Weeping Willow

Bon. Au vu des 2 premiers épisodes, je pensais arriver sur un 5,5 ou 6/10 pour cette série, car elle me paraissait meilleure que The Witcher : L'Héritage du Sang... Erreur. Après les épisodes suivants, je retombe à 4,5 et ce, sans avoir vu le final. Je ferai une mise à jour de ma note après son visionnage.

Dur, dur labeur que de reprendre un des prémices du cinéma fantastique. Encore plus quand le premier film a 35 ans. Mais alors là, réussir à se manger à ce point, c'est costaud.

Classique du cinéma, Willow est l'histoire d'un Nelwyn (sorte de nain) qui trouve un bébé, Elora Danan, une élue magique supposée sauver le monde. Malheureusement, la cruelle sorcière Bavmorda ne l'entend pas de cette oreille, et veut la vie de la pauvre enfant. Via de nombreuses péripéties, des rencontres burlesques et une tentative de devenir magicien, Willow sauve le monde de Bavmorda avec un tour de passe-passe. Certains parlent alors du ridicule de la chose, mais cette prouesse est digne de celle du Magicien d'Oz, et la cible prioritaire du métrage est un public en bas âge. Quoi d'anormal, donc, d'autant plus que les personnages sont attachants, les paysages beaux, les musiques bonnes et l'intrigue simple invite à se laisser porter. Mais ce film date de 1988. Et la série, sa suite, n'était vraisemblablement pas prévue, ou alors...

La série semble se passer moins de 35 ans après les évènements du film. On y retrouve des gens que l'on ne connaît pas au début, mais suite oblige (surtout 35 années plus tard), il faut introduire de nouveaux persos. Jusqu'ici, tout va bien. On rencontre alors Princesse Fougueuse et Jeune Paladine, sa copine qui veut être chevalier. Oui, les noms ne sont pas très importants, surtout vu la taille des ficelles scénaristiques accordées à chaque personnage, qui sont littéralement des poutres de béton armé.

Princesse Fougueuse est en somme teigneuse, arrogante, exaspérante, et apparemment bien pire que moi pour détecter les signaux de love. Jeune Paladine est athlétique, gentille, suiveuse, et laissée de côté... Bref. Elles s'entraînent, retournent au château, et paf, on rencontre Prince Fougueux, le frangin de Princesse Fougueuse. Il est très fougueux, il veut faire des bisous à toutes les filles : des trucs de princes. Et là, on rencontre Kikecé, la copine du moment de Prince Fougueux. Kikecé, elle a un nom rigolo comme ça, parce que franchement, dès les premières 10 minutes où tu la vois, tu sais qui c'est.

Bon, on voit aussi la gentille fille de Bavmorda qui était là dans le 1, Reine Fougueuse, la maman de qui vous savez, les Fougueux, même si elle ne peut plus trop l'être vu que Mad Martigan, son mari du film, a disparu. Et en gros, là, on suit ces gens pendant un petit temps, en nous teasant le reste de la Communauté de l'Anneau (en moins stylé). Il y a Prince Timide (qui se révèlera avoir besoin d'un bon psychiatre), Grand Barbu (mon préféré (c'est pas ironique)), et puis VieuKiKouine. Ce dernier est introduit pour montrer que si si, les vieux, c'est cool. Son temps à l'écran est aussi long que l'équipe du Qatar à la Coupe du Monde 2022. Bref.

Voilà, on a tout notre petit monde. Mais où est Willow, me direz-vous ? On y vient.

En gros, Bavmorda est morte mais pas trop, elle a plagié Voldemort et a placé des Horcruxes à droite à gauche, donc hop hop, petit retour magique, v'là que j'envoie 3 zigs pour capturer Prince Fougueux, et le tour est joué !

On a la quête. Chercher le prince le plus inutile du monde. Après, il est prince, donc normal, géopolitique/pouvoir/argent tout ça tout ça, on va le chercher.

