Un énième survival qui peine à tirer son épingle du jeu

Celui ou celle qui sortira vainqueur des six jeux remportera une
énorme somme d'argent.

Seong Gi Hun est un homme criblé de dettes. Vivant chez sa mère, il multiplie les jeux de chance et les paris afin de pouvoir les éponger. Mais un beau jour, les dettes l'accablent tellement qu'il va se retrouver menacé de payer de son sang s'il ne règle pas ce qu'il doit dans les trois jours à venir. C'est alors qu'un homme mystérieux l'accoste et lui propose de participer au Jeu du Calmar qui lui permettrait de remporter beaucoup d'argent.
N'ayant plus d'autres choix, Gi Hun va participer au jeu comme 455 autres participants. Cependant, tous vont vite s'apercevoir qu'avant d'espérer obtenir l'argent, ils devront d'abord jouer pour sauver leur vie !

Un simple jeu d'enfant

Squid Game est une série qu'on ne présente plus tant elle aura fait le buzz ces derniers mois, permettant un éclairage bienvenu sur les dramas coréens. Toutefois, Squid Game est avant tout une série qui ne brillera pas par son originalité tant on aura affaire à un survival hyper classique. En effet, le drama va reprendre tout ce qui fait le sel des survival, que ce soit les héros clichés comme le pacifiste qui cherchera à créer des alliances afin de sauver le plus de monde possible, le stratège, la tête à claque ou celui qui demeure bien trop attachant, bref toutes les cases sont là ! Cependant là où la série innove c'est dans sa manière de traiter du survival et de son contenu. En effet les candidats auront pour seul et unique but de survivre afin d'engranger le maximum d'argent, permettant pour certains d'éponger leurs dettes ou pour d'autres de subvenir aux besoins d'un membre de leur famille, bref de multiples raisons plus ou moins nobles mais ils devront pour cela réussir les différentes épreuves imposées aux candidats. Et c'est là que Squid Game tire son épingle du jeu puisque toutes les épreuves seront tirées des jeux d'enfants tel "1, 2, 3 Soleil !" ou les billes. En bref des jeux universels qui permettent de comprendre instantanément les règles.

Si la trame principale demeurera plus que classique, le scénario proposera une sous-intrigue plutôt intéressante qui se finira malheureusement en queue de poisson, posant donc inévitablement les pions pour une deuxième saison plutôt dispensable étant donné que le schéma narratif du personnage principal est bouclé et qu'au final cette conclusion ne fera que venir contrecarrer tout ce pour quoi il a lutté.

Par ailleurs, concernant les personnages, il sera difficile de s'y attarder puisque comme dit plus haut, tous auront des caractères plus que clichés et maintes fois revus dans les œuvres du même genre. Pire encore, il sera difficile de leur accorder de l'attention puisqu'au final, à travers ces jeux ils perdront leur identité étant donné qu'ils seront dès leur arrivée tous vêtus de la même tenue, et l'autre raison étant qu'ils ne seront plus que désigné par des numéros dont chaque perte lors des épreuves servira à augmenter la cagnotte pour le ou la future gagnante des jeux. En bref, des personnages au final assez oubliables bien que le casting principal parvienne à se démarquer du reste des anonymes qui seront pour la plupart de la simple chair à canon. On retiendra ainsi le jeu d'acteur de très bonne facture, même si on notera pour certains un surjeu rendant le personnage insupportable, comme la candidate 212.

Enfin le dernier problème et pas des moindres est le développement du personnage principal Seong Gi Hun qui au final n'évoluera que bien trop peu. On a là un homme couard cherchant à régler ses dettes afin de pouvoir à nouveau s'occuper de sa fille et qui traversera littéralement l'enfer à travers les différentes épreuves mais au final, qu'est-ce qu'on en tirera ? Cette conclusion comme dit plus haut ouverte, avec ce "héros" qui montrera qu'il n'a rien appris, préférant au contraire se conformer à l'archétype du héros classique rendant la conclusion et sans doute la suite déjà en production, insupportable.

Des décors enfantins pour un massacre en règle

Ainsi Squid Game propose une trame peu inventive mais qui se démarque grâce à ses épreuves, mais aussi surtout par sa photographie et sa réalisation. En ça l'œuvre mérite le visionnage, la réalisation est de belle qualité, oscillant entre décors enfantins à scènes de massacres suite aux épreuves. En bref des décors qui à défaut d'un scénario original parviendront à nous captiver entre horreur et fantaisie comme les nombreux couloirs labyrinthiques dans lequel déambuleront les candidats qui seront inspirés des œuvres d'art de Maurits Cornelis ESCHER, s'inspirant lui même de la figure géométrique du triangle de Penrose. On aura des lieux aussi faussement nostalgiques, voire mélancoliques, comme ce faux quartier sur fond de soleil couchant pour l'épreuve des billes qui signera un des meilleurs épisodes de la série. On retiendra également la tenue des gardes qui sera là-aussi devenu culte tant elles est à la fois simpliste mais marquante, tout comme la mise en scène des épreuves souvent de très bonne facture.

Signalons les musiques qui là aussi seront de bonnes qualité, soulignant l'ambiance mystérieuse mais aussi bien glauque de la série qui, il faut le rappeler, n'est pas une série pour enfant. Outre les nombreuses scènes de massacre qui seront légion, on pourra aborder les thématiques qui, si certaines sont assez grossières comme la "justification" du Squid Game qui demeure plus que caricaturale, d'autres s'avèrent bien plus intéressantes comme le trafic d'organes auquel s'adonneront certains gardes en les prélevant directement sur les perdants, même si il faut avouer que là aussi, cela restera sous-exploité.

Le survival culte ?

Ainsi Squid Game est un bon drama, bien qu'au final je lui trouve peu de qualités le faisant sortir du lot, à mon sens il ne mérite pas tout cet engouement. Car outre un scénario on ne peut plus classique ou ses personnages qui peinent à évoluer (bien que certains soient plus attachants que d'autres grâce à une direction d'acteur impeccable), on pourra lui regretter sa conclusion ouverte et ses sous-intrigues inexploitées tout cela dans le but d'aboutir à une deuxième saison qui est loin d'être indispensable. Néanmoins on ne peut nier l'originalité des épreuves ainsi que le travail fait sur la réalisation qui demeure le point le plus fort de l'œuvre.

En bref une saison qui se suffisait à elle-même et dont la suite, espérons le, sera suffisamment réfléchie par son réalisateur pour ne nous faire une La Casa Del Papel bis.