Ce petit livre de 100 pages, qui se lit en une heure, se propose de "démythifier" certains discours qui circulent joyeusement au Café du Commerce, dans les pages économiques des magazines, et parfois dans nos têtes. Je trouve qu'il le fait avec aplomb, mais peut-être pas toujours avec méthode.Je n'ai pas de révélation majeure, mais il est toujours utile de renforcer ses arguments face au discours dominant et aux idées nauséeuses qui montent Je ne reprends ici que quelques points pour vous donner une idée du livre:


Le livre est en effet divisé en trois parties:
- la mythologie né-libérale (les marchés, les méfaits de l'Etat Providence...).
- la mythologie social-xénophobe et autres fadaises de l’extrême-droite sur ces étrangers-qui-viennent-nous-remplacer-et-détruisent-notre-cohésion-sociale.
- la mythologie écolo-sceptique.


A propos de l’idéologie libérale :



Son escamotage idéologique consiste à occulter le rôle primordial des institutions sociales (régulations, services publics, redistribution, protection sociales) dans la prospérité occidentale.



Exemple: Les marchés n'ont que faire de l'état, détestent les règles, veulent être libres!... or on observe , nous dit Laurent, que plus on augmente la régulation, plus les marchés prospèrent !
Exemple : Il faut le moins d'Etat possible ... Laurent appelle "capitalisme de passager clandestin" les nouvelles formes de parasitisme des grandes entreprises (et avec elles du MEDEF), qui sont passées maîtresses dans l'art de capter les subventions publiques,et, quand elles ont des soucis de trésoreries, de réclamer un bail-out étatique. Ces entités se servent dans les infra-structures publiques pour naître et fructifier et "en même temps" tentent tout pour échapper à la fiscalité. Passagers clandestins d'une puissance étatique qui n'est pas aussi diminuée qu'on veut le croire, indeed.


Laurent fait aussi le constat déplaisant que l'Etat s'est détourné depuis les années 80 de la fonction qu'il avait depuis la guerre d'être au service du progrès social pour être assujetti à une autre mission, assurer la prospérité d'institutions financières et d'agir comme une garantie au bien-être de celles-ci en cas de coup dur. Exit la protection du citoyen...


Côté xénophobie ordinaire, Laurent nous rappelle la contribution positive des immigrés à l’ordre social par leur travail, ou qu'ils représentent beaucoup moins en terme de population que les racistes ne veulent le croire, et que le vrai problème en France réside plutôt dans le fait que notre pays est plus généreux dans l’accès à la nationalité que dans l'intégration, une fois cette nationalité acquise. Il s'attaque aussi un mythe du petit blanc brimé.


Enfin le discours anti-écologique qui fleurit avec ses "préoccupations de riches bobo " est contré en rappelant que se sont bien les plus pauvres qui souffrent le plus de la pollution en général. Laurent nous rappelle que les technologies à venir sont plus créatrices d'emploi que les technologies qui devraient disparaître pour notre bien à tous. Voilà juste des exemples, donc.


Bon ce livre fait du bien en articulant clairement une pensée contraire aux clichés déplaisants qui circulent. On reprochera certainement que les sources ne soient pas plus explicitées, et que certaines évidences ne soient pas plus étayées. Fondamentalement ce livre ne devrait guère convaincre ceux qui ne veulent pas être convaincus. Je suis tenté de regretter un certain manque de punch :-) mais après tout l'auteur est libre de son style. Je recommande cette lecture rapide et efficace à ceux que le bullshit ambiant sur les merveilles de la start-up nation fatigue!

nostromo
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes étagères se remplissent , Ikea est content... et Lectures aux confins...

Créée

le 26 mars 2020

Critique lue 71 fois

2 j'aime

2 commentaires

nostromo

Écrit par

Critique lue 71 fois

2
2

D'autres avis sur Nos mythologies économiques

Nos mythologies économiques
Alcofribas
3

Mythologies vs. mythologies

De loin, Nos mythologies économiques ressemble à un salutaire travail de démystification ; de plus près, à un de ces livres d’actualité politique publiés sous le nom de quelque candidat avant quelque...

le 24 oct. 2017

2 j'aime

2

Du même critique

The Leftovers
nostromo
4

La Nausée...

Saison 1 seulement ! (Et pour cause!) The Leftovers n'est pas vraiment une série sur la "rapture" chrétienne, ni sur les extra-terrestres ou tout autre concept fumeux... Il y est plutôt question de...

le 29 sept. 2014

36 j'aime

10

Le Tombeau des lucioles
nostromo
10

La guerre, oui, mais d'abord l'enfance...

Quand j'ai vu "Johnny got his gun", je savais très bien à quoi m'attendre. Et ça ne m'a guère aidé... Pour "Le Tombeau des lucioles", je n'avais aucune idée de ce que j'allais voir, et je vois bien...

le 17 avr. 2013

35 j'aime

4