Très inégale en termes de qualité, cette série sans grande prétention vaut d'abord pour ses personnages (archétypaux au point de friser la caricature, mais aussi curieusement qu'irrésistiblement charismatiques - Davies et Harrison en tête -), au point de faire tout le sel d'une première partie bien écrite, certes, mais extrêmement convenue (dans le genre "demain à la une" ou "code quantum"). Les intrigues sont souvent habiles et bien ficelées (parfois franchement sans intérêt, hélas), mais elles ne suffisent pourtant pas à légitimer un visionnage plus qu'épisodique. Heureusement, très rapidement, la volonté des auteurs de renouveler le genre se fait sentir (plus ou moins adroitement, d'ailleurs), tandis que les pistes de développements sans intérêt sont aussi judicieusement que définitivement abandonnées (exit la soeur de Tru et ses problèmes de drogue, ouf !). Lentement mais sûrement, l'ensemble se cherche une unité et mieux que cela, une identité.

Identité qu'elle finit par trouver, d'ailleurs, avec l'apparition soudaine du personnage de Jack Harper, lequel catapulte illico toute cette insouciante "fantaisie fantastique" dans un monde tout à coup beaucoup plus noir, ambigu et riche de problématiques nouvelles(avec de toutes petites pépites de crises existentielles dedans). Un rôle, précisons-le, remarquablement bien écrit jusque dans ses moindres répliques (un vrai régal) et tout aussi remarquablement interprété(quoi que l'on puisse penser de l'interprète).

Dès lors, et à compter du dernier épisode de la première saison, le jeu du chat et de la souris pervers que se livrent les protagonistes ne cesse plus d'aller crescendo avec un brio qui ne peut que laisser admiratif. Rarement une production américaine sera allée aussi loin dans la déconstruction des mythes et dans le brouillage de repères, au point que l'on ne peut que regretter l'interruption inopinée (bien que compréhensible, ceci expliquant sans doute cela) d'une série dont le caractère non manichéen ne pouvait pourtant qu'emporter l'adhésion.
Liehd
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Une bonne série, c'est bien. Mais une série bizarre, c'est mieux.

Créée

le 27 janv. 2014

Critique lue 876 fois

4 j'aime

Liehd

Écrit par

Critique lue 876 fois

4

D'autres avis sur Tru Calling : Compte à rebours

Tru Calling : Compte à rebours
__Clap
6

Critique de Tru Calling : Compte à rebours par __Clap

C'est le genre de série qui ne fait pas preuve d'une grande originalité, ni d'un intérêt immense, mais qui, pourtant, se laisse agréablement regarder et convient parfaitement aux petites après-midi...

le 25 juin 2010

6 j'aime

Tru Calling : Compte à rebours
Francis-San-Marco
8

La dichotomie : Un outil fort pratique

Juste au cas où, je risque fort de ne pas évoquer la série dans le détail. En effet, même si les épisodes sont théoriquement indépendants les uns des autres, il y a un bon gros fil rouge des familles...

le 13 mars 2019

5 j'aime

1

Tru Calling : Compte à rebours
Liehd
8

Tru... Aide-moi ! (air connu)

Très inégale en termes de qualité, cette série sans grande prétention vaut d'abord pour ses personnages (archétypaux au point de friser la caricature, mais aussi curieusement qu'irrésistiblement...

le 27 janv. 2014

4 j'aime

Du même critique

Black Mirror
Liehd
5

En un miroir explicitement

Avant d'appréhender une oeuvre comme Black Mirror, il convient de se poser la question qui fâche : pourquoi un auteur se pique-t-il de faire de l'anticipation ? Réponse : parce que c'est un genre "à...

le 7 mars 2016

104 j'aime

37

Coherence
Liehd
8

C'est dans la boîte !

Leçon de physique quantique, appliquée au cinéma : L'expérience est simple. Enfermez huit acteurs de seconde zone, cinq nuits d'affilée, dans votre pavillon de banlieue, isolez-les de l'extérieur,...

le 19 mai 2015

100 j'aime

Andor
Liehd
9

Le Syndrome Candy Crush

Puisqu'on est entre nous, j'ai un aveu à vous faire : au départ, je ne voulais pas regarder Andor. Après avoir tourné la page Obi Wan, et usé de toute ma bienveillance partisane à lui trouver des...

le 31 oct. 2022

93 j'aime

26