Je viens de visionner le film et ma critique est un peu le prolongement de ce que j’ai lu dans les avis déjà publiés sur le site. Le film est une série B (62 mn environ pour première partie de programme avant le grand film) et c'était donc un petit budget.

Les ambiguïtés qu'on relève sont intéressantes: par exemple, les chasseurs blancs sont présentés dans le texte d'introduction comme un mal mais un mal simplement inexorable. C'est le cas aussi dans l’action lorsque deux chasseurs observent les Comanches partir à la chasse. L’un dit: « ils vont en tuer un ou deux, pour manger ». On attend alors une autocritique mais non; en fait je crois simplement qu'ils pensaient "ils ne sont pas une concurrence pour nous". Il y a un parti pris déjà indirectement progressiste puisqu’on y dénoncent les voleurs se déguisant en « peaux rouges ».
Il faut noter que les Comanches (au moins ceux dont on aperçoit le visage) sont interprétés uniquement par de véritables indiens, ce qui sera plus rare dans les westerns des décennies suivantes.
Les cascades n'étaient pas encore encadrées par des règles de sécurité des animaux: on voit des fortes collisions de chevaux tracteurs de chariots sur le flanc d'autres chariots; ces animaux n'en sont certainement pas sortis indemnes.
Pour l'accélération de certaines scènes extérieures, il est possible que les caméras de plein air aient été encore sous équipées en moteurs fiables et réguliers. S'ils ralentissent, l'accélération se voit à la projection puisque le projecteur, lui, est bien normé à 24 images/seconde.

C'est un film d'action pure destiné à mettre en scène des charges de bisons et des attaques d'indiens. Il fallait quand même une héroïne en danger et un beau jeune premier courageux. La belle jeunette est convoitée par son beau père (père adoptif?) et chef de troupe de voleurs; à cause de cela, elle est détestée par sa belle mère (mère adoptive?). Le héros est un associé d'une troupe de chasseurs honnêtes. Les deux troupes sont donc ennemies; de loin, il y a du Roméo et Juliette au Far West.
Randolph Scott a déjà 35 ans et ressemble encore à ces Errol Flynn qui fleurissent alors à Hollywood. La belle Judith Allen (22 ans) se révèle une sacrée cascadeuse ; c’est son premier film. Sa carrière sera fournie au cours des années 30 mais uniquement dans des rôles secondaires (A signaler qu’à cette époque, après un défilé, cette découverte de Cecil B. DeMille avait été qualifiée de « fille au dos le plus parfait de L.A." ce qui fut confirmé par la publication des radiographies son dos).
On peut noter aussi la présence de Harry Carey (le chef des gentils) et de Noah Beery (le beau-père et chef des méchants) dont on connaîtra les fils (identités similaires avec Jr) dans nombre de westerns au cours des décennies suivantes, notamment chez John Ford.
En conclusion, le film est une petite curiosité pas désagréable, sans plus.

Je profite de cette critique pour informer les autres rédacteurs qu’il m’arrive souvent de lire les critiques pour guider mes choix d’acquisition des films. Je trouve donc dommage de trouver, dans certains avis, des révélations sur des éléments décisifs de l’intrigue que le spectateur n’a pas à savoir avant le visionnage (spoiler).
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le 12 mars 2015

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