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J'ai trainé avant de me faire un avis arrêté dessus et les jours passant, force m'a été de constater que je n'en garde qu'un souvenir vague et mitigé sans l'envie de forcément continuer plus avant.
Un comble pour une série que je voulais aimer, que je souhaitais adorer, qui avait tous les ingrédients pour m'aguicher.
Bien que n'étant pas convaincu par la période choisie, il y a tant à faire avec l'univers Star Trek, pourquoi choisir un entre deux, une période plus ou moins connu par toutes les autres oeuvres si ce n'est pour surfer sur une vague tendance de retrouver le vieux conflit klingon-fédération en clin d'oeil aux origines et évoqué dans les films.
Reste que l'équipe prévue, Bryan Fuller aux manettes, une personne que j'ai appris à adorer avec beaucoup de ses séries précédentes, les nouveautés qui s'annonçaient, le changement d'identité visuelle des vaisseaux, un nouvel équipage, bref, tout était là pour être enthousiaste.


Le résultat est au final très décevant. Premièrement, étant client des précédentes séries et de la formule, je m'attendais à être bousculé mais pas autant. La suppression de la formule un épisode-une histoire est en grande partie responsable de ma grande déception. Ce qui faisait la force de la saga Star Trek a tout bonnement été supprimé pour nous servir une histoire unique plutôt poussive et mal rythmée. Seul deux trois épisodes font écho à l'ancienne recette et m'ont juste satisfait. Là où, je prenais plaisir à piocher des épisodes dans les séries précédentes, ici je suis obligé de me fader des discours à n'en plus finir pour que le récit avance mollement.
La tenue de l'histoire aurait pu ensuite suffire à tenir en haleine et là encore, ça pêche un peu. Sans être véritablement désagréable, on finit par s'empêtrer dans des échanges faciles, des tensions relationnelles sans grands enjeux. Dommage car on voit bien une volonté de chambouler certains codes mais malheureusement ça ne fonctionne pas tant que. Tout simplement parce que Star Trek l'a déjà fait auparavant, avec un membre paria, un personnage féminin fort (plusieurs dans chaque séries même), un capitaine au comportement douteux, c'est bien mais ce n'est pas si nouveau. Reste que les acteurs sont dans l'ensemble très chouettes en revanche et sont rapidement attachants ou fascinants.
Une autre idée était aussi très bonne, celle de ne pas voir que le point de vue de la fédération mais celui des adversaires, d'une autre culture et en langue originale s'il vous plait. Une initiative plutôt de bon aloi et pourtant assez raté. Des harangues tarabiscotées, des tirades trainantes, c'est con mais à vouloir trop en faire, ça ne tient pas la route. Il y a eu des épisodes très klingonesques par le passé qui fonctionnait mieux et tout simplement parce que les acteurs surjouaient, peu d'effets et on avait là une sorte de théâtre de boulevard, à la fois très intense, très vivant et très drôle à la fois. Ici, c'est statique et un trop plein de maquillage rend les klingons totalement fades et inexpressifs. La simplicité, ça a du bon parfois.
À vouloir trop axer justement sur des personnages emblématiques, sur une personnification intense, on en perd le propos et ainsi les passages klingons sont répétitifs, tournent rapidement en rond, finissent par être très statiques.
C'est d'ailleurs un autre des gros défaut de la série, la longueur des épisodes, on finit par s'habituer à ce format... mais moi pas. Les 40 min, 1h deviennent une norme pénible qui ennuie plus qu'encourager à continuer quand on étire des scènes qui mériteraient bien moins de surlignages.


Tout n'est quand même pas à jeter. J'en reviens à l'équipage qui est efficace, c'est toujours un plaisir de retrouver une nouvelle équipe de la Fédération et là, c'est encore le cas, c'est juste un peu dommage que Michael Burnham prenne trop de place au détriment de la découverte des autres, on sent bien la volonté d'en faire un élément central et unique, ce qui va un peu à l'encontre de l'esprit de communauté toujours présente dans Star Trek.
Le côté visuel est sympathique, les nouvelles idées technologiques, certains nouveaux designs (hérités des films, on sent bien l'envie de plaire à ce nouveau public), c'est en effet rafraîchissant mais on sait depuis longtemps que le clinquant, ça ne fait pas forcément la qualité. C'est un peu le cas ici.


Tout ceci fait un peu vieux con et intégriste, je m'en rends assez compte, mais voilà, j'étais habitué à une recette ou du moins à certains ingrédients de base et ceux-ci sont purement éliminés dans cette nouvelle série, la mayonnaise ne prend pas avec moi malheureusement.
Et même si je pense que ça reste une série qui tient néanmoins la route, je la trouve pour l'instant bien pauvrette par rapport à ses prédécesseures. Auparavant, chaque épisode (ou presque) abordait un principe, une idée, une question d'éthique, de société, scientifique et/ou proposait un autre regard sur un domaine. Ce n'était pas toujours très bon, c'était parfois mal joué, souvent kitsch, de temps en temps fumeux, mais une volonté de toujours vouloir servir un propos faisait que ça tenait la route.
Ici, on a une belle aventure spatiale et quelque chose qui se perd un peu entre les galaxies à vouloir trop jouer sur un effet de mode et une envie de trop s'imprégner de l'univers Star Trek tout en voulant chambouler les bases.


MÀJ. après avoir vu la saison 2 (paraît que ça se fait) :
Malgré ma déception et une envie de couper les ponts, je n'ai pas résisté à jeter un oeil à la suite (un manque d'espace sans doute) et je ne regrette pas tellement, la voici revenue dans la moyenne.


