Les films les plus attendus de 2022 selon takeshi29

Annotation :

Quand tu Drive si bien My Éric le conte est bon… (cf critique)

Annotation :

Stéphane Brizé prouve une nouvelle fois à quel point il compte dans le cinéma français actuel. Car c'est un talent d'utiliser les erreurs de ses films précédents, en l'occurrence "La Loi du marché" et "En guerre", pour en tirer un troisième qui atteint une forme de grâce retrouvée comme à l'époque de "Mademoiselle Chambon".

Le cinéaste continue son passionnant travail "sociologique" mais remet surtout le sentiment au centre du jeu, il considère à nouveau que les regards ont souvent plus de poids que les mots, surtout ceux d'un acteur avec qui il ne fait désormais qu'un, qui semble être son porte-voix autant que son double.

Regarder le duo-couple Lindon-Kiberlain évoluer à l'écran devient ainsi aussi émouvant que troublant, on ne sait plus vraiment qui on voit, des interprètes ou de vraies personnes qui (re)joueraient à quelques nuances près la comédie de leur vraie vie.

Et c'est ça aussi le cinéma : brouiller les pistes, instiller le doute. De doute en revanche il n'y a pas quant au talent de metteur en scène de Brizé, ce dernier plan, d'une beauté et d'une simplicité renversantes, vu il y a déjà trois semaines, ne me quitte plus depuis.

Annotation :

J'étais curieux de voir comment le scénariste de Joachim Trier allait se dépatouiller avec le genre horrifique, même s'il avait déjà prouvé qu'il n'était pas manchot en matière d'étrangeté avec "Thelma". Curieux et un peu inquiet aussi car on pouvait croire que tout avait déjà été produit dans la description de petits coquinous tout mignons plus intéressés à casser la gueule des adultes qu'à faire des châteaux de sable.

Et le résultat est épatant, car non seulement Eskil Vogt réussit un formidable amalgame entre "Le Village des damnés", "Les Innocents" de Clayton et encore "The Children" mais surtout y apporte une touche personnelle, avec ces enfants empêtrés dans leurs super-pouvoirs dont ils ne savent que faire, comme un corps qui évolue et qui encombre.

"The Innocents" pose la question de la victime et du coupable, joue avec nos peurs d'enfant comme avec celles de ses protagonistes.

Dorénavant quand je croiserai une petite blonde au sourire aussi démoniaque qu'angélique ce sera un coup de fusil et ensuite seulement on discutera...

Annotation :

S'il peut s'avérer clivant par sa violence non éludée, par son rythme lent et sa voix-off troublante, ce "Bruno Reidal" est assurément la claque parmi les films sortis ce mercredi.

Après son déjà très impressionnant court, "Le Gouffre", Vincent Le Port aura pris son temps pour accoucher de son premier long de fiction, et on comprend pourquoi : parfaitement documenté le ce film s'empare d'un fait divers et nous le raconte par le menu en "caméra embarquée". A l'intérieur du cerveau d'un tueur d'enfant lui-même à peine sorti de l'enfance. Il est questionné, se questionne, et par la force des choses nous questionne.

Inutile de dire que ce n'est pas confortable, qu'on sort de là secoué mais surtout persuadé d'avoir assisté à la naissance d'un réalisateur qui pourrait aller très loin, phénomène pas si fréquent.

Annotation :

En très peu de films Mikhaël Hers est déjà un cinéaste important, de ceux qui savent vous bouleverser par de simples gestes de mise en scène, un travelling, une façon de figurer le mouvement ou de s'approprier un lieu pour en faire un personnage, de vous ramener dans un de ses films précédents par un plan quasiment identique (Un parc et votre cerveau se rappelle d'Amanda, et de larmes que vous n'arriviez plus à dissimuler).

Ici il nous renvoie dans les années 80, mais pas en nous imposant une reconstitution lourdingue, et si on se croit retourné en arrière en l'espace de quelques minutes c'est plus par des ambiances, des souvenirs qu'il fait remonter à la surface en convoquant aussi bien Bulle Ogier que Bernard Lenoir.

Et là boum on prend un prend un bon coup de nostalgie dans la figure, mais pas en se disant que c'était mieux avant, non c'est juste doux d'être là, avec ces personnages qui pourraient être votre famille, vos amis, vos amants.

Annotation :

JB Thoret à son meilleur, profitant de ce documentaire sur Cimino pour prolonger son passionnant “We Blew It”, pour poursuivre la route et rencontrer cette Amérique loin des radars, celle qui vit autant dans un “Barfly” que chez Wiseman.

