l'avait déjà fait avant eux. Les solos eux ne marquent pas forcément, à l'exception de quelques uns. C'est dommage, mais je suis exigeant aussi hein, ça reste excellent, on parle de Dieu.


Enfin, la qualité principale de cet opus, c'est selon moi la longueur de ses chansons, rare chez le Sabbath des années 1970, qui donne l'occasion d'entendre des chansons-fleuves épiques à la Iron Man (la chanson, pas le film hein, je précise au cas où). Je citerai notamment la très bien nommée piste d'ouverture End of the Beginning, ou encore la magnifique Age of Reason et Methademic, peut-être la plus violente de l'album.


Reste quelques petits problèmes qui me font toujours hésiter entre un 8 sans "Félicitations" ou un 7 avec "Encouragements" (ben oui, tant qu'à reproduire le système scolaire pour parler de culture, autant aller jusqu'au bout !). D'une part l'album est un peu long et monotone sur la durée, enlever une ou deux pistes aurait pu être judicieux : c'est quand-même toujours la même chanson. On se souvient des Paranoid et autres Master of Reality qui faisaient rarement plus de 8 pistes.


D'autre part, le gros problème de cet album selon moi, c'est qu'à aucun moment il ne nous surprend. Black Sabbath font ce qu'ils aiment, ce qu'ils savent faire comme personne, l'atmosphère prend, on tape du pied, mais au fond, ce qui faisait le génie d'un Paranoid, ce n'était pas tant son tube du même nom mais plus les diverses explorations musicales, instrumentaux et bizarreries qui ont fait de Black Sabbath LE groupe avant-gardiste du moment... Là on est presque descendu au niveau zéro de la créativité, et ça aussi venant de Black Sabbath c'est dommage.


Un album à l'écoute très agréable, d'une profondeur musicale inattendue et qui ne dénotera pas, au contraire, avec les anciens chefs d'œuvres du groupe. Mais ne vous attendez pas à être surpris, quand-même.

Créée

le 13 juin 2013

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Nordkapp

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