This Is Us
7.6
This Is Us

Série NBC (2016)

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Concept



« This is us » raconte l’histoire de différentes personnes, liées les uns des autres par des liens familiaux.
Le concept de la série, c’est de retracer, via des flash-backs, l’histoire de chacun, de l’enfance à l’âge actuel. Ce qui permet de voir à quel moment leurs problèmes sont survenus, graduellement ou dû à un traumatisme, que ce soit une addiction, de la jalousie fraternelle, ou un terrible accident. A travers plusieurs exemples, on peut voir comment les événements de l’enfance, le comportement des parents, ont encore une influence des années après.
L’originalité de ce concept, et ce qui en constitue sa grande force, est de permettre de suivre une histoire sur plusieurs générations. Où l’on peut voir que les tourments ou les défauts des parents rejaillissent sur les enfants, qui soit reproduisent la même histoire, ou tentent de s’en défaire. Mais les démons des géniteurs peuvent les poursuivent toute leur vie, tel un démon qui n’attend qu’un signe de faiblesse. Et il arrive que l’occasion leur est donné de corriger les erreurs de leurs ainés, quand ils ne réalisent pas, parfois à la génération d’après, le rêve de ceux avant eux.
Par ses multiples aller-retours dans le passé, on découvre ainsi comment chaque vie est composée d’une multitude de moments, comment chacun résonne entre eux à travers le temps. Ces aller-retours permettent de tracer des parallèles ou des liens entre deux époques, alors que les personnages n’ont guère conscience de jouer à ce moment une histoire transgénérationnelle.
Ce concept d’alternance temporelle fait donc toute la force de la série, et présente un potentiel et une puissance inégalés. Ce ne sont pas seulement des personnages dans toute leur complexité qui sont abordées, mais toute leur évolution à différentes étapes de l’existence, les différentes incarnations d’eux-mêmes à différents âges, et surtout les liens qui les unissent à d’autres, leurs parents dont ils ne pourront jamais totalement connaître l’histoire et que pourtant ils continuent malgré tout, et toutes ces rencontres avec d’autres personnes qui auront un impact plus ou moins majeurs.
Passé, présent, osant même quelques scènes dans le futur ! Poussant le concept encore plus loin, esquissant pas moins de 3 générations…


Un discours, en apparence léger, de Kevin, pas toujours le plus réfléchi mais qui comprends mieux que beaucoup d’autres personnes certaines choses de la vie, résume parfaitement la série.
« …cette chose magique, aux couleurs sauvages, qui n’a ni début, ni fin…je pense que c’est nous »
Par ces différentes histoires plus ou moins compliquées, on comprend en effet que l’on ne fait que continuer une histoire commencée bien avant nous, et qui sera continuée bien après.


Comment décrire l’impact émotionnel que peut produire ce genre d’histoire ? Peut-être est-ce moi personnellement qui la ressent pleinement… Moi qui en plein cap de la trentaine avec ses questionnements, moi qui a quitté le carcan familiale sans en avoir encore construit un nouveau, qui me demande quel homme on a fait de moi, et qu’est-ce que je vais bien pouvoir transmettre à la génération d’après ? Malgré son lot de drame, chaque épisode me procure en tout cas un vrai plaisir. Ou alors peut-être que ce genre d’histoires résonne avec les questions existentielles que chacun peut se poser, sur sa place dans le monde et dans l’histoire de l’humanité qui est en train de se jouer. Et ce d’autant plus si les histoires racontées ressemblent à celles que l’on a pu vivre.
Toujours est-il que la série est reconnue pour son potentiel lacrymale, ou même les plus insensibles risquent de ne pas rester indifférent…



Construction de la série



Chaque problématique auquel font face les personnages, est développée de plusieurs façons, non seulement à travers différents moments de leur vie, mais aussi du fait que le même trait de caractère, la même vulnérabilité psychologique peut se révéler de différentes manières. Ce n’est qu’au fil des épisodes, et parfois plusieurs saisons après, que l’on parvient à mieux comprendre, percevoir les personnages et leurs failles dans leur ensemble. 4 saisons au compteur, et on découvre encore des détails, de nouveaux éléments qui viennent s’ajouter au portrait déjà esquissé. On comprend bien ainsi comment un traumatisme continue de les affecter de longues années après. Ou même ceux qui semblent le plus stable, sont perturbés en profondeur…
« This is us » présente ainsi une justesse et une pertinence psychologique rares. Je ne connais guère que « six feet under » qui surpasse cette profondeur…


L’intrigue la plus développé reste la tragique mort du père. Passée sous silence lors de la saison 1, elle n’est traitée qu’en saison 2 où elle est montrée lors d’épisodes très poignants, des concentrées d’émotions pures. Dans cette saison seront pleinement abordés l’impact que cette disparition précoce a eu sur les enfants, et notamment Kevin. Mais l’on constate, en saison 4, que Randall, en apparence le moins touchée, ne cessait de regretter de ne pas avoir essayé de le sauver…


Certains épisodes mixant les histoires de chacun autour d’un thème commun (exemple naissance), montrant que l’on est tous dans le même bateau, que l’on rejoue la même symphonie à travers les âges, partout sur Terre. Dans ces moments-là, et dans bien d’autres, le tableau sans fin de Kevin prend alors tout son sens.


Malgré un nombre d’épisodes relativement élevés (18 épisodes), la série trouve pour le moment encore à raconter (traumatisme familiale en saison 2, histoire secrète durant la guerre au Vietnam du père et de l’oncle en saison 3).
Et le plus étonnant, c’est que la série parvient, malgré tous ses flash-back de plusieurs périodes répartis sur bon nombre d’épisodes, à conserver sa cohérence. Ce qui n’est que détails est développé plus tard, ou les scénaristes prennent bien soin d’éviter d’aborder certaines histoires pour mieux les développer ensuite.