Cette 2e saison "corrige" bien des points négatifs, un nouveau personnage charismatique fait son apparition, le reste de l'équipage est bien mieux exploité jusqu'à même en devenir émouvant par moment et si un fil rouge réside tout au long de la série, un découpage sous forme d'un épisode = une action est mis en place. Certes du coup, on renoue un peu avec les principes de Star Trek, la vie d'un équipage et une aventure par épisode ou presque et c'est un avantage certains, le gros soucis de la première saison était une totale absence de rythme, cette nouvelle construction, plus classique effectivement, élimine les temps morts, joue avec le suspense et suffit pour au moins tenir en haleine. À titre personnel, s'intéresser à d'autres personnages trop rapidement brossé par le passé les font gagner en profondeur, il y réside un véritable échange sur le pont et même Tilly que je trouvais passablement casse-pieds s'en retrouve grandit et reste cet élément comique mais avec un rôle véritable et une certaine profondeur.
Reste quelques faiblesses de scénario mais que j'excuse finalement vu que l'ensemble se tient largement mieux que pour la première tentative et le personnage de Michael Burnham toujours mal écrit, je reste persuadé que c'est vraiment un problème de création qui la cantonne à une faible de réaction


Elle pleure à chaque épisode, non pas que ce soit un problème de la voir exprimer ses émotions mais la perpetuelle similitude de ses situations font perdre en crédibilité en personnage sachant que l'aspect fascinant de de celui-ci est sa dichotomie entre sa force, sa réactivité et ses compétences et son hypersensibilité, c'est juste mal exploité mais c'est un problème que je rencontre avec beaucoup de série contemporaine, ils ont le temps pour poser des personnages mais ils n'ont pas le talent pour le faire correctement


Bref, ayant finit entre temps Star Trek Enterprise que j'ai longtemps laissé en pause, j'avoue que Star Trek Discovery devient finalement bien correct et pas pire que cette dernière. :)
J'imagine que je ferais une màj de màj à la fin de la 3e saison qui sait ?


Allez, c'est parti pour une nouvelle MÀJ à propos de la saison 3 !
Au fur et à mesure, la série se construit avec des bases de plus en plus solides et les "failles" apparaissent plus visibles et, après l'avoir excusée sur les précédentes saisons, il faut être réaliste, Star Trek est devenue le "Burnham show" et c'est bien dommage, ça en devient le plus défaut de la série. En dehors de son jeu d'actrice malheureusement répétif, les différents scénarios en font une pièce maîtresse beaucoup trop envahissante pour laisser respirer l'univers de Star Trek. Interventions non nécessaires, présence incompréhensible, monologues tristement médiocres, même si Michael Burnham est un personnage d'une richesse folle avec son hypersensibilité, ses compétences variées qui en font une McGyver de l'espace et son attitude rebelle qui n'est pas sans rappeler le Capitaine James T. Kirk en remettant en question l'ordre établi, c'est son emploi qui pose un véritable problème : grossièrement amené, mal écrit, étouffant, il ne laisse pas respirer le reste de l'équipage et ses qualités en deviennent des défauts : sa rébellion constante, une impertinence douteuse; ses plans audacieux, une menace constante; son charisme, une ode à l'individualisme et au culte de la personne.
Tout fini par la desservir jusqu'au final de cette saison où on arrive à un retournement de situation fabuleux mais peu crédible. Si ce n'est pour n'importe quelle blockbuster à l'écriture légère et personnellement, j'en attends beaucoup plus d'une série Star Trek qui nous habitue à une évolution ciselée de chaque personnage.


Et c'est bien le problème, on aimerait voir plus les autres personnages. Parce que là pour le coup, Star Trek Discovery s'affirme être bien intéressante avec les autres compagnons de voyage. le couple Stamets-Culber, en plus de leur relation, s'offre de véritables rôles, Culber devient enfin le "docteur STD", personnage mythique dans chacune des séries, Stamets est autant l'ingénieur de génie qu'un personnage de plus en plus touchant, le quator Detmer/Owosekun/Rhys/Bryce sont aperçu un peu plus souvent et c'est pas dommage car ce sont eux qui participent à rendre l'équipage vivant et efficace ! Des épisodes ou des parties centrées sur chacun seraient de bon aloi, des tentatives sont faites dans cette troisième saison mais sans aboutir à grand chose pour le moment.
Autre qualité de Discovery, c'est qu'aucune saison ne ressemble à une autre, la première était un cauchemar bordélique avec une rareté de bons épisodes, la deuxième un retour vers les origines et ses clins d'oeils à ST:TOS avec quelques nouveautés sympathiques et cette troisième une explosion des classiques pour faire une sorte de Star Wars renouant avec les principes de la Fédération (à peu près), un spectacle différent à chaque fois, ce n'est pas un mal. Cette troisième saison pourrait même faire office d'une conclusion correcte.


Reste que chez moi, Star Trek Discovery ne dépassera pas la moyenne. La série fourmille de bonnes idées, de personnages intéressants mais en terme de construction et d'écriture scénaristiques, on est trop souvent face à un désastre total. Séquences mal découpées, ensemble mal rythmé, personnage mal employé, dialogues bêtas et des tonnes de clichés.


Ces défauts sont d'autant plus flagrants quand je suis reparti sur Star Trek Deep Space 9 où chaque épisode coule tranquillement sans embûche alors oui avec un découpage sans nul doute plus classique mais avec justement une efficacité qui n'a rien à prouver, ça ne sert à rien de faire dans l'originalité si le montage ne fonctionne pas, comme de la viande au chocolat.


PS : je repense à un dernier point : l'humour. Il est bien souvent absent de Star Trek Discovery, on est dans le pathos constant et une fatigue psychologique finit par s'installer je trouve.

Yoann_O_Bedlam
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le 8 déc. 2017

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Yoann O'Bedlam

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