Si en tant que passionné de Cimino je regrette le peu de place consacrée aux autres films que “Voyage au bout de l'enfer” l’amoureux de cinéma s’est régalé car cette “version longue” * est un film fait pour la salle, ambitieux en terme de mise en scène, de travail sur le son.

* Ce film qui sortira au ciné le 19 janvier est la version longue (130 minutes qui défilent à une vitesse folle) de "Michael Cimino - God Bless America" diffusé sur Arte en mai dernier.

Annotation :

Ça c'était à Un Certain Regard et c'est certainement l'un des films à hauteur d'enfant les plus stimulants sortis depuis un bon moment.

Laura Wandel choisit le principe du huis-clos horrifique pour nous mettre dans la peau des protagonistes, pour nous faire ressentir l'étouffement, la violence qui monte, l'ennemi qui approche, à moins que nous ne soyons Karim Leklou qui n'a comme seule arme que son impuissance, voire son aveuglement.

Vous rêviez d'une "Guerre des boutons" où Petit Gibus serait tenté par la pratique du MMA, la Belgique l'a fait...

Annotation :

Là bien entendu je n'irai pas jusqu'à parler de surprise, encore que..

En effet je n'osais plus espérer Paul Thomas Anderson dans ce registre, capable de la modestie nécessaire pour aborder un genre où ses démonstrations de force habituelles n'auraient pas été les bienvenues. C'est tout simplement du cinéma qui fout la pêche, avec son duo attachant, ses seconds rôles savoureux, sa reconstitution tellement fun d'une époque, le tout servi par une mise en scène d'une classe folle sans être ostentatoire, et une BO qui fait du bien aux cages à miel.

Et comment ne pas parler de ces deux jeunes acteurs qui semblent nés pour leurs rôles. Le fiston Hoffman était attendu au tournant, il est incroyable, et que dire d'Alana Haim, au charme aussi dévastateur que sa musique.

Annotation :

Humeur de la Secte Sang-soo... (cf critique)

Annotation :

On est toujours le pauvre de quelqu'un...

Autre très belle découverte du festival Hanabi "Aristocrats" est un film sur les illusions perdues, un portrait croisé de femmes en cinq chapitres, sur leur place dans la société japonaise (On se rappelle alors de ce que nous en avait dit Ryusuke Hamaguchi dans le merveilleux "Senses"), mais aussi une description terrible de la bourgeoisie que n'aurait pas renié un Chabrol.

C'est à la fois élégant et cruel, admirablement construit, interprété. Ça devrait sortir le 30 mars et je ne peux que vous encourager à vous y précipiter.

Annotation :

A tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le cœur… (cf critique)

Annotation :

Encore un film, celui-ci sortira le 6 juillet, qui démontre l'incroyable diversité et vitalité du cinéma nippon, cette "Famille Asada" est tout à la fois un feel-good, un mélo déchirant sur fond de catastrophe de Fukushima, et une épopée familiale.

Dressant le portrait d'un garçon qui a du mal à grandir, à trouver son chemin dans la vie, Ryôta Nakano s'empare de cette histoire vraie pour rendre hommage à ceux qui ont tout perdu, à ceux qui les ont aidés, à ceux qui croient que l'altruisme a encore sa place dans ce monde qui se fout de la notion d'humanité.

Un film sur la fragilité des choses, sur l'importance du souvenir, un film qui fait pleurer mais dont on sort heureux, avec une seule envie : photographier ceux qui nous sont chers, pour ne jamais être rattrapé par l'oubli.

Annotation :

Parfaite façon de refermer le festival Hanabi, la filmographie de Kôji Fukada étant à l'image du cinéma japonais, d'une diversité incroyable, en renouvellement perpétuel.

Après avoir rendu hommage à Rohmer dans "Au revoir l'été", c'est cette fois du côté d'un ses disciples, Emmanuel Mouret, qu'il va se balader. Mêmes personnages lunaires et situations dont seul le cinéma peut accoucher, même fantaisie décalée.

Nul doute que ce premier volet du diptyque "The Real Thing" (qui sortira le 11 mai) va diviser et perdre quelques spectateurs en route mais perso je me suis régalé et j'attends le 18 avec grande impatience pour découvrir la suite et fin des (més)aventures de Tsuji et Ukiyo.

