11H14
7.6
11H14

livre de Glendon Swarthout (1979)

B. James Butters est un drôle de loustic. L’auteur de Jérôme le Microbe et de Frisby la mouche, héros de fiction des petits et de grands, est aussi un excentrique de première bourre, amateur de costumes de marque et de voitures de collection. Viscéralement opposé à la violence, à la vue d’une goutte de sang, son cœur joue aussitôt au yoyo dans sa poitrine, il préfère écrire des histoires destinées aux enfants, non sans succès d’ailleurs. Pour l’amour d’une ex-petite amie redevenue sa régulière, il prend pourtant la route au volant de sa Rolls, quittant New-York pour les grands espaces du Nouveau-Mexique afin d’enquêter sur la mort suspecte de la saloperie répugnante qui lui a ravi l’amour de sa vie. Au pays des ploucs aux grands chapeaux, il ne tarde pas à se rendre compte qu’il est dangereux de sortir les vieux squelettes du placard.


Paru jadis en Série noire sous le titre mémorable (euphémisme) de Ré-Percussions, 11H14 est un récit tiré au cordeau, mêlant les poncifs du western et du roman noir. On n’en attendait pas moins de la part de Glendon Swarthout, bien connu pour ses western bankables. Deux d’entre-eux ont d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation au cinéma, Le Dernier des géants (aka Le Tireur) avec John Wayne dans le rôle titre et Homesman de Tommy Lee Jones).


Efficace et sans chichis, 11H14 ne cherche pas l’introspection et ne s’enferre pas dans les descriptions interminables. Resserrée autour d’une intrigue nerveuse dont on devine les ressorts assez rapidement, l’histoire vaut surtout pour son narrateur haut en couleur, débarqué de New-York comme un chien dans un jeu de quilles ou plutôt comme un chihuahua enragé dans une partie de piñata.


Avec son bagout irrésistible, sa ténacité et sa pugnacité face aux menaces – que voulez-vous, quand on aime le BIEN et HAIS le mal, on ne peut passer outre sur certaines magouilles – Butters s’attire la sympathie du lecteur, d’autant plus facilement que le bougre s’y connaît en sarcasmes assassins et en costumes voyants faisant de lui une cible idéale.


Avec 11H14, Glendon Swarthout reste droit dans ses bottes, accomplissant finalement de la belle ouvrage. Et, si l’intrigue ne brille pas pour sa complexité, on se console toutefois d’être en bonne compagnie avec Jimmy Butters.

leleul
7
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le 22 déc. 2020

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leleul

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