Notre bande de joyeux lurons se forme alors, et tandis que VieuKiKouine meurt d'une crise d'asthme, les autres sortent de l'enceinte magique du royaume pour aller chercher le prince. Ah oui, et Kikecé, elle vient aussi, bien qu'elle ne soit que boulangère/pâtissière. On sait jamais, perso, je kiffe les chocolatines (oui, ce n'est pas une erreur) le matin. C'est toujours ça. Même face à des monstres dégueux qui pervertissent toute âme touchée ? Oui. On ne pervertit pas un pain au levain impunément, diantre !

Et à partir de là, c'est très flou, parce qu'en gros ce sont les 2 premiers épisodes, et ce sont les mieux réussis. Un drame que le "mieux" se passe sans la présence de Willow, le protagoniste éponyme, quand même.

M'enfin, en forêt, Kikecé apprend qu'elle est (surprise !) Elora Danan, l'élue de la prophétie ! Ca, c'est cool, parce que faire des baguettes, c'est stylé, mais en faire des magiques, c'est juste hypra fort (OK j'arrête). Là, ils croisent Willow, qui se la joue maire au village, et puis, non, tu comprends, je suis au chaud chez moi, heureux de vous voir, c'est cool, mais je peux pas venir avec v- Oh, tu es Elora ? Double cool ! Regarde comme on est bien chez moi. Tu veux rester ? Non ? Oh, allez, si vous insistez je viens. Non, vraiment. Insistez sivouplé.

Donc, la Compagnie Guignole repart avec à son bord Willow, du moins ce qu'il en reste, et Nain Suicidaire, son meilleur copain. C'est un nain qui grogne beaucoup et qui accompagne Willow dans sa quête de la sobriété (il cherche à arrêter les herbes magiques). Sauf que ce nain se bat avec 2 dagues. Mais genre hyper courtes. Alors, physiquement, il n'a pas une allonge très longue, mais en plus avec des dagues, c'est comique. Il reste néanmoins un des persos les plus attachants, car il parle peu, mais quand il le fait, c'est soit un clash (auquel on adhère), soit pour aider Willow à remonter la pente.

Et là on arrive dans le creux de la série. Un creux qui s'avère chaque épisode plus vide. Et surtout, surtout, bourré d'incohérences. Ça m'a tellement déplu que j'en avais les poils qui s'hérissaient et j'en riait avec mon père. Liste :

-les COSTUMES : pas compliqué, heroic fantasy, tu fais quoi ? Des trucs type Moyen-Âge. Bah là, déjà que trop d'armures (dont l'armure bullshit niveau 99) font plastique à souhait, en plus, il y a juste sans explications, et retenez le 0 explication... des nanas en bûcheronnes américaines dans un cottage. Et un pêcheur sapé comme sur un chalutier en 1950. Mais... POURQUOI ?

-les choix des persos sont lunaires. On a des backgrounds pour chacun, mais ils font tous en sorte de prendre les pires décisions possibles (j'ai une double personnalité ? Je sais ce qui est arrivé à ton père ? Je n'ai pas de vrais pouvoirs ? Et si on MENTAIT ???).

-les lieux et les situations s'enchaînent trop vite. On a les chevaliers pervertis, la cuirasse du passé que Mad Martigan il la voulait, les cannibales qui en fait sont plus trop cannibales, #peace #coeursurtoi #mangepasmonpote, les trolls qu'en fait ils sont grave intelligents (d'après le script), la formation CAP magie d'Elora à Mach 20... Wow, wow, wow, moins vite ! J'aime une série rythmée, mais c'est bien quand elle le fait pour développer ses personnages !!!

-n'oublions pas le générique de fin de chaque épisode : perso j'ai apprécié, même si ça fait teen série (chaque épisode = un morceau pop-rock), mais le problème c'est qu’au sein des épisodes, les musiques viennent s'emboîter de façon très maladroite. Ils auraient pu jouer dessus, faire ça en absurde, no problem, mais ici c'est trop souvent brouillon (sauf pour le bal des cannibales, je sais pas pourquoi mais j'ai aimé cet épisode malgré ses défauts)...

