Les meilleurs films de 2022 selon Eustacius Bingley

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Incroyable. D'une beauté, d'une justesse, d'une complexité folle - parvient à être une chronique tendre de la vie d'une famille, tout en étant un brûlot incendiaire sur l'hypocrisie américaine, sur la façon dont les logiques politiques et financières états-uniennes (mais pas que) rendent impossible une vie véritablement morale, empêchent la possibilité même de faire le choix d'être vertueux. Toujours acide mais jamais désespéré, formidablement interprété, et d'une complexité en terme d'écriture et de richesse de la narration qui dépasse largement tout le reste de cette liste. Chef-d'œuvre.

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"Pour autant que Pearl soit un film éminemment cynique quant à la célébrité et à Hollywood, il ne condamne pas non plus le cinéma – et c’est ce qui le fait passer de simple étude psychologique à quelque chose de beaucoup plus fort émotionnellement. Le même processus qui condamne Pearl à l’aliénation est aussi celui qui nous permet de nous attacher à elle, qui nous fait oublier son destin pourtant inévitable, qui nous laisse croire que peut-être, elle parviendra à réaliser ses rêves. La scène de l’audition, où elle perd complètement le sens de la réalité et se retrouve transportée dans un show de music-hall, est magnifique – comme le sont les moments où elle danse. Elle-même ne peut jamais atteindre cette transcendance, mais elle la touche du doigt, la matérialise à l’écran, arrive à atteindre quelque chose d’immatériel, de mystique. C’est tout le propos du film : un éloge du cinéma, et du cinéma de genre en particulier, comme une force magique et dangereuse, une épée à double tranchant. Capable de détruire des vies à force de déréalisation, comme de les faire toucher à l’infini."

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Voir aussi la critique - le premier film d'horreur vraiment majeur depuis l'année 2019 et ses jalons marquants? Je le pense, je le dis, et c'est vrai, n'en déplaise aux détracteurs. Mise en scène sublime, intelligence constante du propos et de la mise en scène, qui parvient, couche par couche, à transformer le matériau d'une "banale" histoire de slasher en gouffre existentiel et social. Sublime.

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De l'intérêt d'attendre la fin de l'année pour faire ses listes! Un vrai bijou - et le film qui semble le plus parfaitement clôturer les logiques filmiques de l'année. La peinture complexe et politique des relations intimes qui étaient au cœur d'Armageddon Time ou Licorice Pizza; le sujet, évidemment, sur les relations familiales et de pouvoir dans un pays musulman, faisant écho à Boy From Heaven, Aucun Ours ou Leila et Ses Frères. Il dépasse pourtant la plupart de ces autres films sur le plan de la richesse, de la complexité de ce qu'il montre. Jamais dans le feel-good fallacieux, jamais non plus dans la dénonciation facile et complaisante qui rendait un projet comme Les Nuits de Mashad si malsain - en montrant des personnages peu sympathiques, contradictoires, difficiles, sublimement filmés dans toutes leurs dimensions, essayer de survivre et avancer.

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"Ce qui compte, c’est que l’art triomphe. Même si pour ça, il faut accepter de broyer et de boire les organes internes des Auteurs qui nous précèdent. Au moins, après le smoothie de foie, il y aura peut-être une orgie.

Flux Gourmet est un chef-d’œuvre. C’est un chef-d’œuvre parce qu’il est drôle, d’une absurdité rarement atteinte au cinéma. C’est un chef-d’œuvre parce qu’il est beau, dans son écriture, sa chorégraphie, sa lumière, ses performances. C’est un chef-d’œuvre parce qu’il propose, à travers toutes ses métaphores, une des visions les plus authentiques jamais rendues de n’importe quel acte de création artistique, dans ses frustrations et ses joies les plus intimes.

Mais c’est surtout un chef-d’œuvre parce qu’il laisse le spectateur avec la conviction intime que l’art, que le cinéma, ne peut que perdurer, ne peut que triompher. Quand bien même, pour survivre, il lui faudrait devenir anthropophage : il survivra."

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J'en suis sorti avec la conviction qui c'était le meilleur PTA. Je sais pas si je pense toujours ça, mais c'est celui qui je reverrais avec le plus de plaisir, celui qui me parle le plus. Tellement de choses dans un seul film: l'étude détaillée d'une relation entre deux personnes qui s'exploitent l'un l'autre (comme dans The Phantom Thread d'ailleurs) comme point de départ d'une vaste fresque sur l'histoire de Los Angeles, Hollywood, l'adolescence, le capitalisme et les matelas à eau. Immanquable, comme tous les Anderson.

