The Mandalorian
7.1
The Mandalorian

Série Disney+ (2019)

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Pour propulser son service de VOD maison, Disney a fort logiquement choisi de dégainer une grosse cartouche. Et quel meilleur ambassadeur que Star Wars, après avoir conditionné les spectateurs plusieurs années de suite (à l’exception de 2018) en leur donnant du contenu pour la période des fêtes ?


La firme a d’ailleurs tellement joué la sécurité que, pour piloter le projet, elle a appelé un habitué de la maison ayant œuvré à plusieurs reprises sur la franchise Marvel, en la personne de Jon Favreau. Si l’on pouvait s’attendre à le retrouver également derrière la caméra, il n’est finalement intervenu qu’en tant que producteur et scénariste. La réalisation a été laissée à plusieurs illustres inconnus, mis à part Taika Waititi ou encore Bryce Dallas Howard qui ajoute une nouvelle flèche à son arc.


Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette hétérogénéité se retrouve dans le contenu final, tout au moins formellement. C’est ainsi que l’on se retrouve avec des épisodes dont la durée dépasse à peine les trente minutes quand d’autres s’approchent des quarante-cinq. Si cela peut décontenancer de prime abord, on pourra toutefois apprécier que Disney n’ait pas imposé un cahier des charges à la Netflix. En effet, dans cette première saison, il n’y a pas d’épisode trop long ou vide de contenu narratif à recenser.
En revanche, d’un point de vue qualitatif, tous les épisodes ne se valent pas. À ce titre, le quatrième (celui justement réalisé par Bryce Dallas Howard) est assez pénible. Non pas qu’il soit inintéressant, mais il paraît à la fois trop long pour ce qu’il a à raconter et trop bref dans la timeline de la série pour faire adhérer le spectateur aux émotions et sentiments qu’il tente de véhiculer chez les personnages.
À un rythme soutenu, on suit les aventures d’un chasseur de prime qui va passer du statut de traqueur à traqué, changeant de planète quasiment à chaque épisode. Impossible donc de s’ennuyer avec des épisodes si courts et une telle variété d’environnements. Revers de la médaille, il est bien difficile de s’attacher à qui que ce soit quand on sait que l’on ne retrouvera pas les protagonistes dans l’épisode suivant.


Mais la série emporte quelques superbes réussites, à commencer par celui qu’on nomme désormais bébé Yoda. Véritable croisement entre le Yoda tant aimé et un Gizmo craquant, il est difficile de ne pas fondre en le voyant. Il vole d’ailleurs la vedette au chasseur de prime qui devait être le héros de la série, mais qui ne devient qu’un sidekick dévoué à l’action que le spectateur regarde se débattre en guettant dans un coin de l’écran toute apparition du petit bonhomme vert.
Alors que Disney s’en défend, difficile d’imaginer que personne au sein de la firme n’avait vu arriver le phénomène. Ils nous prennent vraiment pour des demeurés… À l’évidence, ce personnage avait dès le début été imaginé comme le point fort de cette série ; celui qui allait faire vendre des peluches et faire rentrer Disney+ dans les salons.
Si l’artifice fonctionne à merveille durant les premiers épisodes, il faut toutefois signaler qu’il reste grossier et que même le spectateur le moins exigeant finit par s’impatienter. Alors que le personnage survient dès le premier épisode et constitue immédiatement le nœud de l’intrigue, aucune révélation ne survient le concernant, même en fin de saison. C’est probablement la plus grosse déception s’agissant de la première saison qui ne donne aucune explication justifiant toute cette épopée.


L’autre grande réussite concerne l’ambiance de la série, espèce de western galactique fort à propos. Qu’il s’agisse des planètes visitées et de leurs environnements (désertique, étendues de glace...), de la lumière crépusculaire et de l’imagerie elle-même, The Mandalorian pose une identité dès les premières secondes, sans jamais s’en départir. D’un point de vue général, la série est visuellement très réussie. À noter toutefois la présence de quelques effets étrangement ratés ; on parle tout de même d’une série à cent millions de dollars de budget pour huit épisodes. Enfin, pour parachever le tableau, les compositions du suédois Ludwig Göransson sont du plus bel effet et collent parfaitement à l’ambiance.


Ainsi, Disney semble avoir trouvé une formule convaincante dès le coup d’essai. Imparfaite mais loin d’être inintéressante, la proposition fait déjà plus d’effet que la dernière trilogie sortie sur grand écran. Oubliant la famille Skywalker et les illustres personnages de la saga, cette série s’attaque à la seule chose qui semblait intéressante lors du rachat de LucasFilm : la mise en image de l’Univers Étendu. S’il n’est pas celui développé à l’époque dans les romans et comics, il a au moins le mérite de se profiler enfin et constitue un joli segment après la réussite Rogue One et le Solo bien plus intéressant que sa réputation ne le laisse entendre.


Au final, la série se révèle être un divertissement efficace au traitement sérieux, même si l’on regrettera des personnages au background survolé et à la psychologie superficielle. Pour une deuxième saison d’ores et déjà en cours d’écriture, gageons que ce point sera corrigé.


Edit saison 2 (22/04/2022) : Sans grande peine, la série surfe sur ses réussites et points forts de la première saison, en corrigeant une partie des erreurs. Sans surprise, bébé Yoda (Grogu) constitue le nœud de l’intrigue. Les personnages s’agglomèrent autour de lui et toute l’attention du spectateur se braque sur la moindre apparition du petit être verdâtre, qui tient une place aussi importante qu’espéré dans cette nouvelle vision de l’Univers Étendu. Car c’est un sacré revirement annoncé dans cette deuxième saison, notamment lorsqu’il est fait allusion au Grand Amiral Thrawn. Il semblerait en effet que Disney n’ait pas jeté tous les bébés avec l’eau du bain. Tant mieux, la série prévue et devant suivre le personnage d’Ahsoka Tano promet, le personnage étant remarquablement introduit durant cette saison du Mandalorien. Ce personnage n’est d’ailleurs pas le seul puisque Boba Fett a également le droit à une présentation de premier ordre. Concernant l’intrigue ici contée, si les quatre premiers épisodes sont un peu mous du genou (bien que drôles), les quatre derniers sont passionnants. Comme dans la première saison, on ne s’embarrasse pas de moments longuets, on use et abuse des ellipses et on se concentre sur l’essentiel. Et il est bien difficile de bouder son plaisir lorsque Boba Fett et Luke Skylwalker font une apparition. Surtout, la série ne perd jamais de vue le plus important, à savoir la relation entre Mando et son petit protégé. Le reste est secondaire.
En bref, une excellente saison, dans la droite lignée de la précédente.

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le 30 déc. 2019

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