Je suis assez partagé sur cette série. D'un côté, elle est très bien faite, bien réalisée, bien mise en scène, plutôt bien filmée, le script est bon et le jeu des acteurs très convaincant. Mais de l'autre côté, le scénario souffre quand même de grandes faiblesses.
Le démarrage et jusqu'aux 5/6 premiers épisodes est assez captivant ; un crime est commis et très vite, des indices probants permettent d'identifier un suspect. Mais tout aussi rapidement, d'autres éléments apparaissent qui attestent manifestement de l'innocence de ce suspect. Dès lors, l'enquête qui semblait devoir être rapidement bouclée s'enlise, provoquant frustrations et tensions. Cette mise en place et ce contexte de départ sont parfaitement réussis, c'est très intrigant, les personnages sont plutôt attachants, donc la série parvient sans difficulté à me hameçonner.
Et puis, comme généralement dans les histoires inventées par Stephen King, l'hypothèse paranormale émerge. Au début, elle n'est pas forcément dérangeante ; il y a un vrai mystère, potentiellement très menaçant et les enquêteurs un peu perplexes explorent pas mal de pistes, sans a priori pour certains d'entre-eux. A mi-saison, l'hypothèse paranormale s'impose, et là, le scénario se met à patiner. Les 7ème, 8ème et 9ème épisodes proposent des péripéties qui sont assez bien menées du point de vue de la réalisation mais qui ne font aucunement avancer l'histoire (le coup de la grotte, c'est quand même fort de café). On se retrouve à la fin du 9ème épisode quasiment au même point qu'au 6ème. L'élément paranormal doit se dévoiler, on le connaît dès le 5 ou 6ème épisode, mais pour ne pas précipiter la fin, on fait durer les choses avec des épisodes de remplissage. Heureusement que les éléments techniques et artistiques sont bons, ça permet d'avaler ces épisodes malgré tout, mais c'est quand même un peu frustrant, on a l'impression de perdre son temps.
Et puis, on perd aussi le fil judiciaire du début. Quel que soit le coupable (et sa nature), l'objectif premier était de le trouver et l'exposer, surtout vis à vis de toutes ses différentes victimes (directes ou indirectes) rencontrées dans la première partie, mais progressivement, la fine équipe oublie cet enjeu et s'engage dans une sorte de lutte à mort secrète et clandestine. D'ailleurs, la confrontation finale montre que l'équipe en question est plutôt composée de pieds nickelés
(et puis l'illustration du fait que le monstre coucou mange du pangolin en pleine épidémie du nouveau coronavirus, soit c'est une coïncidence malheureuse, soit c'est une vraie provocation).
En résumé, des qualités techniques et artistiques, une très bonne première moitié de saison et un scénario qui se délite dans la deuxième moitié jusqu'à un final peu intéressant.