Le dernier bureau avant l'abattoir

Voilà une série qui commence mal: Dans un bâtiment poussièreux végètent les plus mauvais tocards du renseignement britannique chapeautés par un patron sale, alcolo, vulgaire et branleur comme pas deux. Il faut dire que cette "ferme" est le dépotoir des agents secrets qui ont falli. L'image est grise et le rythme se traine comme un lendemain de beuverie. Le petit dernier arrivé, bien que montré vaillant dans sa tentative (loupée) d'appréhender un terroriste au début de la série se demande ce qu'il fait là. Il en veut à cette équipe de bras cassés d'éviter l'action, l'enquête, bref tout ce qui fait le charme des James Bond. Lui continue ses recherches comme pour tenter d'exister encore. En fait il ne sait pas encore où il a mis les pieds...
L'action va émerger au point qu'à l'issue du 4eme épisode, on est transporté avec frénésie (le mot n'est pas exagéré) dans une enquête louche sur les rapports troubles entre le noble MI5 et cette officine crasseuse qui tente de se dépétrer du piège qui leur a été tendu.
Le scénario est brillant, la cinématographie respecte les classiques du genre "policiers britanniques", et la sombre atmosphère est enrichie par un humour féroce comme les anglais savent si bien l'écrire.
Les acteurs sont particulièrement bien campés (sauf peut-être le jeu de Kristin Scott Thomas qui est à mon avis un peu au-dessous de ce qu'elle sait faire,là, elle n'est pas assez méchante...).
Au fil des épisodes, ces sinistres has been vos révéler leur dons, leur finesse de vue et commencer à briller dans le glauque du décor. Le rythme s'accélère et chaque évènement est piraté par un imprévu qui complique l'intrigue. Où l'on voit les meilleurs disparaitre au milieu de la saison, comme pour nous provoquer, en nous étriquant dans une distribution clairsemée.
Le pauvre kidnappé est confronté à ses ravisseurs, des fachos britanniques qui, mis un part un allumé de première, qui descend tout ce qui bouge, même son boss, se demandent de plus en plus ce qu'ils font dans cette galère...
Par la suite on constate que la rivalité entre MI5 et la bande de nullos tourne au "je te tiens tu me tiens par la barbichette. Le premier de nous deux qui cafte se prendra une bastos" (pardon pour la rime de mirliton). Tout au long de la saison, le cynisme est l'outil le plus utilisé par les protagonistes en chef pour se sortir des situations malsaines. Les autres suivent, sans jamais vraiment comprendre ce qu'ils font. Et quand nous, spectateurs, nous comprenons, nous jubilons.
Une série que j'aurai envie de comparer à l'antique "Line of duty" pour la qualité formelle, mais soupoudrée d'humour anglais.
L'année prochaine, il y aura une saison 2 de cette série, je l'attends déjà. Décidément Apple TV assure cette année!