Succession
8.1
Succession

Série HBO (2018)

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Finalement, mes repas de famille ne sont pas si gênants que ça.

DISCLAIMER : La note est une note par défaut, une note "neutre" qui correspond à la moyenne (arrondie) de l’oeuvre au moment où on publie la critique. Avant, on mettait 5 à tous les films mais il nous a été reproché de « fausser » la moyenne ou de le faire pour ressortir plus souvent dans le match des critiques. Espérons donc que cette nouvelle solution règlera le problème et contentera tout le monde.


Bref, seule la critique ci-dessous reflète donc notre avis.





Notation :



Cocaine : + + +


Méritocratie : - - -


Esprit de famille : - - - - - - -


Égo : + + + +


Problème de riche : + + + + + + + +


Malaise : + + + + + +



De quoi ça parle :



Logan Roy (Brian Cox) est l’un des hommes les plus puissants des États-Unis. Il a fait fortune grâce à son entreprise « Waystar », un conglomérat qui construit des parcs d’attraction, organise des croisières, et possède accessoirement une bonne partie des principaux médias du pays. Mais le plus remarquable dans sa success story, c’est que comme tout bon capitaliste, il a construit cet empire dans le respect de tous, avec amour, bienveillance et un désintérêt total pour l’argent. 




Non, c’est faux, bien sûr. Logan Roy est un immense connard, prêt à écraser la moindre personne qui se mettra sur son chemin. Il est tyrannique, paranoïaque, menteur, manipulateur et obsédé par le pouvoir. Mais il est également vieux. Et comme on ne peut pas encore faire d’OPA sur le système respiratoire de ses voisins, il connait des problèmes de santé.


Les actionnaires tremblent, les concurrents se frottent les mains et ses enfants, qui ont autant de décence que leur papounet, se préparent à une guerre de succession où tous les coups sont permis.



Points positifs :



À mi-chemin entre le drame et la série politique, la série maitrise parfaitement le dosage entre cynisme, humour et enjeux dramatiques. Seuls reproches : ça manque un peu de cul et même s’il y a une intrigue avec un nazi, elle reste très mineure dans l’histoire.


La série est produite par Adam McKay (The Big Short, Vice) qui a aussi réalisé le premier épisode. On y retrouve en partie son impertinence caractéristique (moins l’originalité de sa mise en scène malheureusement). C’est ce que je dirais si j’écrivais pour Télérama en tout cas.


De manière générale, la série est très bien interprétée. Brian Cox est parfait dans le rôle de Logan Roy et réussit d’être encore plus détestable que quand il campait le rôle de William Stryker dans X-Men 2. Et aussi effrayant que quand il jouait Hannibal Lecter dans Le sixième sens de Michael Mann.


Au niveau de l’interprétation, mention également à Jeremy Strong (récemment vu dans The Gentlemen) et Kieran Culkin (le frère de Macauley). Attention, celui qui joue un personnage cocaïnomane n’est pas celui que vous croyez.


On notera aussi d’excellents seconds rôles. J’ai personnellement un petit faible pour Tom (Matthew Macfadyen) et Greg (Nicholas Braun), respectivement gendre et petit-neveu de Logan. Probablement parce qu’ils sont en marge de la famille et que leurs tentatives désespérées d’être aimés et acceptés par les gros caids (quitte à renoncer à tout amour propre) rappellera inévitablement à tout le monde ses années collèges.


Les fans de Scrubs seront contents de revoir Judy Reyes, qui joue le rôle d’une des conseillères juridiques de la famille. D’autant plus qu’elle apparait dans un épisode qui se passe majoritairement dans un hôpital. Bon par contre elle a trois lignes de dialogue et disparait aussi vite qu’elle est apparue, sans raison apparente.


La musique de la série (et particulièrement le thème récurrent au piano) est très efficace et réussit à rendre épique ou dramatique le moindre coup de téléphone / réunion secrète / trajet en jet privé des personnages.


Certains titres d’épisode donnent un bon avant goût du ton de la série, comme l’épisode 2 de la saison 1, sobrement intitulé : « Gros merdier dans l'usine à cons ».


Vous serez soulagé d’apprendre que l’argent ne rend pas plus heureux et que vous n’avez donc aucune raison de vous plaindre parce que vous avez faim ce mois-ci. Pensez à cet héritier qui ne va pas dormir de la nuit parce que son père l’a nommé co-directeur général avec son frère alors qu’il rêvait d’être seul aux commandes. Un peu de décence.