La mort du père dans la saison 1 ou l’existence de son frère


C’est que « this is us » est une série espiègle, elle brouille les pistes, cache des détails, nous amène exprès vers de mauvaises interprétations. Par moment elle nous trompe même sur l’époque à laquelle les scènes se situent….


Drame oblige, la série brasse les éléments habituels (maladies, accidents, ruptures…), et il est vrai que la famille Pearson semble rassembler tous les maux de la Terre ! Mais « this is us » évite pour autant de sombrer dans la facilité du pathos, le scénario, le jeu des acteurs et les dialogues, le ton très juste, permet de produire les émotions voulus, sans trop en faire et sans dénaturer. Quelques rares intrigues pas toujours convaincantes mais que les scénaristes ne font pas durer (le centre de santé ou va Kate en saison 1, un ancien prétendant de Rebecca qui se pointe après leur rencontre…).
En plus de ces thèmes courants, la série aborde aussi des thèmes moins communs comme l’adoption ou les troubles alimentaires.



Personnages



Parmi les membres de la famille Pearson dont on sera très vite attaché, il y a donc :
Randall, adopté, rejeté par ses parents, vit dans l’incertitude constante d’être rejeté à nouveau. Il se surinvestit alors, avec ses parents adoptifs, la famille qu’il s’est construite ou ses collègues, jusqu’à repousser ses limites et faire des crises d’angoisses. Mais, comme on peut le comprendre plus tard, des crises liées aussi à une angoisse plus diffuse, mal contrôlée durant l’enfance, qui le fait ressentir une impression d’insécurité pour lui et ses proches. Son surinvestissement pour les siens ou pour des causes qui lui parait juste, n’est pas sans causer du tort à ses proches, dont sa femme.
Kate a développée toute jeune un complexe par rapport à son poids, qui s’est exacerbée après un drame familial qui a perturbé son rapport à l’alimentation. Devenue obèse, complexée par son corps et son image, elle a aussi terriblement peu confiance en elle. Ses rapports avec sa mère sont alors compliqués : se sentant inférieure en elle, elle prend ses propositions d’aide pour une tentative inconsciente de rabaissement. Un problème d’obésité qui ressurgit lorsqu’elle essaie d’avoir un enfant…
Kevin a très tôt développé un sentiment de jalousie, surtout vis-à-vis de son frère adopté, et un manque d’attention de ses parents. Ce qui n’est sans doute pas étranger à sa vocation de comédien. Quand des circonstances font ressurgir des souvenirs d’un drame survenu bien plus tôt, il est frappé de plein fouet et développe des tendances autodestructives qui le poussent à l’addiction, comme son père avant (mention spéciale à l’épisode 2x14, très poignant). Une addiction qui menace de ressurgir à un nouvel obstacle… On comprend plus tard, que porté par l’idéalisme du couple formé par ses parents, il espérait à son tour vivre une folle histoire d’amour passionnelle, d’où son mariage rapide avec sa copine du lycée, Sophie, et d’autres erreurs relationnelles par la suite.
Issue d’une famille aisée, Rebecca a dû s’endurcir pour s’occuper de ses enfants. Devenus à leurs tours adultes, elle continue de les aider du mieux qu’elle peut, même si ces tentatives, et des décisions parfois malencontreuses, ne sont pas toujours bien compris. Mais l’âge commence à faire ressentir ces effets sur cette femme de nature joyeuse…
Jack (Milo Ventimiglia, figure bien connue de « heroes ») lui au contraire vient d’un milieu plutôt défavorisé, issu d’un père alcoolique qu’il renie totalement, et traumatisé par la guerre du Vietnam où il a servi. Honteux de sa condition, il n’ose dans un premier temps s’engager avec la femme qu’il aime. Il fait tout pour être à l’opposé de son père et être un père parfait pour ses enfants, leur donnant de l’écoute à chacun et les rassurant du mieux qu’il le peut. Il n’est pas épargné par la tentation de l’addiction et même un père parfait peut commettre des erreurs…


Et il y a tous ces êtres qui se joignent à nous, des inconnus juste l’instant d’avant qui deviennent liés irrémédiablement. Ces conjoints, ou ses amis, qui se font une place dans notre vie. Rayons de soleil, sauveurs ou complications, on perçoit leur impact qu’ils ont pour nous, mais on méconnait alors, à ce moment, l’impact que nous avons alors pour eux. Chaque personnage secondaire, même ceux introduits par la suite, finit par avoir son propre passé révélé par un épisode consacré, parfois plusieurs épisodes après. Beth, Toby, William, Miguel, Déjà… tous ces êtres avec leur propre histoire constituent une famille bien plus grande encore.


« This is us » est un véritable manège émotionnel, conjuguant la joie et la tristesse dans un même épisode, développant loin des clichés des personnages complexes et attachants, nous touchant en profondeur par des histoires s’écoulant sur plusieurs générations.
Par le bouche à oreille, ce qui ne devait être qu’une petite comédie dramatique a trouvé un succès imprévu, et s’est de manière tout à fait méritée fait un nom. Renouvelé pour 3 saisons supplémentaires l’an dernier (portant jusqu’à 6 le nombre de saison prévu), la série ne montre pour le moment aucun signe de faiblesse, et n’a pas fini de nous surprendre, de nous faire rire et pleurer.


This is not the end

Enlak
9
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Créée

le 20 avr. 2020

Critique lue 1.1K fois

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Enlak

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