The White Princess
6.5
The White Princess

Série Starz (2017)

La Princesse Blanche qui devient une Reine Rouge (sans déc', faut arrêter les métaphores de ce genre

Spin-off de The White Queen, on suit Elisabeth d'York, la fille aînée d'Elisabeth Woodville et d'Edouard IV, qui est la prétendante au trône de la maison d'York du fait de la mort officielle de ses frères (mais mort véritable ? Mystèreeeeeee). Au lendemain de la bataille de Bosworth, elle est obligée d'épouser le vainqueur, le prétendant Lancaster, Henri Tudor (futur septième du nom) pour mettre un terme définitif au conflit. Mais dans l'ombre, la tante d'Elizabeth, la duchesse Margaret de Bourgogne, prépare sa revanche et est prête à aider Elisabeth Woodville à reprendre le pouvoir, voire à aider les éventuels "prétendants" de la maison York...
La série est beaucoup plus chiante que la première. Comme les anciens acteurs n'étaient plus disponibles, nous avons droit à un remaniement complet ! Ça va du bon (le changement d'actrices pour Elisabeth Woodville -Essie Davis- et Margareth Beaufort -Michelle Fairley- qui ont, en 1483, respectivement 46 et 40 ans) à du très mauvais (Jacob Collins-Levy, pour Henri VII, magnifique sosie de Sam Heughan, la star d'Outlander, et Jodie Comer, pour Elisabeth d'York, qui, je trouve, perd tout le charme de sa prédécesseure, Freya Mavor).
Les producteurs ont décidé d'aller à fond dans le n'importe quoi historique, avec la bénédiction de l'auteur: les costumes sont "pseudo" historiques avec des décolletés plongeants, trop plongeants pour l'époque, l'absence évidente de chemise de corps sous la robe -impensable à cette époque- et des coiffures qui sont "censés" faire époque mais qui sont un méli-mélo de n'importe quoi et prouvent que personne ne s'est renseignée au département costume avant de commencer à les faire !!!! En fait, ça m'énerve parce que, contrairement à The White Queen, un budget plus conséquent a été mis pour les costumes et pour qu'il y ait plus de trois vêtements par personne. Mais, à part Joanne Whalley, à qui on a demandé de venir avec tous les costumes des Borgias pour la section Bourgogne, personne n'a un semblant d'historicité ! Et ils sont toujours aussi nuls pour faire vieillir les personnages ! Un moment, on a même droit à des superbes implants de cheveux qui font tellement fausses qu'on en pleure.
Les décors sont, du reste, toujours aussi bien trouvés mais on finit par sentir que, à la longue, ils n'avaient que trois lieux disponibles où tourner. La réalisation est pas mal, aussi...
C'est le scénario qui me pose problème. Comme je l'avais dit pour ma critique de The White Queen les personnages principaux sont toujours les mêmes: des apprentis en politique qui veulent protéger les gens qu'ils aiment, souvent TRÈS fortement influencés par une figure maternelle véritable bourreau de la politique (qui, du reste, ne veut arriver qu'à ses petites ambitions personnelles, peu importe ce qu'elle fait) et qui a généralement une véritable passion pour la religion/magie (WTF????). Une nouvelle fois, les évènements sont fondées sur des épisodes anecdotiques ou de simples rumeurs (voire des légendes urbaines) ou soit des modifications historiques graves et très importantes:


Par exemple, la belle-fille de Margaret d'York -qui s'appelle Marie- meurt d'une mauvaise chute de cheval qui lui brise le dos alors qu'elle coursait avec un émissaire anglais. L'accident étant aussi provoqué par Elisabeth Woodville grâce à ses pouvoirs magiques qu'elle utilise inconsciemment. En vérité, l'aspect surnaturel est totalement inexistant et Marie de Bourgogne eut cette fameuse chute lors d'une partie de chasse. Je n'ai trouvé aucune trace que cet accident a eu lieu au même moment où des émissaires anglais étaient reçus à la cour bourguignonne, s'ils étaient bien ceux envoyés dans la série, et si l'un d'eux est impliqué d'une quelconque manière dans l'affaire... Cette digression est essentielle car tout le comportement de Margaret d'York découle de cette sous-intrigue: elle considère les anglais comme responsables (ce qui est déjà complètement débile puisqu'elle a assisté à la scène) et, de ce fait, décide de "relancer" la guerre avec un sosie de son neveu, le comte de Warwick, puis un autre... sosie (c'est pas clair si c'est le vrai ou un sosie) ? Celui de Richard d'York... juste parce que sa belle-fille est morte alors qu'il y avait des anglais dans le coin. Et le plus hilarant, c'est que personne lui fait remarquer qu'elle est quand même assez conne de relancer la guerre pour ça (c'est quand même de l'argent, des hommes, de la coordination et beaucoup de temps perdu, merde !)


Oui, parce que les intrigues politiques ne sont toujours que des petites rivalités familiales: et que je te prends ta chambre juste pour te montrer que le pouvoir est entre mes mains, et que je redéclenche les hostilités, ben, justement pour la connerie que je viens de parler dans le spoiler, et que je rajoute à la liste des gars à marier ton amoureux secret, juste pour te faire chier, et que je t'interdise de voir ta mère parce que je la déteste, etc. etc. Que des évènements historiques aient eu lieu à cause de facteurs personnels de ceux qui les ont déclenchés, je veux bien (Napoléon III déclenchant la guerre franco-prusienne en 1870, par exemple), mais tous ne sont pas déclenchés par ça ! Certains sont aussi des actes rationnels et mûrement pensés comme le fait d'enfermer Teddy dans la Tour de Londres: c'est le dernier survivant mâle de la dynastie York ! pourquoi le faire passer pour un événement obligé sous la contrainte orchestré par Margaret Beaufort ?
Et les personnages ! Parlons-en ! On les avait quittés avec une certaine idée en tête: Elisabeth Woodville, maintenant reine douairière, avait sauvé sa famille en proposant un mariage entre son aînée et Henri Tudor: nous la retrouvons en femme vengeresse qui a caché son fils survivant et qui veut rétablir la dynastie des York, délaissant au passage les chances de sa fille aînée qui va bien apprécier quand les manigances de sa mère vénale et mauvaise vont risquer la mort de ses enfants et de son mari. Margaret Beaufort, qu'on avait quitté avec la vision d'une femme épanouie car ses plans "divins" se sont réalisés, revient en femme aigrie, vénale et mauvaise, profonde rivale d'Elisabeth Woodville (alors qu'elles semblaient plus ou moins s'apprécier, avec une faible inimitié pour l'autre). De plus, là, où dans la précédente série, elle agissait que discrètement et par dessein avec Dieu: là, c'est une folle hystérique qui essaye plein de trucs religieux pour se faire pardonner et justifier ses actions, en plus de foutre la merde partout juste pour se donner raison et régler ses petits problèmes personnels. Bref, tous les personnages reviennent avec une personnalité différente qui n'a plus rien à voir avec ce dont on se souvenait et c'est très chiant. Avec les péripéties qui, soit s'enchaînent sans aucune suite logique dans les idées, soit durent hyper longtemps (Intrigue Richard d'York, bonjour !) et deviennent rapidement mais TRÈS rapidement énervantes.
S'il y avait deux ou trois trucs à rattraper dans The White Queen, là, il y en a beaucoup moins car beaucoup d'histoires d'amour, de péripéties intéressantes et pétillantes: là, ce sont juste des personnes encore plus connes que les premiers qui font des actions encore plus connes.
Sérieusement, arrêtez de regarder cette série et aller vous acheter un bon livre d'histoire sur le sujet !

Créée

le 29 mai 2018

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