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Sans le premier segment, un poil plus faible, il aurait été noté 10 et aurait été en première place. Mais les deux autres sont tellement incroyables dans leur manière de disséquer les sentiments, de montrer les complexités des émotions et du langage à travers une mise en scène aussi épurée qu'incroyablement sophistiquée ... grand film.

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Un très beau film, passé un peu inaperçu. A la fois cru et réaliste, et en même temps capable d'élans de poésie magnifiques pour chroniquer la jeunesse compliquée d'une frange marginalisée de la population chinoise.

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Park Chan-wook surprend tout le monde en réalisant son film le plus épuré, le plus simple, le moins pervers (quoique ...) - la reprise et la sublimation des codes du film noir est peut-être la limite du film par certains égards, mais il accomplit tellement de choses par ailleurs, dans sa mise en scène hallucinante, dans la précision et la perfection de ses plans, la maîtrise de son ton, la polyglottie de son script - qu'on ne saurait pas lui reprocher grand-chose.

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Les évolutions du film d'horreur en 2022 ont été assez fascinantes à regarder, et Zach Cregger a réussi un grand coup en faisant une expérience scientifique un peu bizarre qui revient à mélanger Get Out et "l'horreur à thèmes" d'un côté, avec le cinéma d'exploitation le plus bêtement dégueulasse et provocateur de l'autre. Ca ne devrait pas marcher, et pourtant, c'est impeccable - hilarant, audacieux, franchement effrayant par moments. Grand cru.

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J'ai découvert, en 2022, qu'en fait, j'aimais bien Gaspar Noé (surtout ses films post-2015, en fait). Ca ne s'est pas démenti avec celui-là: sur un postulat qui aurait pu donner dans le cynique, le complaisant, le graveleux (filmer la désintégration physique et mentale d'un couple en split-screen), Noé transmet un véritable amour tant du cinéma que des familles, et accepte la mort autant qu'il la défie. Pas joyeux, mais un vrai bijou, apaisé, mature, captivant.

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Pas dénué de quelques longueurs, mais peu de films cette année ont proposé des récits d'une telle ampleur dramatique. Roustaee fait vraiment dans la tragédie grecque, ou dans le Roi Lear, torturant un peu plus ses personnages à chaque retournement, révélant à chaque fois plus de corruption, plus de profondeur, plus d'émotion. Fantastique.

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Le nationalisme effréné du machin me stoppe de l'inscrire plus haut - dans la mesure où je ne pense pas que ce type de blockbuster (américain, indien, c'est pas la question), même mené à la perfection, aie véritablement quelque chose à apporter au cinéma. Mais force est de constater que mené à la perfection, il l'est indéniablement: le vrai blockbuster de 2022, il est là, le voici, nattu nattu.

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Le film le plus sous-estimé de l'année? L'animation est magnifique, mais c'est surtout la façon dont la narration, en connectant dans le sous-texte des épisodes disparates, arrive à la fois à disséquer les notions de propriété et de capitalisme et à offrir un échappatoire assez utopique, qui impressionne.

(oh et le casting vocal est fou)

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Il a pas besoin de moi pour être encensé, c'est un carton monumental, mais il faut se rendre à l'évidence: c'est très bien. Très bien filmé, très bien écrit, capable à la fois de célébrer la foi et de déconstruire les hypocrisies de la religion organisée. La dernière partie m'a semblée un poil plus faible, sans quoi il serait quelques places plus haut.

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J'aime pas les comédies romantiques.

... Sauf quand je découvre que quelqu'un a adapté Pride & Prejudice avec des gays en 2022 et s'en est servi pour parler de gentrification, de classes sociales, de racisme, de ce qu'est un corps désirable, et de tout un tas de question surprenamment profondes au sein d'un film qui peut se targuer d'avoir un vrai réal, sorti tout droit du ciné indépendant, qui fait des plans assez magnifiques et rythme tout ça à la perfection. Dans ces cas-là, j'aime ça.

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Beaucoup des mêmes qualités qu'un Everything Everywhere All At Once dans la forme, mais enveloppé dans un récit fascinant qui s'interroge sur le rôle des récits dans le monde moderne, et qui pose plein de questions fascinantes sur les relations entre Orient et Occident dans le cinéma hollywoodien. C'est chouettos.