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Pour les 50 ans de l'album Let It Be en 2020, une réédition est alors prévue. Il faut savoir que du côté des Beatles la machine à fric est toujours intacte, et qu'après les éditions remasterisées des albums en stéréo, puis en mono, ainsi que la réédition de la plupart des films du groupe en Blu-Ray, une nouvelle vague de rééditions s'est mise en place. Depuis l'anniversaire de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, des rééditions plutôt luxueuses riches en prises inédites et alternatives sortent au fur et à mesure pour chaque disque, avec en guise de cerise sur le gâteau un nouveau mixage stéréo à chaque fois. Let It Be était alors le prochain sur la liste, avec l'espoir pour les fans de pouvoir mettre la main sur une réédition HD du film éponyme de Michael Lindsay-Hogg, boudé par les Beatles eux-mêmes. Sauf qu'au lieu de ça, Peter Jackson est annoncé sur un nouveau film prévu pour sortir au cinéma via une distribution par Disney, Get Back, composé d'images d'archives du groupe en train de préparer à la fois leur nouveau disque de l'époque et ce qui deviendra leur dernière prestation, sur les toits d'Apple Corp. Ce nouveau film allait permettre aux membres restants de célébrer cette période de la carrière des Beatles sans avoir à rééditer le film de Lindsay-Hogg sorti à l'époque, ce qui tombe à pic.

Finalement, avec la crise du Covid et les salles de cinéma trop souvent fermées, Disney va faire un petit coup de poker en annonçant que le film sortira finalement directement sur leur plateforme Disney+ en tant que mini-série en trois épisodes.

C'est enfin sorti en Blu-Ray alors j'ai enfin pu déguster cette mini-série tant attendue pour moi ! Il faut savoir que du côté de la note, j'aurais mis 7 d'office même si j'avais trouvé ça naze de chez naze. Le simple fait de voir autant d'images inédites des Beatles au travail est pour moi un pur bonheur, peu importe la façon dont ça aurait été présenté. Alors vous vous dites sans doute "Ok, mais pourquoi un simple 8 alors ?".

Tout simplement parce que le défaut principal de cette mini-série c'est Peter Jackson, et ce n'est pas rien.

Le cinéaste connu pour sa trilogie du Seigneur des anneaux s'était déjà illustré dans le documentaire avec un long travail de restauration en amont sur Pour les soldats tombés. Un film sans doute important en termes d'images d'archives mais qui manquait cruellement de contexte et était finalement trop bavard pour un long-métrage dont le contexte était surtout de laisser parler les images. On retrouve ces problèmes sur Get Back. Pour ce qui est du contexte, tout ce qui relève de l'évidence sera balancé avec lourdeur via des cartons, et tout ce qu'on aurait besoin de savoir en tant que spectateurs pour ne pas crever d'ennui face aux Beatles qui ne font pas grand chose en attendant de trouver l'inspiration nous sera soigneusement épargné. Alors oui on va forcément trouver le temps long devant ces trois épisodes, même si fondamentalement on est très heureux de découvrir les Beatles sous un nouveau jour. Il y a des moments de creux et c'est "normal", mais il y en a un peu trop pour justifier des épisodes dont la durée minimale est de 2h20.

De plus j'ai l'impression d'être le seul mais à mes yeux la restauration des images en elle-même est un peu douteuse. Jackson s'est vanté d'avoir pu, avec son équipe, retrouver les couleurs "d'origine" de toutes ces séquences filmées, et honnêtement je le crois. Je me doute bien que dans la vraie vie, rien n'était terne autour des Beatles comme ça pouvait être le cas dans le film Let It Be de 1970. Pour le recadrage, on repassera aussi, c'est pas bien grave, et le cadre a été retravaillé de façon à ce que ça ne se ressente pas. D'ailleurs c'est pas bête du tout de mettre l'essentiel du concert de fin en split screen : on préserve à la fois le cadrage des 4 Beatles sur el même plan, et en plus ça permet de montrer en parallèle les flics essayer d'interrompre la prestation (et les gars pataugent dans la semoule, c'est délicieux à regarder). Mais alors qu'est-ce que c'est que ce filtre lissant immonde sur l'image qui vient poutrer les détails et la moitié du grain des pellicules originales ?! On peut faire un test si vous voulez, essayer de lire la marque des guitares utilisées par le groupe sur la tête des instruments, vous verrez flou un plan sur deux. Je ne comprends vraiment pas ce choix et je suis surpris que tout le monde n'ait que des louanges à faire sur la restauration des archives pour ce documentaire. Parce qu'en 2022 on en bouffe du Full HD et de la 4K, je ne comprends tout simplement pas comment on peut tomber dans le panneau lorsqu'on met un filtre sur des images issues d'une pellicule 16 mm qu'on pouvait exploiter en haute définition sans problème.

Mais sinon, qu'en est-il du documentaire en lui-même ? La promesse était de nous montrer des Beatles créatifs et enthousiastes, et même si ça met un moment à venir celle-ci est tenue. Après tout on a affaire à de très bons moments, à commencer par le plaisir de voir les Beatles créer, le concert sur le toit et le retour des riverains et passants sur la prestation.

Le temps presse et pourtant ils prennent le temps de s'amuser, on sent qu'ils se reposent à la fois sur leur talent et sur les habitudes qu'ils ont pris à force de jouer ensemble. Ils sont rarement perdus lorsqu'il s'agit de jouer de la musique, même lorsqu'il s'agit de nouveaux titres. D'ailleurs le documentaire permet d'entrevoir les premières ébauches de certains titres d'Abbey Road, déjà dans les tuyaux pour certains membres. C'est surtout ça que je retiens de ce documentaire car essayer de comprendre ce que voulaient tirer les Beatles de ces sessions semble assez vain. De nos jours encore, personne ne semble d'accord sur ce qu'aurait dû être cet album. On sait que la vision de Phil Spector finalement sortie sous le titre Let It Be n'a pas plu à McCartney, que sa version Let It Be... Naked ne sonne pas comme un album et que le premier mixage de Glys Johns sorti officiellement l'an dernier sonne un peu comme une compile de trucs en vrac également... En bref on est pas plus avancé que ça. Mais quand même, voir les titres Get Back ou Don't Let Me Down être conçus sous nos yeux, voir les images qui correspondent aux prises de la version album qu'on s'est pris dans les oreilles de nombreuses fois avec un plaisir inchangé, ça reste assez magique. Et si j'ai été assez virulent je l'admets envers le travail sur l'image, je n'ai rien à redire quant au son, très bien mixé par Giles Martin et ce malgré le matériel qui semblait plutôt rudimentaire même pour l'époque. Suffit de voir la tronche des micros et des mousses qu'on mettait dessus pour éviter les larsens de malade dans le documentaire, une telle configuration ferait vriller n'importe quelle personne qui tenterait de faire un peu de Home Studio à ses heures perdues.

Je pense que Get Back s'adresse avant tout aux amateurs des Beatles, sinon vous allez franchement trouver le temps long, et c'était pour moi assez naïf de vendre ça comme un documentaire populaire que tout le monde allait forcément apprécier. C'était déjà culte avant de sortir, ça le restera même quand la plateforme Disney+ ne sera qu'un lointain souvenir, mais c'est vrai qu'un peu plus de concision aurait pu faire du bien à l'ensemble.

GuillaumeL666
8
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le 28 juil. 2022

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Guillaume L.

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