Annotation :

Ce documentaire japonais qui sortira chez nous en 2022 est un drôle d'objet, déstabilisant mais surtout saisissant.

Il y a ici deux parties distinctes. Dans la première le Professeur Yamamoto est face à ses patients qu'il va bientôt devoir "abandonner", on saisit alors la perte de repère de ces derniers, effrayés à l'idée de devoir avancer sans leur phare, la seule personne apte à les apaiser. Dans la seconde le professeur redevient Monsieur Yamamoto et retrouve Madame, fortement handicapée. On comprend alors, par petites touches, leur passé, les sacrifices consentis et la dévotion totale dont ils ont fait preuve envers des femmes et des hommes perdus qu'ils ont accompagnés au quotidien dans un cabinet mais aussi dans une maison, les accueillant chez eux, leur offrant le gîte et le couvert.

Un film incroyable, un témoignage très fort sur ce que peuvent être le don de soi, l'humanisme et la vieillesse qui soudain survient.

Annotation :

Même si j'en attendais plus en terme de cinéma pur il s'agit d'une expérience assez incroyable, d'autant plus à notre époque où chacun court après le temps. Car c'est bien cette notion de temps que questionne le film, celui qui défile devant nous, sur un écran, sans un brin de spectaculaire (À côté Wang Bing et Bêla Tarr c’est du Tarantino) ni réellement d'enjeu dramatique, et donc dans notre vie de spectateur.

Sommes-nous prêt aujourd'hui, dans ce monde frénétique, à tout arrêter durant 8h38 ? A ne pas regarder notre téléphone, à ne pas être joignable, à ne pas être en proie à la moindre sollicitation, à laisser notre cerveau vivre sa vie, divaguer, se reposer ? L'ennui est-il encore possible ?

Si j'en crois certaines réactions entendues de la part d'exploitants présents à ce prévisionnement j'ai une bonne partie de la réponse : la productivité est partout et on résonne même dorénavant en calculant le nombre de films qu'on aurait pu voir durant ces 8h38.

NB : Le film sera distribué par Capricci en trois parties, et donc les exploitants téméraires, et il en existe, seront libres de proposer cette expérience un peu folle sur une journée ou en l'étalant sur plusieurs.

Annotation :

Roxy, Kate Bush, Zora la rousse et le papa d'un ange bleu... (cf critique)

Annotation :

J'aime les réalisateurs qui ont des univers, cependant ce très sympathique "Red Rocket" me fait craindre que Sean Baker n'ait trouvé une recette qui finisse à terme par l'enfermer. Il est touchant de le voir réinvestir les mêmes lieux, travailler des plans quasiment similaires, mais parfois l'auto-parodie guette.

Pour ne parler que de ce film en particulier il faut avouer que le garçon est fort pour croquer des personnages, pour nous les rendre attachants malgré leur côté tête à claque, raté, etc. Son Mikey semble incarner le vide absolu et pourtant on s'aperçoit au fur et à mesure que ce n'est pas si évident, qu'il y a plus de complexité, de blessures chez cet homme que l'apparence d'un corps bodybuildé et d'un sexe sur pattes.

Ses oubliés de l'American Dream sont toujours aussi touchants, amusants, mais pourquoi 128 minutes ? Le rythme frénétique du film aurait mérité de ne pas en rajouter, une bonne coupe aurait permis d'éviter ce surplace qui emplit une partie du récit.

Annotation :

De manière presque inexplicable je n'ai pas passé un mauvais moment, pourtant Guillermo del Toro a de plus en plus tendance à se "JeanPierreJeunetiser" et son hommage aux films noirs est si révérencieux et propre que le tout est au final aseptisé, quasiment chloroformé.

Peut-être l'avantage d'arriver après "La Forme de l'eau", plus gentillet qu'un Disney, tout passe plus facilement. A moins que quelques souvenirs du sublime "Freaks" de Browning n'aient aidé à égayer cette séance bien vite oubliée.

Annotation :

On ne va pas raconter d'histoires, ce n'est pas le meilleur Kervern-Delépine, la faute à une seconde partie où le récit patine jusqu'à ne plus trouver de réels ressorts comiques, mais en attestent les réactions de la salle où je me trouvais, la première est une des choses les plus drôles, mélange de burlesque et de dialogues aux petits oignons, vues depuis bien longtemps.

Comme toujours avec le duo, c'est furieusement politique, cette fois même de manière frontale, et l'humour est un prétexte pour parler avec un mélange d'amusement et de désespoir de notre époque de dingues. Et c'est bien entendu un film d'acteurs, et là c'est peu de dire que Macaigne, Cohen, la sublime India Hair & Co sont en grande grande forme.