La série commence par le rachat d’une boite qui fait des articles « à la Konbini ». Je n’en dis pas plus sur la suite de ce fil narratif pour ne pas spoiler mais cette information est dans la partie « Point positif ».



Points négatifs :



Vous allez trouver vos repas de famille encore plus chiants après avoir vu cette série.


Si vous avez fait une école de commerce, que vous avez un bouquin de Jeff Bezos sur votre table de nuit et un poster de Vincent Bolloré au dessus de votre lit, vous avez peu de chance de goûter le ton et le message de la série.


À certains moments, vous risquez de ressentir une petite once de pitié pour les personnages qui, il faut le reconnaître, ne sont pas franchement épargnés. Heureusement, ils ne tarderont pas à se comporter comme de parfaits connards quelques minutes plus tard, histoire de nous rappeler pourquoi on les détestait juste avant.


Difficile d’avoir un personnage « préféré » qu’on va avoir envie de soutenir. Du coup, il n’y a pas vraiment de suspens intenable, juste une sorte de curiosité (un peu malsaine) à voir cette famille se déchirer. Mais à l’époque du traditionnel cliffhanger obligatoire à la fin de chaque épisode, ça peut aussi être vu comme une chose positive après tout.


Habituellement quand on regarde une série ou un film, on a envie de se reconnaître dans un des personnages. Cette fois, vous prierez pour vous reconnaître dans aucun d’entre eux.


La partie de l’histoire autour de Connor et sa copine/escort est un peu plus faible. Probablement parce que le personnage est relativement sympathique et normal, ce qui nous sort un peu de la série. Il se rattrape néanmoins dans la saison 2 sur cet aspect.


Pour une série HBO, le générique est un peu décevant et il ne rejoindra vraisemblablement pas ces séries dont on n’ose pas passer les premières minutes pour profiter d’un générique qu’on connaît déjà par coeur.


Cette série nous met face à un événement inévitable du destin : les enfants des membres de l’Arrière Cuisine vont se battre pour récupérer la direction éditoriale du site et l’immense pouvoir qui en découle.


Même la succession de Johnny risque d’être réglée avant celle-ci.


Les deux premières saisons comportent plus de trahisons que dans tout Game of Thrones réunies, mais ça manque de dragons et de nichons pour intéresser un public plus large.



Le saviez-vous :



L’argent ne fait pas le bonheur. Par contre ça permet de passe des week-ends sur un yacht immense avec une piscine, un toboggan géant et une piste d’atterrissage pour votre hélicoptère.


L'Arrière Cuisine ne fait partie d'aucun conglomérat et est très attachée à son indépendance éditoriale. Mais si vous faites partie d'un grand groupe média prêt à investir dans une boite jeune et dynamique qui dégage un chiffre d'affaire de 11 euros par mois, nos mails sont ouverts. On est plus faciles à acheter que la rédaction des Cahiers du cinéma (pour à peu près le même nombre de lecteurs).


L’héritage est l’un des moyens de reproduction des inégalités économiques et sociales les plus importants. Si on prenait l’ensemble des héritages transmis chaque année en France et qu’on les redistribuait à part égale à tous les Français à leur majorité, chacun recevrait à peu près 310 000 euros pour ses 18 ans. (Source)


Le personnage de Roman Roy est probablement le boss de fin à battre pour quelqu’un qui fait des études de psychologie.



Les conditions idéales pour regarder cette série :



Avec un notaire, un huissier de justice, et un bon avocat.



Ce qu’il faut retenir :



Il faut séparer l’homme du businessman.



Si vous avez aimé cette série, vous aimerez aussi :



Les films "c'est bien raconté mais tous les personnages sont des connards odieux" comme The Social Network ou La Favorite. Ou encore les Petits Mouchoirs.


Vous déplacer en hélicoptère.


Parier 1 million de dollar sur un homerun lors d’un baseball en famille.


Pisser sur la moquette de votre bureau.


Les séminaires où vos employés doivent se mettre à quatre pattes et imiter le cochons.


Partir en croisière.


Être gentil avec vos parents.




Merci de votre lecture !


Si le ton et l'esprit vous ont plu, vous pouvez :


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Larrire_Cuisine
8
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le 10 mars 2020

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