Tract

Ne vous attendez pas à une mise au point équilibrée et objective sur le monde du tourisme en lisant ce livre. C'est un tract, avec une dimension un peu personnelle. Ceux qui le liront sont ceux qui sont déjà convaincus des idées de l'auteur. Oui le marketing est un instrument du capitalisme pour créer des besoins, y compris dans le tourisme. Oui le consumérisme c'est mal et environnementalement désatreux. Mais de nos jours, un livre est-il le meilleur medium pour faire passer ce genre de message ? De mon point de vue c'est l'exemple même du livre inutile, qui va défouler son auteur et peut-être son lecteur, mais qui n'apportera pas grand-chose.

Ne vous attendez pas non plus à une grande rigueur intellectuelle dans l'exposition. On fait des parallèles, on place des invectives. A quoi bon les chiffres quand on peut filer des métaphores hasardeuses ?

Quant à proposer une alternative, d'un coup le livre se fait beaucoup plus concis et hésitant. Car il est plus facile, quand on se place sur le terrain de la morale, de condamner ce qui est répréhensible que de prescrire ce qu'il faut faire. Je vous la fais courte sur les alternatives que propose Rodolphe Christin : privilégier son environnement immédiat pour résister à la "dromomanie" (ce postulat que le mode de vie nomade est le plus ouvert et tolérant) ; voyager lentement, en rencontrant des locaux plutôt que d'aller reproduire les selfies que tout le monde a fait (merci Einstein) ; faire de la montagne, la montagne c'est cool (et là on sent toute la dimension subjective du livre).

Je pourrais reprendre chapitre par chapitre, mais vous avez les grandes lignes de ce qui m'a horripilé. Il y a quelques bonnes pages sur la naissance du conservationnisme et ce qu'il implique de rapport à la nature (p. 64-68).

En plus le titre se mesure au livre de Nicolas Bouvier, L'usage du monde, avec un certain pédantisme.

Pour le reste, lisez plutôt des livres de Knafou.