Annotation :

Ce "Moneyboys", bien que ne prenant jamais vraiment son envol, est d'une grande beauté formelle, certaines scènes sont même hypnotisantes, entre la moiteur d'un Trần Anh Hùng et les néons d'un WKW. Ceux qui avaient aimé le récent "White Building" devraient y trouver leur compte.

Annotation :

Bouli Lanners est décidément un être à part, qui aime visiblement prendre des risques. Ainsi pour son cinquième film (Le moins bon, on ne va pas se mentir) on le retrouve non loin d'un univers qui n'est pas sans rappeler celui d'une Jane Austen, ou encore plus de l'un de ses disciples contemporains, Graham Swift.

Il peut ainsi s'en donner à cœur joie avec le cinémascope qu'il affectionne tant, saisissant merveilleusement des paysages qu'on pourrait croire sortis de "La Fille de Ryan". Mais toute comparaison s'arrête malheureusement là avec le monument de David Lean, cette "Ombre d'un mensonge", qui sortira le 23 mars, souffrant d'un défaut rédhibitoire : le scénario. On se dit régulièrement au cours de ces 99 minutes que « ça cloche », nous laissant empêchés d'être totalement embarqués, absorbés par ce récit qui ne manque pourtant pas d'attrait.

Mais je t'aime hein Bouli, devant ou derrière la caméra, et ce n'est pas ce léger accroc qui va changer quoi que ce soit à cette réalité. (Et le morceau de Spain dans le générique de fin était là pour me rappeler que toi et moi c'est du solide.)

Annotation :

Hier j'ai enfin entendu une voix dissonante parmi les habituels amateurs de Guiraudie à propos de ce "Viens je t’emmène", et je dois avouer que ça m'a soulagé de savoir que je n'étais pas seul à l'avoir trouvé en permanence à côté, comme si le ton toujours aussi perché du bonhomme ne pouvait se marier avec cette charge (pourtant bien sentie) contre notre société actuelle.

J'aime le mélange des genres mais là rien à faire elle m'a mis mal à l'aise, et ce malgré Noémie Lvovsky, toujours aussi convaincante, et Jean-Charles Clichet, aussi lunaire et touchant qu'un Vincent Macaigne.

Annotation :

Kristen Stewart disait il y a peu en interview qu'elle avait passé sa carrière à se planter dans ses choix, et elle n'a pas totalement tort car revêtir les habits de Diana après s'être vautrée dans ceux de Jean Seberg avait par exemple tout de la fausse bonne idée.

Après on peut comprendre que dire non au talentueux Pablo Larraín ne doit pas être chose facile. Pablo Larraín qui ici s'auto-caricature, avec ses mouvements de caméra, son travail sur l'espace, mais ce qui avait provoqué un choc avec "Jackie" n'est cette fois que tics et toc, bavardage et hystérie.

Je pestais après les distributeurs français de ne pas avoir fait le nécessaire (Traduction : fait un très gros chèque) pour que ce "Seberg" soit visible sur grand écran, mais force est de constater, encore une fois, qu'ils n'ont pas forcément eu tort.

Annotation :

P.... quel cauchemar, le développement personnel et la résilience envahissent même le cinéma américain, un cinéma américain pseudo-indépendant avec ses airs de trucs stylisés à la Noah Baumbach.

Signer une belle surprise comme "20th Century Women" pour accoucher ensuite de cette sublime arnaque, tel était donc le destin de Mike Mills.

Annotation :

Seule déception du festival Hanabi, mais dans les grandes largeurs. L'ouverture fait penser que ça va envoyer du lourd en terme de mise en scène mais même à ce niveau on comprend très rapidement que c'est de l'esbroufe. Romance mélodramatique qui part dans tous les sens sans qu'on y croit une seconde, casting à l'image des personnages, soit un charisme de bulot, tentation d'aller vers le téléfilm érotique du dimanche soir sur M6 sans vraiment l'assumer.

Bref ça ressemble à un DTV des années 90 mais problème, ça va sortir en salles le 9 mars. Planquez-vous !

Annotation :

Parfois on est en colère après les distributeurs parce qu'aucun ne se décide à acheter un film (hors de prix soit dit en passant, ceci expliquant en grande partie cela), et puis on le voit...

(J'ai tenu quasiment une heure, au prix de gros gros efforts)