-en parlant de brouillon, la pire scène de la série est celle de la fuite dans les bas-fonds de la montagne des trolls. Quand ils marchent sur le lac de terre couleur lave avec de l'eau bizarre en-dessous... Elora et Princesse Fougueuse (ma BFF, je la supporte plus) se prennent le bec au milieu de leur fuite, avec Fougueuse qui fait sa crise, alors qu'ils sont juste en danger de mort immédiat (trolls + stalactites géantes). Choix débile des persos, dialogue plus que bancal, et en fond... les voix des autres persos qui les appellent parce que c'est dangereux, mais on les voit en flou en arrière-plan et... ils se dandinent d'un pied sur l'autre. Littéralement. En mode PNJ. Juste, imaginez : vous êtes poursuivis par des loups, vous marchez sur de la glace instable et des stalactites vous menacent, quand soudain vos 2 copines se bouffent le nez. Que faites-vous ? Oui, vous les abando- NON ! Vous allez les chercher ! Au moins ! Ici, non, on attend en poussant de petits râles du type "Kikecé qui a la plus grosse", "Fougueuse, descends de tes grands chevaux stp"...

Ah oui, et il y a les passages avec Prince Fougueux, seul, dans une ville déserte, avec une jolie fille qui le repousse puis l'embrasse... Fougueux vit son fantasme de collégien. C'est quand même supposé être une prison de fou filou tirée d'une cité antique (d'où provient la cuirasse bullshit level 99).

Update : J'ai fini la série, et franchement, le final est pas trop mal. Il relève le niveau vis-à-vis des épisodes précédents trop vides, et le combat final, bien qu'un peu brouillon, est sylé. On a enfin l'occasion de voir l'armure trop cheatée à l'oeuvre, et bien qu'elle fasse beaucoup "Iron Man", elle est sympa. Il y a toujours des incohérences par-ci par-là, surtout au niveau des dialogues (Fougueuse qui sort un "j'ai toujours dû lutter pour faire ce que je voulais dans la vie" quand elle est une princesse... guerrière, en plus...), mais autrement ça se regarde bien. A la fin, une 2ème et une 3ème saison sont annoncées, et je ne sais pas pourquoi mais en vérité je suis assez content. Le final nous présente une dark-Elora face à son armée de l'enfer qui veut s'allier avec le Prince Timide (le pauvre est oublié direct par ses coupaings, c'est pô juste (même si la vraie Elora l'aime bien)) pour contrôler le monde, et ça marche. Juste... Bavmorda qui embrasse son petit-fils Fougueux, à part que c'est dégueux parce qu'elle se décompose, c'est illégal, hum hum... Et puis le final sur "Money For Nothing"... J'ai ri. J'adore ce morceau, ne vous détrompez pas, mais les paroles c'est juste une critique littérale de la société de consommation. Ca n'a rien à voir avec un retour d'un big boss méchant. Donc en sachant que les show-runners sont Américains, ils auraient peut-être dû enlever les paroles (qu'ils comprennent) et ne garder que le riff de guitare, à la limite, qui ici encore rend bien.

Finalement, j'ai quand même apprécié cette série. Il y a un certain aspect nostalgique et facile à suivre, ça se regarde et l'univers, bien qu'inconsistant, est agréable. J'ai aussi aimé l'humour, surtout de Grand Barbu. Que de Grand Barbu. Heureusement qu'il était là (malgré son écriture stratosphérique), parce que si j'avais dû me contenter des vannes d'Elora, je pense que j'aurais déjà demandé à Bavmorda de me corrompre pour ressembler à une limace en armure. Sinon, le jeu d'acteur en général n'est pas trop mal, vraiment : pour moi ce n'est pas les acteurs le problème, ce sont les scénaristes. Non mais sincèrement, je m'inquiète de leur salaire là : ils ont probablement été bien payés pour écrire ça. Ce n'est pas honteux, mais peut-être que ça devrait l'être. Toutefois, honnêtement, je dois reconnaître avoir aimé cette série : seulement, si je reste honnête, il faut montrer les très (trop) gros défauts qu'elle a. Je l'ai quand même préférée au spin-off de The Witcher mentionné au début de cette critique ; néanmoins, ce n'est pas un argument pour crier au chef d’œuvre... Pour conclure sur du positif, après mon visionnage de la fin, je mets un 5/10, parce que j'ai quand même apprécié la série, même si j'ai trop souvent levé les yeux au ciel.