Spartacus
6.7
Spartacus

Série Starz (2010)

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Dans le paysage des séries américaines, si un concept était sorti du lot, c'était bien celui de Rome. Habile mélange de violence, de sexe et d'intrigues intimistes s'entrecroisant avec d'autres plus historiques, la série a réellement été l'une des meilleures que l'on a pu voir ces dernières années. Spartacus, Blood And Sand doit beaucoup au succès de la série précitée (succès qui causa malheureusement sa perte, espérons que le malheur ne se réitérera pas) puisque les même éléments sont de nouveau réunis, mais cette fois pour redonner ses titres de noblesse au péplum. Un peu comme Zack Snyder l'a fait récemment avec son excellent 300. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que Spartacus ne cesse de singer son homologue cinématographique, en proposant notamment des combats de gladiateurs incroyablement gores et jouissifs, utilisant à outrance les effets spéciaux (réussis) que ce soit pour les décors ou pour le sang, qui coule à flot et dans des geysers volontairement exagérés. Les clins d'oeil au film de Snyder ne s'arrêtent pas là, puisque certaines scènes renvoient directement à 300, comme ce plan surplombant deux éclaireurs en train de ramper vers un précipice.

Même le look des Thraces, le peuple de Spartacus, n'est pas sans rappeler celui des Spartiates. Ils portent eux aussi des capes rouges maintenus par des boucles de cuir, qui peinent à masquer leurs muscles impressionnants. Et ce n'est là qu'un des nombreux emprunts au film, puisque l'on retrouve même une scène d'amour entre le héros et sa femme, à la fin de l'épisode pilote, dont la mise en scène et le découpage font furieusement penser à Léonidas honorant la reine Gorgo. Ces incessants clins d'oeil font perdre un peu de son identité à la série, qui semble avoir du mal à trouver son style propre. On nous conte dans un premier temps comment les Thraces s'allièrent aux Romains pour repousser les peuples barbares, avant qu'ils ne soient trahis par leurs nouveaux alliés, plus occupés par la conquête du territoire que par le sauvetage des villages menacés de pillage. Spartacus est alors encore bien loin du meneur révolutionnaire que l'on connaît, ce qui ne l'empêchera pas de s'opposer au légat Romain Titus Glaber. Ce qui causera sa servitude et la vente de sa femme à un marchand d'esclaves. Si cet épisode pilote est très réussi, il reste pourtant assez conventionnel.

C'est dès son arrivée dans le ludus (l'école de gladiateurs) du célèbre Batiatus que la série prend son envol. Les intrigues commencent à naître, les rivalités s'installent, et le sang s'apprête à couler. Notre héros va très vite se faire un ennemi de taille en la personne de Crixus, un Gaulois impressionnant de force et d'habileté dans l'arène, sacré champion de la ville de Capua. Il trouvera également un ami en la personne de Varro, un jeune homme engagé comme combattant afin de payer ses dettes et de subvenir aux besoins de sa famille. S'il est dans un premier temps une véritable source de problèmes pour le ludus, Spartacus va par la suite devenir un gladiateur émérite, grâce à des victoires éclatantes et au soutien de la foule qui le vénère comme un dieu. Pourtant, son véritable dessein est de retrouver sa femme enlevée par les Romains auxquels il avait prêté allégeance. Sans trop vouloir en révéler, les événements tragiques qui vont suivre vont le tourner vers un chemin bien différent. Et c'est l'une des plus grandes réussites de la série, qui forge un personnage fort mais faillible, rageur mais noble, tout en subtilités. L'acteur Andy Whitfield est tout simplement incroyable, et tout à fait capable de rivaliser avec Ray Stevenson, le Titus Pullo de Rome.

Quant aux autres protagonistes, ils ne sont pas en reste puisqu'ils bénéficient eux aussi d'un traitement original. Crixus le Gaulois invaincu, celui que l'on prend pour une brute sans coeur, révélera au final une noblesse d'esprit peu commune, renforcée par un amour profond pour une jeune esclave. Il est joué par une autre révélation, Manu Bennett (The Marine, 30 Jours de Nuit) qui nous ferait presque oublier le héros de la série. Batiatus (joué par John Hannah, vu dans la trilogie La Momie), maître compréhensif et indulgent envers ses gladiateurs, n'est au final qu'un énième salaud motivé par le succès, même si cela doit le pousser à commettre l'impardonnable. Quant à sa femme Lucretia (Lucy Lawless, Xena la Guerrière en personne), on reconnaît dans ses plans cruels et son charme vénéneux une nouvelle Atia (la manipulatrice de Rome). Un seul regret, le personnage de Mira, une belle esclave qui tombe amoureuse de Spartacus, n'apparaît que dans les ultimes épisodes de cette saison, ce qui ne laisse que très peu de temps pour s'y attacher vraiment et proposer une love story intéressante.

Des personnages impeccables en définitive, sublimés par des dialogues efficaces. On en oublierait presque les autres éléments de la série, à savoir le sexe et le sang. Les moeurs de cette époque étant bien plus libérés, la nudité est omniprésente, et il n'est pas surprenant de voir les maîtres avoir des relations avec leurs esclaves. Une sexualité débridée mais rarement gratuite car nécessaire à la compréhension de cette société antique et à l'évolution de certaines intrigues (notamment la liaison de Lucretia). Et enfin, la violence. C'est peut-être là le seul vrai défaut de la série. Si les combats de gladiateurs sont monumentaux, le sang en CGI a tendance à gicler un peu trop fort, ce qui nuit au réalisme des affrontements. On trouve même un personnage quasi surnaturel en la présence de Theokoles, colosse bardé de cicatrices, dont les yeux rouges et l'endurance sont à la limite du fantastique (c'est bien heureusement le seul élément de ce genre dans la série). Toutefois, ce que l'on perd en réalisme, on le gagne en fun. En effet, les combats sont très réussis, avec de nombreux ralentis à la 300 justement, et une musique souvent proche de celle de Tyler Bates (on frôle le plagiat musical lors du combat dans l'épisode 2). Et bon sang, qu'est-ce que c'est gore... On n'avait pas vu ça depuis le combat de gladiateurs à la fin de la saison 1 de Rome, les têtes sont arrachées, piétinées, les gorges tranchées dans des gerbes d'hémoglobine. La série se conclut comme elle a commencé, dans le sang et les larmes, et promet une suite grandiose. Retardé par le cancer de l'acteur principal (dont il s'est remis depuis), la saison 2 est attendue avec impatience.

Deydpool
8
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le 11 mars 2013

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